samedi 21 décembre 2013

B comme Braves



- « Cette croix est érigée à la mémoire d’une compagnie de braves du 329ème R.I. qui reposèrent dans ce coin de terre bénie de 1916 [sic] à 1923. Les deux tombes réunies au pied de la croix doivent rester à perpétuité sur ce terrain acquis par la famille Vallot. »

- Entre Nanteuil-la-Fosse et Sancy-les-Cheminots, entre champs et forêt (lieu-dit « Trou Guérin »  sur les cartes IGN), se trouve un petit cimetière avec une croix et deux tombes : celle d’Alexandre Paul Vallot et celle de Jean-Michel Combe, soldats au 329e RI (22e compagnie ?).



- Après avoir participé à la poursuite des Allemands en repli au mois de mars 1917 (en direction de Margival), le 329e RI est envoyé le 21 avril occuper Sancy et essayer de progresser sur le plateau ; il butte cependant sur la tranchée de la Pertuisane.
- Le 5 mai a lieu la relance de l’offensive Nivelle : des éléments du régiment progressent au-delà de la ferme Mennejean, mais les Allemands parviennent à tenir le choc sur la tranchée de la Rade, prise et reprise dans le courant de la journée. C’est au cours de ces combats que meurt le téléphoniste Combe, 32 ans, originaire de Saint-Etienne, parmi les 81 tués de son unités (il y a aussi 153 blessés).
- Relevé le 17 mai, le 329e revient dans le même secteur quelques jours plus tard. S’il n’y a pas de combats d’infanterie importants, les duels d’artillerie sont permanents. Les canons  allemands se révèlent redoutables. Le 1er juin, ils entrent en action dès 3 heures du matin et bombardent abondamment le ravin de Fruty, le secteur de Mennejean et les tranchées françaises. Deux morts sont à déplorer côté français, dont le parisien Paul Alexandre Vallot, même pas 20 ans, tué dans le bois de la Fontaine froide (face aux carrières de Fruty).



- Nullement indiqué ou mis en valeur, le lieu est aujourd’hui simplement entretenu par l’agriculteur local (?) qui coupe les branches et l’herbe envahissantes.



cote 26 N 752/5 (SHD)

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dimanche 15 décembre 2013

B comme Belges



- Outre la proximité géographique qui a créé de longue date des liens historiques entre la Belgique et l'Aisne et la nationalité de certaines grandes figures bien connues du Chemin des Dames (le père René Courtois par exemple), les Belges sont présents dans la région à plusieurs reprises pendant la première guerre mondiale.

L'exode des civils belges
- Dans les derniers jours d'août 1914, les premiers civils belges en fuite traversent l'Aisne, contribuant à propager dans la population les craintes des exactions allemandes.

- A contrario, les populations en mouvement servent d'argument au chanoine P. de Larminat, professeur au séminaire de Soissons, pour convaincre les civils de Missy-aux-Bois de ne pas partir, le 30 août : « Puis leur montrant le défilé des malheureux Belges je leur demandai si la perspective de suivre ce pitoyable convoi leur paraissait fort enviable et je les exhortai vivement, pour conclure, à rester chez eux. »


Les Belges de la Légion étrangère

- L’Armée belge lutte essentiellement dans les Flandres entre 1914 et 1918. Cependant, on retrouve aussi des jeunes hommes, Belges ou naturalisés, qui combattent au sein de l’Armée française, engagés dans la Légion Etrangère (2e Régiment de marche du 2e Etranger).
- Celle-ci se retrouve autour de Craonnelle à partir de fin octobre 1914 et jusqu’en juin 1915.

- Plusieurs y perdent la vie et certains sont aujourd’hui enterrés à la Nécropole nationale. On peut citer par exemple le caporal Arthur Vandevelde, mort le 30 octobre dès le premier jour aux tranchées, près de Blanc-Sablon


Les Belges et la Reconstruction
- Face à l'ampleur des dégâts et au manque de main d'œuvre locale après 1918, l'appel à l'immigration est massif au Chemin des Dames (comme ailleurs) : des travailleurs belges nombreux viennent ainsi participer à la Reconstruction de l'Aisne et perpétuer un courant humain traditionnel – depuis plusieurs décennies déjà les Belges travaillaient dans la région.
- Même s'ils ne sont pas toujours bien vus des populations locales, ils sont cependant mieux considérés que d'autres immigrés lorsqu'il s'agit de les employer ou de leur vendre certains biens, tels les propriétaires effrayés par la tâche et préférant céder leurs droits aux dommages de guerre « au Belges de préférence » (Robert Attal). « C'est ainsi que des Flamands achetèrent de nombreuses propriétés entre l'Aisne et l'Ailette et plus particulièrement sur le plateau de Craonne » (Stéphane Bedhome). Les nouveaux possédants sont souvent plus ouverts à la modernisation agricole, bousculant parfois des habitudes ou des envies de retour à la situation antérieure.

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samedi 7 décembre 2013

F comme Fuller (William)



http://www.walesonline.co.uk/news/wales-news/lance-corporal-william-fuller---2030213

 - Soldat britannique
- Newbridge (Pays de Galles) 1884 – Swansea (idem) 1974

- Engagé dans l'armée en 1902, William Fuller retourne ensuite dans la vie civile (transportant des troncs d'arbre ou travaillant dans un cinéma) avant d'être rappelé sous les drapeaux en août 1914 au sein du 2nd Battalion du Welsh Regiment.

Source: Paul Kendall
- Le 14 septembre dans un petit bois du vallon de Chivy, il suit à quelque distance le capitaine Mark Haggard, dont il est l’ordonnance (Mark est le neveu du célèbre romancier Henri Ridder Haggard). Lorsque son supérieur est très grièvement touché par une mitrailleuse, Fuller – seul non-blessé du groupe – court au secours de Haggard. Il parvient à le transporter sur quelques dizaines de mètres, lui apporte les premiers soins mais ne peut l'évacuer à cause des combats.  L’officier demande à Fuller de lui redresser la tête alors qu’il le porte afin de pouvoir apercevoir les canons britanniques faire feu sur les Allemands ; il encourage ses troupes sans cesse : « Stick it, Welsh » (difficilement traduisible par « Tenez le coup, Gallois »).

- Après plus d'une heure d'attente, Fuller porte à nouveau son capitaine, cette fois sur un kilomètre jusqu'à une ferme de Vendresse, qui finit anéantie sous les obus en fin de journée (ses occupants évacués, en particulier grâce à Fuller). Haggard meurt le lendemain.
- Pour son courage, William Fuller est le premier Gallois à recevoir la Victoria Cross.


- Devenu Lance Corporal, Fuller poursuit la guerre : il est gravement blessé à la gorge à Ypres fin octobre (à nouveau en portant aide à un camarade) et, après récupération, devient sergent recruteur à Swansea avant d'être libéré de ses obligations pour sa blessure.
- Pendant la convalescence liée à sa blessure, il reçoit la visite de Henri Haggard, oncle du capitaine qu’il a secouru. « L’étude du héros dans sa maison est assez amusante, car il apparaît que dans sa vie privée Fuller a comme intérêt l’élevage de canaris, et qu’il n’a pas une folle envie de retourner se mêler aux joies de la bataille. En bref, il semble avoir eu assez d’elle, et m’informa que son courage n’est plus ce qu’ils était. »



- Ayant sauvé deux enfants de la noyade en 1938, membre du comité de surveillance des bombardiers allemands de Swansea pendant la deuxième guerre, William Fuller décède en 1974 et reçoit des funérailles militaires avec tous les honneurs.
 


- A noter que la capitaine Mark Haggard est aujourd’hui enterré au cimetière britannique de Vendresse.



Sources : Paul Kendall, op. cit.
La fiche de William Fuller sur le site de la Victoria Cross
Voir aussi :

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dimanche 1 décembre 2013

P comme Plateau Triangulaire



Extrait d'une carte du JMO du 7e BCP - septembre 1917 (source SHD)

- Avancée du plateau du Chemin des Dames en direction de l’Aisne, entre Craonnelle et Beaurieux (le château du Blanc-Sablon se trouve sur les flancs sud-est de ce promontoire).
- « P.C. Triangulaire, Bois Triangulaire, – la simple géométrie semble avoir suppléé ainsi dans bien des cas et bien des endroits du front à l’indigence ou à la paresse d’invention des cartographes. Du moins comprenait-on aussitôt que le P.C. Triangulaire occupait un point du plateau qui s’avançait en triangle, en effet, comme une proue de navire, dans la direction de l’ennemi, face à Craonne et Craonnelle. […] Du Plateau Triangulaire, la vue s’étendait en direction de Laon, sur la plaine bouleversée et désertique, que sillonnaient sans cesse, tragique et sinistre feu d’artifice, l’éclair des obus, les jets de fumée des éclatements. » (Franc-Nohain, De la mer aux Vosges)
[NDLA : l’altitude maximale du plateau triangulaire s’élevant à 180 mètres et celle du Chemin des Dames étant au moins identique voire légèrement supérieure, apercevoir la plaine de Laon semble chose improbable ; Franc-Nohain évoque sans doute celle autour de Juvincourt …]

- La zone est française pendant toute la guerre de position, à immédiate proximité des premières lignes. Elle est organisée et fortifiée en fonction ; de nombreux « centres » servent de postes de commandement, tandis que sur les pentes abritées les hommes se reposent ou attendent avant de partir à l’assaut dans des « camps » aménagés pour eux, qui portent selon les périodes des noms très divers.


- En bordure nord du Plateau Triangulaire, là où il forme un isthme qui le relie à celui de Vauclerc, se trouve un lieu fréquemment baptisé « Carrefour de la mort ». Ce lieu stratégique voit se croiser les chemins menant à Beaurieux, Craonnelle, Oulches et Hurtebise ; il est donc essentiel pour les troupes françaises, que ce soit en terme de ravitaillement ou d’évacuations sanitaires. Cependant, à découvert et à la vue des artilleurs allemands qui contrôlent les hauteurs, le « Carrefour de la mort » constitue un emplacement très dangereux à la sinistre réputation …

- C’est là qu’est gravement blessé, pour ne citer que lui, l’ambulancier américain Paul Cody Bentley (13 septembre 1917), qui succombe 6 jours plus tard.


JMO 127e RI - mai 1916 (source SHD)

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