dimanche 29 septembre 2013

W comme Wilson (George)



- Soldat britannique
- Edimbourg 1886 – Edimbourg 1926

- Réserviste, l’écossais George Wilson est rappelé sous les drapeaux en août 1914 et incorporé au 2nd Battalion Highland Light Infantry.

- Le 14 septembre, l’unité britannique essaie de progresser vers le plateau du Chemin des Dames depuis Moussy, à travers les bois qui occupent les pentes de l’éperon de Beaulne. Wilson repère une mitrailleuse allemande qui freine considérablement les progrès des Highlanders ; il la signale à son lieutenant, qui est tué en observant la position en question. Le soldat part alors seul vers la mitrailleuse, mais il tombe sur un groupe de huit allemands qui détiennent deux prisonniers. Il crie alors comme s’il dirigeait une vague d’assaut : “Allez les gars, à l’attaque !” Surpris et apeurés, les Allemands se rendent.
- Wilson et un autre soldat poursuivent vers la mitrailleuse, qui les prend pour cible ; son compagnon est tué (de 17 balles). Il parvient à s’approcher de son but et tue les mitrailleurs les uns après les autres, puis l’officier à la baïonnette. Il retourne l’arme contre les lignes allemandes, doit se replier sous les obus avant de s’évanouir sous le coup de l’effort. Wilson retourne plusieurs fois vers la mitrailleuse, pour l’utiliser puis la ramener vers ses lignes, enfin pour essayer de récupérer le corps de son camarade.
- Le 2nd Highland Light Infantry atteint dans la soirée le Chemin des Dames au-dessus de Courtecon.

- Pour son action (reprise abondamment par la propagande, comme le montrent les nombreuses illustrations célébrant son héroïsme) George Wilson obtient la Victoria Cross, plusieurs témoins attestant de son geste.


- Blessé et gazé à Loos en septembre 1915, Wilson est démobilisé. Il vend alors des journaux à Edimbourg (on le surnomme affectueusement le « Newsboy VC » - « le vendeur de journaux à la Victoria Cross ») et tombe dans l’alcoolisme. Il en vient même à gager sa médaille. George Wilson meurt de la tuberculose juste avant ses 40 ans.


- En 2003, une cérémonie officielle est organisée lorsque une pierre funéraire est placée sur la tombe – jusque-là anonyme – de George Wilson, au Piershill Cemetery d’Edimbourg.




(Source principale : P. Kendall,. Aisne 1914 – The dawn of the trench warfare, pages 188 à 191)

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samedi 14 septembre 2013

S comme Suédois



- La reconstruction du village de Craonne est en grande partie permise par des dons financiers en provenance de Suède, qui permettent notamment d’édifier la mairie, disproportionnée dans un village qui peine à retrouver sa population et à faire bâtir des maisons sur les terrains prévus à cet effet.
- C’est ainsi qu’en 1920, l’Amitié franco-suédoise de Stockholm annonce la signature d’un chèque de 550 000 francs, somme considérable pour l’époque.

- L’origine de cette générosité est difficile à établir.
- Des volontaires suédois combattent dans la Légion étrangère, et sans doute certains ont-ils été présents au cours des années de guerre dans le secteur du Chemin des Dames.
- De plus, « la communauté suédoise protestante parisienne est, avant la Première Guerre mondiale, particulièrement bien implantée » et c’est elle qui lance le mouvement de solidarité : dès avant le fin du conflit, des dons à vocation humanitaire commencent à parvenir à l’ambassade suédoise et aux associations qui lient les deux pays.
- Pour la Suède, il s’agit aussi d’opérer un rapprochement avec la France victorieuse, cependant sans remettre en cause sa neutralité diplomatique.

- L’aide concrète commence à arriver à partir de 1921 ; Herman Stenberg, PDG de la Banque de Berslagen, fait par exemple un don de 5 000 francs pour couvrir en partie le rétablissement de la route de Craonne  à Pontavert.


- Une plaque commémorative est placée dans la mairie de Craonne, qui remercie le gouvernement suédois pour sa générosité.



Source principale : Stéphane Bedhome, Reconstruire le Chemin des Dames, thèse de doctorat soutenu en avril 2012 (pages 360 à 374), consultable en ligne :


Cf. aussi un article de JP Boureux sur la conférence organisée par le même Stéphane Bedhome, qui faisait le point sur ses recherches, lors des journées de Craonne en 2009 :

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dimanche 8 septembre 2013

W comme Ward (George)




- Soldat britannique
- Londres ( ?) 1894 – Oeuilly 1914

- Combattant au sein de 1st Royal Berkshire Regiment dans lequel il arrive le 12 septembre 1914, George Ward franchit l’Aisne le 14 à l’aurore sur un pont flottant à Pont-Arcy. Son unité poursuit la progression vers les hauteurs en s’engageant dans la vallée de Braye-en-laonnois ; elle traverse Moussy puis se dirige vers l’écluse du Moulin Brûlé via la ferme du Metz vers 9 heures. A ce moment-là l’artillerie allemande entre en jeu et bombarde avec une (plus) forte intensité les Britanniques.
- Bien que non atteint, Ward abandonne sa position et se dirige vers l’arrière, arguant d’une blessure auprès du sous-officier qui l’interroge. Il revient dans son bataillon six jours plus tard mais est placé aux arrêts. Jugé le 24 septembre dans une ferme d’Oeuilly, il est condamné à mort pour lâcheté. Chose rare, c’est en fin d’après-midi, vers 18 heures qu’il est exécuté (c’est le deuxième fusillé de la guerre chez les Britanniques). Un témoin affirme que Ward a tenté de s’enfuir au moment où il était amené vers le peloton d’exécution et qu’on dut lui tirer dessus afin de pouvoir l’attacher au poteau. Son cadavre est enterré au cimetière communal d’Oeuilly puis sa sépulture est perdue pendant le cours de la guerre. Le nom de George Ward, mort à 20 ans, figure donc seulement sur le mémorial de La Ferté-sous-Jouarre. La durée de son service, trois jours, est la plus brève de la guerre.


- L’ancien combattant et député Ernest Thurtle utilise notamment ce cas (lettre n°2) lors de sa campagne pour l’abolition de la peine de mort dans l’armée britannique dans son livre Shootings at dawn.



Sources : Paul Kendall, op. cit.

Lire aussi la Lettre du Chemin des Dames n°22

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dimanche 1 septembre 2013

B comme Bois de la Source



- Bois situé au nord-est de Soupir, en direction de la ferme du Metz, à proximité de la chapelle Saint-Pierre.

Bois de la Source visible en bas à gauche de cette carte issue du JMO du 133e RI (source SHD)

- C'est après les attaques allemandes du 31 octobre et du 2 novembre que le petit carré boisé se retrouve en immédiate première ligne, les assaillants contrôlant en amont les plus vastes bois de la Bovette et des Gouttes d'Or.

- « Avant la guerre, c'était toujours la fête dans le bois ; tout ce qui chante et tout ce qui vit venait, aux heures douces, écouter le bruit de l'eau qui glissait sur les mousses. Au petit matin se tenait le cabaret des oiseaux ; aux heures chaudes, les paysans s'y reposaient à l'ombre des noisetiers ; le crépuscule groupait, le long des haies, les perdrix assoiffées d'amour et toutes les bêtes de la nuit y folâtraient au clair de lune. Certains jours de fête, les couples des villages voisins, sous prétexte de puiser l'eau pure de la source s'y donnaient rendez-vous et le bruit des feuilles couvrait discrètement la symphonie des baisers.
Aujourd'hui, à sa lisière, des hommes se sont abrités : ils y ont creusé des trous, face aux bandits terrés dans la forêt. Alors, le bois a changé de langage. Sa source, creusée par les guerriers, tombe avec une plainte sur une pierre grosse comme un tombeau : les balles sifflent dans les ramures et les obus ont cassé, avec des craquements de douleur, les bras des peupliers. […]
Soudain, un cri déchirant suivi d'un silence complet : par l'ouverture béante de sa chair, un blessé laisse tomber sur la terre le sang de son cœur. Et la source vient à lui pour calmer sa fièvre et étancher sa soif.
Petite source bénie, voix du bois et chanson de la terre, tu es la confidente de tous les soldats qui se penchent sur toi. »
(Marmita, journal de tranchée du 267e RI, 7 février 1915)

- Un « boyau de la Source » relie celle-ci à la route Soupir-Moussy en longeant son cours. La tranchée de première ligne est aussi souvent baptisée « du Bois de la Source », mais son nom change parfois, selon les unités présentes.

- Après les premiers combats de l'offensive Nivelle, menée par le 106e RI français (56e DI), le bois de la Source voit s'éloigner la ligne de front lorsque les Allemands se replient sur le Chemin des Dames, le 18 avril 1917.



- Aujourd’hui, la source et le bois existent toujours.

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