lundi 22 mars 2010

E comme Effondrement

(MAJ septembre 2013)


- Terre de creutes, le Chemin des Dames est particulièrement concerné par les effondrements de grottes ou de caves qui touchent les armées au combat, surtout lors des préparations ou lors des batailles les plus intenses.


Les Britanniques, dès septembre 1914

- Cherchant à se maintenir sur l'éperon de Beaulne, l'état-major du 1st Queen's Own Cameron Highlanders s'installe dans une creute sur le versant sud ; celle-ci sert aussi d'infirmerie et de lieu de repos.
- A 7h30 le 25 septembre, un obus allemand explose sur le toit de la carrière, qui s'effondre sans que personne s'en rende compte immédiatement, les troupes combattants 500 mètres plus en avant.
- Plusieurs survivants se trouvent dans le fond. Il leur faut attendre une heure et demie avant que leurs cris soient attendus et que les premiers secours s'organisent : « Quand je revins à moi, ma tête sortait des gravats, mais je ne pouvais pas bouger. Deux hommes vinrent m'aider et finalement vers 10h je pus sortir. » (H. Rosher)
- La situation s'aggrave lorsque plusieurs obus atteignent la creute, tuant notamment un des sauveteurs. Le caporal Mitchell doit ainsi attendre huit heures enseveli – et finalement évanoui – avant d'être secouru.
- Quatre hommes sont secourus ; 29 décèdent dans la creute effondrée. Il faut attendre plusieurs jours pour que leurs corps puissent être récupérés.


(source : Paul Kendall, op. cit., pages 320 à 322)




Chez les Français : la grotte du Petit Bois à la cote 132

- Le 12 janvier 1915, au plus fort de la bataille de Crouy, l’état-major du 60e RI, en difficulté face à l’offensive allemande, se réunit dans la grotte du Petit Bois. Celle-ci est situé en contrebas de la cote 132, cible de l’artillerie allemande depuis que les Français ont réussi à s’y implanter 4 jours plus tôt.

- « Mais vers 9h30, la grotte voisine où se tenait en réserve la 8e compagnie s’écroule sous les coups du bombardement allemand, ensevelissant plus de 60 hommes dont deux prisonniers. Néanmoins, les officiers continuent leur briefing, lorsque vers 10 heures, se produit la seconde catastrophe : l’explosion d’un obus de 21 cm provoque l’effondrement de la grotte PC du Petit Bois où se tenait la réunion. » (F. Beauclerc) Plusieurs officiers sont tués, les plus proches de l’entrée pouvant être sauvés. Dans les heures suivantes, la zone devient allemande.

- En mars 1917, après le retrait sur la ligne Hindenburg, les Français reprennent possession de la grotte. Lorsque la situation est un peu plus calme, en septembre, des fouilles y sont réalisées. Le médecin aide-major de 21e classe Gaston Giraud raconte : « Les crânes sont intacts, à l’exception d’un seul, mais les corps brisés ont gardé l’attitude tourmentée que leur donna, à la première minute, l’éboulement brutal. Le commandant Thibaulot s’est replié sous une avalanche de madriers. Il n’est plus qu’un étroit amas d’ossements, refoulé dans une des encoignures de roches. […] Les uniformes, les képis demeurent très reconnaissables. Les galons dorés ont conservé leur éclat. […] On a retrouvé même dans un retrait un tonnelet encore à moitié plein de vin et les deux lampes à carbure qui éclairèrent les dernières minutes des hommes qui sont là. » Le général Marjoulet fait organiser une cérémonie sur les lieux lors de l’inhumation des dépouilles le 17 septembre.



Source : F. Beauclerc, op.cit., pages 71/72





Les Allemands de la cave de Chevregny

- Les bombardements français sur les positions avant et pendant la bataille de La Malmaison sont particulièrement violents. Ils concernent aussi des villages alentours afin de détourner l'attention ennemie quant aux plans exacts. C'est ainsi que Chevregny, occupé principalement par le 218e régiment d'infanterie de réserve allemand (47e DR), reçoit quantité d'obus.
- Les soldats cherchent désespérément tout lieu pour s'abriter dans le village ruiné: beaucoup se réfugient dans une cave qui a la réputation d'être la plus solide du lieu.
- Repérée, la cave est ciblée et, sans doute entre le 25 et le 30 octobre, reçoit un obus qui pulvérise l'escalier d'accès, tuant plusieurs soldats et bloquant la porte. Tous les occupants de la cave meurent étouffés avant que quelque opération de secours ait pu se mettre en place.
- Bombardements et combats se poursuivent jusqu'au repli allemand sur l'Ailette le 2 novembre, puis le régiment est relevé: rien d'important n'a pu être entrepris pour récupérer corps ou objets personnels.

- Ce n'est qu'en 1928 que les lieux sont (re)découverts par le propriétaire du terrain et que 13 soldats peuvent être identifiés (on ne connaît cependant pas le nombre exact de soldats décédés, aucune enquête officielle véritable n'ayant pu être menée). Ils sont enterrés dans un angle de la nécropole de Crécy-au-Mont.


(source: H. Plote et D. Becquart, Lettre du Chemin des Dames n°25, qui présente de nombreux autres détails des faits et des conséquences de la découverte de 1928)

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