jeudi 24 mars 2011

M comme Météo


Généralités

- « Le climat est froid, le ciel immense est gris, rayé par les lignes parallèles des nuages que le vent du nord accumule et déverse en pluies incessantes sur le sol détrempé pendant de longs mois. On voit, dans les vieux almanachs, ces figures de ciel dessinées par une seule ligne d’horizon d’où monte un vol de corbeaux. Comme ce pays, avec ses neiges, ses vents ronflants sur les plateaux, la moiteur pénétrante des longs hivers humides, parut rude à mon enfance ! »
Gabriel Hanotaux, L’Aisne Dans la Grande guerre




1917

- « L’hiver – le troisième de la guerre – était très dur et il se prolongeait. La pluie et les infiltrations (l’Aisne inondait la vallée) rendaient les tranchées et les terres fangeuses, avec des bourbiers, des cloaques, où l’on s’enlisait. Une humidité dégoulinante trempait la capote, pénétrait les os, glaçait les pieds. Au repos, dans des granges ou des maisons délabrées, on grelottait, on dormait mal, on se morfondait. Les denrées alimentaires étaient rares, les repas chauds irréguliers. Trop de misères déprimaient les corps et trop de déceptions alourdissaient les cœurs. Dans le train d’une existence ensemble réglée et vacante, elles exaspéraient la mauvaise humeur, accentuant l’impatience ou la révolte des uns, éprouvant la résignation des autres, confirmant la volonté courageuse de ceux dont les hautes raisons de vivre, tonifiant ces souffrances mêmes. »
(R.G. Nobécourt, op. cit., page 129)



Avril 1917

- 10 avril : « Le temps qui hier déjà était à la pluie est redevenu très froid : un temps de giboulées avec des averses fréquentes. Quelle malchance ! Il est écrit que la pluie sera de toutes nos offensives, pour gêner l’observation – par conséquent la destruction des ouvrages de défense – et augmenter nos souffrances … […] Le temps s’assombrit de plus en plus, et c’est à croire que la nuit est déjà là. Le ciel roule de gros nuages noirs qui se chevauchent à toute vitesse au-dessus de nos têtes et semblent tout près d’accrocher les cimes des sapins. Nous approchons, et soudain le vent âpre nous jette à la figure des flocons de neige qui tourbillonnent dans une sarabande frénétique. » (J. Tézenas du Montcel, L’Heure H)


- « Il pleuvait, il tombait de la neige pourrie ; on a fait quarante ou cinquante kilomètres dans la boue et dans le noir ; avec l’habitude on y voyait clair. On était des mille à avancer sur de méchantes pistes de rondins. Tout ça se croisait, s’embrouillait. » (Ephraïm Grenadou, 15 avril 1917, cité par A. Loez)

- « Départ à 23 heures. Marche par une nuit noire comme de l’encre, par une pluie battante, par une boue gluante : on marcherait les yeux bandés qu’on ramasserait pas plus de bûches… » (Lucien Laby, le 15 avril 1917)


- « Enfin dans la bruine qui ne cesse pas, un jour sale et bas se lève sur notre droite. Il fait froid ». Vers 8 heures, « le temps est redevenu terriblement froid et après ces deux nuits sans sommeil nous sommes transis par une bise glaciale » (J. de Fontenioux, près de Bourg-et-Comin le 16 avril 1917, cité par A. Loez)

- « En haut il y a une crête, il faut coûte que coûte y arriver. C’est notre point d’arrêt dans le plan ; y parvenir n’est pas chose facile. La température s’en mêle, le ciel s’assombrit et la neige tombe en gros flocons comme en décembre. » (Paul Clerfeuille cité par R. Cazals, 16 avril 1917 vers 7h du matin au-dessus de Craonnelle)



- Le 17 avril, dans les monts de Champagne … « Bientôt c’est une véritable tourmente d’énormes flocons entraînés par un vent violent. […] Le froid est de plus en plus terrible et nous commençons à être trempés. […] J’ai la sensation de ce que doit être la mort par le froid. » (J. Villetard de Prunières, cité par A. Loez)

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