mercredi 12 décembre 2012

D comme Défenses accessoires



- Le 62e RI (22e DI) occupe le secteur du Luxembourg (près d’Hermonville) entre mai et septembre 1916, après avoir connu la bataille de Verdun. Même en période « calme », le bastion du Luxembourg reste une zone sensible et très disputée ; elle est particulièrement pourvue en réseau de barbelés et autres « défenses accessoires ». (Carte d'ensemble)


- Le 5 août, le régiment mène un coup de main sur la première ligne allemande (visant particulièrement un poste avancé) le long du ruisseau du Rabassa, avec comme mission de « ramener des prisonniers morts ou vivants » [sic] et de « rapporter tout matériel trouvé ». Une section de la 11e compagnie est engagée directement : 36 soldats, 4 caporaux et 2 sergents menés par le sous-lieutenant Sergenton (dont le nom est aussi le mot de ralliement) et l’aspirant Le Coënt.
- « Pistolet automatique pour tous, sauf 1 caporal et 6 hommes armés du fusil-baïonnette. 20 soldats porteront une cisaille, 6 une cisaille ; 6 grenadiers avec 16 grenades dans les musettes, les autres soldats 4 grenades dans les poches. Pas de livrets, de papiers, ni d’écussons. Cordes, couteaux. »

- A 4 heures commence le coup de main. « Au même moment, le sous-lieutenant Sergenton entend, du petit poste allemand, le cri de “Verda ?” et un bruit de crécelle. »

- « La troupe parvient d’un bond jusqu’au 2e cheval de frise qui, en raison de son poids et des attaches, résiste à tous les efforts pour le déplacer. Quelques hommes passent par-dessus et par-dessous et se mettent à cisailler au-delà, pour pratiquer un chemin dans un réseau nouveau, bouchant entièrement la suite de la chicane. » Les Allemands réagissent en lançant des grenades depuis le petit poste, leur tranchée et le lit du Rabassa ; les Français répondent par la même arme, le combat dure quelques minute et plusieurs hommes sont blessés des deux côtés.
- « Les cisailleurs, tout en travaillant, signalent que le réseau à couper a encore 8 à 10 mètres de profondeur. » Dès 4h15, le sous-lieutenant Sergenton se rend compte alors qu’il est impossible de parvenir au poste allemand et décide d’un repli en bon ordre, tout en demandant à l’artillerie de viser particulièrement la première tranchée allemande, fortement occupée. Cependant, une patrouille  constate que ce bombardement a peu d’effets sur les défenses adverses ; un troisième est alors ordonné, vers 6h30, sans que l’infanterie intervienne.

- Le coup de main est donc un échec. « En présence d’adversaires en éveil et sous un feu convergent, la troupe d’attaque ne pouvait détruire les défenses accessoires d’une profondeur trop considérable. » Le 62e RI compte 7 blessés, dont l’aspirant Le Coënt.



Source pour les informations et les cartes:
JMO 62e RI (SHD)
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samedi 1 décembre 2012

P comme Présomption



- Le 16 avril 1917, le 3e régiment de Zouaves (37e DI) attaque sur le canal de l’Aisne à la Marne, au nord-est de la Neuville, en direction de la vallée de la Suippe. Comme souvent, les défenses allemandes ne sont pas assez affaiblies et toute avancée est impossible, tandis que les pertes s’accumulent rapidement dans les « groupes clairsemés » (Historique).

- Le 23, le commandant Mondielli, qui prend la direction du 3e Zouaves face à l’indisponibilité du lieutenant-colonel Philippe (tombé gravement malade), écrit :


- « La cause fondamentale de l’insuccès de l’offensive française du 16 avril doit être recherchée dans la confiance excessive que le commandement français avait en ses propres forces, confiance poussée jusqu’à la présomption, et dans un mépris injustifié pour les moyens matériels et moraux de l’adversaire dont la force réelle a été estimée trop au-dessous de sa valeur.
Toute la manœuvre a été montée sans tenir compte de l’ennemi et de ses réactions possibles. Il semble bien qu’on se soit attendu à son départ au Jour J, comme il avait fait dans la région de Noyon. Or, il est resté et s’est défendu, et cette résistance à laquelle nous n’étions pas préparés a surpris et déconcerté le commandement. La troupe a été sacrifiée, en pure perte. » […]

- « C’était une utopie de penser que la même troupe, désillusionnée et affaiblie par les pertes consécutives à la première expérience, serait capable de reprendre l’attaque sans une nouvelle et parfaite préparation. Il semble que le Commandement, en renouvelant à jet continu ses ordres de reprendre l’attaque, ait tenu peu compte du facteur moral et de ce fait que nos troupes, qui sont intelligentes et pleines de bon sens, ont une notion très exacte des réalités et des possibilités de la bataille.
Les hommes, les unités ne sont pas des pions sur un échiquier. Les zouaves ayant échoué, la Brigade Ruses ne pouvait faire mieux, mais que penser de la collaboration en liaison, un instant envisagée, entre deux troupes aussi différentes que les Zouaves et les Russes, ayant des méthodes de combat si particulières et dont les chefs ne pouvaient ni s’entendre ni se comprendre et partant aucunement s’entr’aider. C’était renouveler la confusion de la Tour de Babel. 
Une notion dont il importe de bien se pénétrer, c’est celle de la fragilité de la troupe d’infanterie en face des éléments de destruction de la guerre moderne : canons, mitrailleuses, torpilles. En quelques minutes, un tiers de l’effectif est par terre et cependant les plans d’engagement continuent à prévoir pour chacun des missions importantes à plusieurs kilomètres du point de départ.
Les nuits de bivouac, les mouvements de navette, la boue gluante augmentent la fatigue dans des proportions insoupçonnées de celui qui n’a pas lutté lui-même contre ces éléments de dissociation. 
Celui qui a souffert avec le fantassin peut seul dire avec quelle rapidité peut baisser l’esprit ou la faculté d’offensive d’une troupe à laquelle on a laissé, sous les intempéries, un répit de 24 ou 48 heures, qui ne peut en aucun cas être considéré comme un repos. 
Aussi, quand pour les raisons que nous avons exposées, l’élan d’une troupe a été brisé et l’assaut manqué, il faut courageusement envisager l’échec, se recueillir et recommencer une nouvelle préparation matérielle et morale. »



Rapport complet à retrouver dans le  JMO du 3e Zouaves (source : SHD) :
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mardi 13 novembre 2012

D comme Debacker



- Soldat français
- 18 ? – 19 ?


- Après une longue période d’instruction, le 32e RI (18e DI) est tenu prêt à intervenir le 16 avril 1917 près de Concevreux, mais ne participe finalement pas directement aux combats. Durant plusieurs jours, une certaine incertitude règne : il passe et repasse l’Aisne, bivouaque entre le bois des Couleuvres et Ventelay, avant d’être envoyé à Hourges (près de Fismes), en retrait du front.

- Le 1er mai 1917, alors que le régiment s’apprête à partir vers Chevreux, le soldat Debacker crie devant son supérieur, le sergent Malouet : « A bas la guerre ! Vive l’anarchie ! Vive la révolution ! Si les camarades agissaient comme moi, la guerre serait vite finie. » Son capitaine décide alors de le faire monter en ligne sans arme ; Debacker suit sa compagnie jusqu’à Cuiry-les-Chaudardes puis s’échappe, errant pendant 3 jours autour de Courlandon avant de prendre un train vers Paris. Il est arrêté le 16 mai puis condamné à mort par le conseil de guerre de la 17e DI (Debacker avait déjà été puni de 2 ans de prison en 1916 pour ne pas s’être rendu à son poste).
- Malgré les demandes du général Maistre qui souhaite qu’il y ait une exécution à la 18e DI, le président de la République gracie Debacker (peine commuée en 20 ans de prison), qui lui a écrit une lettre évoquant le fait qu’il s’est engagé avant d’être appelé (« je ne suis pas un anarchiste comme mes propos pourraient le laisser penser »).



Source principale : Denis Rolland, La grève des tranchées, page 54


mercredi 7 novembre 2012

P comme Préfet



 
- Carrière située au nord du fort de La Malmaison, en bordure occidentale du plateau de l’Orme (près de la ferme du même nom)

- Jusqu’en octobre 1917, la carrière du Préfet est allemande.
- Le RICM s’en empare, le 23 octobre, aux premiers moments de la bataille de la Malmaison.
- « Je rassemble rapidement mes hommes et nous parvenons peu après à la carrière du Préfet, ancien poste de secours boche, qui se présente comme un cratère à fond plat et aux pentes abruptes, creusé par l’homme avant la guerre pour l’extraction du grès. La carrière est occupée par une compagnie de porteurs somalis qui sont assis pêle-mêle auprès des charges qu’ils viennent de transporter. Une grande fatigue et une inquiétude constante se lisent sur ces visages café au lait, et leurs criailleries rauques causent un tapage énervant qui donne l’impression du désordre. Au centre de la carrière, on a rassemblé tous les détritus qui encombraient ce lieu en y traînant également quelques cadavres allemands qui, emmêlés dans des positions grotesques, achèvent de pourrir en répandant une odeur nauséabonde. » (René Germain, Il revint immortel de la grande bataille)


- Aujourd’hui, la carrière se trouve en bordure immédiate de la N2 depuis la modernisation de celle-ci.



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