dimanche 11 décembre 2011

R comme Rapaces



- Au nord-est de Braye-en-Laonnois, près de la ferme Malval, existent sur le plateau en 1917 les tranchées de l’Aigle, de la Buse, du Vautour et du Condor (d’autres aussi, avec des noms d’oiseaux qui ne sont pas des rapaces : Pie, Corbeau, Pigeon, Mouette, etc.).

- Lorsque les Français parviennent à progresser – certes lentement et difficilement – dans le ravin des Grelines et le long du canal en direction de Braye-en-Laonnois, dans la deuxième moitié d’avril 1917, le plateau devient la première ligne de défense allemande. C’est alors que ces derniers créent le réseau de tranchées et de boyaux qui parcourent la hauteur afin d’empêcher les assaillants de s’en emparer.


- Le 5 mai a lieu l’attaque combinée des 2e BCP et 79e RI en direction de la ferme Malval (voir ici: ).
La journée aboutit à un partage du plateau entre les belligérants : les Allemands parviennent à conserver l’Aigle, tandis que les Français se sont emparés du Condor et du Vautour. La situation va rester quasiment la même jusqu’au repli allemand du 2 novembre, mais le secteur reste très actif pendant plusieurs semaines.


- Le 14 mai, le 418e RI relève le 160e et le 69e dans ce secteur. Le front n’évolue guère, même si des patrouilles sont envoyées de part et d’autre pour tester la réactivité adverse ; les Allemands attaquent la tranchée du Condor le 3 juin, celle du Vautour le 5, sans résultat. Les pertes sont lourdes dans les deux camps (le 418e est à bout de force selon Guy Pedroncini).
JMO du 418e RI, notamment les cartes


- Le 8 juin, c’est le 74e de ligne (fortement touché par les mutineries) qui prend en charge les tranchées aux noms de rapaces : dès lors se succèdent des journées « calmes », sans combats d’envergure. Artillerie et aviation se montrent fréquemment actives, mais aucune action ponctuelle d’intérêt n’est envisageable sur cette partie du plateau.
- Dans le courant de l’été, la tension diminue, la concentration de troupes aussi par conséquent ; les unités restent plus longtemps, occupant un front plus étendu (le 407e pendant un mois à partir de la mi-juillet, puis le 319e jusqu’au recul allemand).


- Le 23 octobre, alors que l’offensive de la Malmaison se déclenche plus à l’ouest, le 318e régiment mène un coup de main vers la tranchée de l’Aigle (en partant de celle du Vautour) pour faire des prisonniers afin de connaître l’état d’esprit ennemi. Organisée en plusieurs colonnes, la 18e compagnie progresse soutenue par l’artillerie et les unités voisines : « la colonne 3 arrive à la tranchée des Squales où elle reçoit quelques coups de fusil ; les guetteurs allemands fuient ; on trouve un cadavre prêt à être emporté dans une toile de tente, un abri écrasé. La colonne franchit cette tranchée et aborde la tranchée de l’Aigle. Une fusée est lancée à sa gauche ; les grenadiers font barrage derrière les Allemands ; l’un d’eux est fait prisonnier puis la lutte se continue à la grenade et au V.B. La colonne continue à progresser puis bat en retraite et rentre dans nos lignes. » Les colonnes 4 et 5 obtiennent les mêmes succès, parvenant à 50 mètres au-delà de la tranchée avant de revenir dans leurs lignes. Le bilan pour le 319e est de 4 tués, 33 blessés, 4 disparus (JMO).

- Dans les jours suivants, les signes de repli adverse se multiplient. Le 27, après une préparation « sommaire » qui ne permet même pas de détruire les réseaux de barbelés de part et d’autre, les Français partent à l’assaut, « protégés par un feu roulant d’artillerie à la vitesse de 50m à la minute, cisaillent les défenses et s’avancent de trous d’obus en trous d’obus vers les lignes ennemies. La progression est lente en raison de nombreuses difficultés du terrain, mais les vagues atteignent bientôt la première ligne ennemie. » La résistance allemande est acharnée, que ce soit dans la tranchée de l’Aigle ou celle eu Rossignol (3e ligne où les défenseurs sont « massés », « serrés jusqu’au coude à coude ») ; les pertes du 319e sont lourdes – 21 morts, 52 blessés, 44 disparus – et le repli devient obligatoire.
- Le 1er novembre, les patrouilles signalent encore la présence allemande. Le 2, ce n’est plus le cas ; l’Aigle est occupé sans combat, l’Ailette est atteinte en fin d’après-midi. Le lendemain, « les pionniers construisent deux boyaux reliant les anciennes premières lignes. Les tranchées ennemies sont réfectionnées. »

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1 commentaire:

Jeanmi a dit…

J'ai toujours considéré la boucherie de 1914 1918 comme le plus poignant témoignage de l'imbécilité humaine. De plus l'humiliation de l’Allemagne en 1918 débouchera immanquablement sur la barbarie de 1935 1945. Le chemin des dames avec ce si joli nom cache deux batailles féroces à 100 ans d'écart. Je crois que de plus pendant la "bellum gallicum" il y a eu une bataille à cet endroit