Connaître et comprendre le lieu, les hommes, les événements et la mémoire du Chemin des Dames
samedi 24 septembre 2011
C comme Chemin du Facteur
- Chemin de randonnée (à pied, à VTT, etc.) qui traverse la forêt de Vauclerc entre l’abbaye du même nom et le village de Craonne. Il est inauguré à l’été 2011 dans le cadre de la mise en valeur des sites historiques du Chemin des Dames, avec installation de panneaux d’information.
- Le Chemin du Facteur (ou du Vaguemestre selon que l’on pense au temps de guerre ou aux temps de paix) permet de découvrir des sites inédits et/ou mal connus du secteur et de parcourir des tranchées qui firent l’objet de combats farouches entre les deux camps pendant toute l’année 1917 (Sapinières, Gérardmer, Bordeaux).
- Détails du circuit et les aspects pratiques sur le site randonner.fr :
http://aisne.tourinsoft.com/upload/MEDIA_e3bbf519-731c-4206-8e77-0b62c6c280c2.pdf
Lire la lettre du Chemin des Dames n°22 (été 2011) évoquant le chemin :
http://www.chemindesdames.fr/photos_ftp/contenus/LCDD%2022%20web.pdf
Un compte-rendu de la visite guidée (par Yves Fohlen) du 27 août 2011 sur le site du gîte rural de Paissy, La Paisible :
http://www.gite-chemindesdames.fr/actu.html
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mardi 20 septembre 2011
K comme Kaiser Tunnel
- Tunnel allemand pris par les Français en 1917
- Comme d’autres régions du front, le Chemin des Dames possède son « Kaiser Tunnel ». Dans de nombreux documents, il est nommé « Kaisertreu tunnel » (littéralement « fidèle à l’Empereur »).
- Il se trouve à l’est du plateau de Vauclerc, à proximité immédiate du moulin de Vauclerc (aujourd’hui du monument Napoléon). Le tunnel naît dans les premières pentes de la forêt de Vauclerc (au point baptisé « Kaisertreu ») et ressort sur le point haut du plateau, à l’ouest du moulin, près de la tranchée qui porte ce nom.
- En avril 1917, les Français buttent sur les défenses des plateaux de Vauclerc et des Casemates, ne parvenant à progresser que très faiblement. Le tunnel joue alors un rôle essentiel dans l’acheminement des réserves allemandes vers les hauteurs, tandis que les assaillants ne parviennent pas à détruire les entrées.
- Le 5 mai, lors de la reprise de l’offensive Nivelle, le 57e RI (en liaison avec le 123e à sa gauche) progresse sur Vauclerc et parvient après de grosses difficultés à atteindre les limites du plateau, s’emparant donc de l’ensemble des entrées du Kaiser Tunnel. A 18 heures, c’est l’entrée sud qui est en possession de la compagnie Weil ; mais il faut attendre la journée du 6 pour que les Français (avec arrivée du 144e RI) maîtrisent la situation, notamment après avoir réduit les casemates voisines.
- Fin mai, le 152e RI arrive sur le plateau de Vauclerc. Parmi eux le docteur Chagnaud ; « Les hommes, couverts de boue et pitoyables, se recroquevillent dans les niches de glaise, l’arme entre les genoux et enveloppés de leur toile de tente ils demeurent immobiles pour n’être pas repérés par les avions ennemis. Je croise le commandant Thiéry qui, à la vue d’un médecin dans sa ligne le jour d’une attaque, marque sa surprise en restant muet. Ses médecins, Descottes et Fortier, occupent l’extrémité du Kaiser Tunnel. C’est un long couloir creusé par l’ennemi et étayé solidement, avec une voie pour wagonnets et des escaliers tellement raides et étroits qu’il est impossible d’y descendre de grands blessés sur brancards. On y patauge dans une boue liquide et pestilentielle mélangée d’excréments et d’urine. » (Docteur Chagnaud, Avec le 15-2. Journal et lettres de guerre)
- Le 1er juin, Arnaud Pomiro (49e RI) s’installe dans la zone et décrit les lieux sensiblement de la même façon : « Je passe par le fameux tunnel qui nous a fait perdre beaucoup d’hommes. C’est une galerie majeure de 300 m de long où les Boches plaçaient leurs réserves. Il y avait un petit Decauville et la lumière électrique. En ce moment c’est une galerie obscure, très humide, très froide où l’on aperçoit toute espèce de choses : munitions de toutes sortes en pagaille, des sacs à terre, des récipients divers, planches jetées sur le sol formant un chemin étroit au milieu de flaques d’eau produites par des sources. Nous y avons installé – bien sommairement d’ailleurs – deux postes téléphoniques, deux relais de coureurs, le poste de secours du 3e bataillon, une section de canons 37, en tout une trentaine de poilus. Il y a en tout six entrées, deux au sud-est, deux au nord-ouest et deux au centre, toutes dirigées du côté des Boches. » (Les carnets de guerre d’Arnaud Pomiro, page 325)
- Intégré dès lors au système défensif français le Kaisertreu Tunnel joue un rôle important le 27 mai 1918, lorsque le 118e RI l’utilise pour freiner, temporairement, l’irrésistible avancée allemande.
- Le Kaiser Tunnel du Chemin des Dames n’a jamais fait l’objet de travaux de conservation depuis la fin de la guerre et constitue donc aujourd’hui un lieu dangereux.
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- Comme d’autres régions du front, le Chemin des Dames possède son « Kaiser Tunnel ». Dans de nombreux documents, il est nommé « Kaisertreu tunnel » (littéralement « fidèle à l’Empereur »).
- Il se trouve à l’est du plateau de Vauclerc, à proximité immédiate du moulin de Vauclerc (aujourd’hui du monument Napoléon). Le tunnel naît dans les premières pentes de la forêt de Vauclerc (au point baptisé « Kaisertreu ») et ressort sur le point haut du plateau, à l’ouest du moulin, près de la tranchée qui porte ce nom.
- En avril 1917, les Français buttent sur les défenses des plateaux de Vauclerc et des Casemates, ne parvenant à progresser que très faiblement. Le tunnel joue alors un rôle essentiel dans l’acheminement des réserves allemandes vers les hauteurs, tandis que les assaillants ne parviennent pas à détruire les entrées.
- Le 5 mai, lors de la reprise de l’offensive Nivelle, le 57e RI (en liaison avec le 123e à sa gauche) progresse sur Vauclerc et parvient après de grosses difficultés à atteindre les limites du plateau, s’emparant donc de l’ensemble des entrées du Kaiser Tunnel. A 18 heures, c’est l’entrée sud qui est en possession de la compagnie Weil ; mais il faut attendre la journée du 6 pour que les Français (avec arrivée du 144e RI) maîtrisent la situation, notamment après avoir réduit les casemates voisines.
- Fin mai, le 152e RI arrive sur le plateau de Vauclerc. Parmi eux le docteur Chagnaud ; « Les hommes, couverts de boue et pitoyables, se recroquevillent dans les niches de glaise, l’arme entre les genoux et enveloppés de leur toile de tente ils demeurent immobiles pour n’être pas repérés par les avions ennemis. Je croise le commandant Thiéry qui, à la vue d’un médecin dans sa ligne le jour d’une attaque, marque sa surprise en restant muet. Ses médecins, Descottes et Fortier, occupent l’extrémité du Kaiser Tunnel. C’est un long couloir creusé par l’ennemi et étayé solidement, avec une voie pour wagonnets et des escaliers tellement raides et étroits qu’il est impossible d’y descendre de grands blessés sur brancards. On y patauge dans une boue liquide et pestilentielle mélangée d’excréments et d’urine. » (Docteur Chagnaud, Avec le 15-2. Journal et lettres de guerre)
- Le 1er juin, Arnaud Pomiro (49e RI) s’installe dans la zone et décrit les lieux sensiblement de la même façon : « Je passe par le fameux tunnel qui nous a fait perdre beaucoup d’hommes. C’est une galerie majeure de 300 m de long où les Boches plaçaient leurs réserves. Il y avait un petit Decauville et la lumière électrique. En ce moment c’est une galerie obscure, très humide, très froide où l’on aperçoit toute espèce de choses : munitions de toutes sortes en pagaille, des sacs à terre, des récipients divers, planches jetées sur le sol formant un chemin étroit au milieu de flaques d’eau produites par des sources. Nous y avons installé – bien sommairement d’ailleurs – deux postes téléphoniques, deux relais de coureurs, le poste de secours du 3e bataillon, une section de canons 37, en tout une trentaine de poilus. Il y a en tout six entrées, deux au sud-est, deux au nord-ouest et deux au centre, toutes dirigées du côté des Boches. » (Les carnets de guerre d’Arnaud Pomiro, page 325)
- Intégré dès lors au système défensif français le Kaisertreu Tunnel joue un rôle important le 27 mai 1918, lorsque le 118e RI l’utilise pour freiner, temporairement, l’irrésistible avancée allemande.
- Le Kaiser Tunnel du Chemin des Dames n’a jamais fait l’objet de travaux de conservation depuis la fin de la guerre et constitue donc aujourd’hui un lieu dangereux.
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samedi 17 septembre 2011
P comme Pomiro (Arnaud)
- Soldat français
- Bardos (Pyrénées-Atlantiques) 1880 – Capbreton (Landes) 1955
- Instituteur, le sergent Arnaud Pomiro est mobilisé au 175e RI en février 1915, avec lequel il part en Orient pour combattre dans la région des Dardanelles. Après des problèmes de santé, il est rapatrié en France (juillet) puis affecté pendant plusieurs mois à des postes à « l’arrière-front » au sein du 49e RI. Il séjourne alors longuement dans l’Aisne.
- Début avril 1917, Pomiro (devenu sous-lieutenant) est transféré de l’Oise vers la région de Château-Thierry puis, progressivement, vers la vallée de l’Aisne, ce qui lui permet d’assister longuement aux préparatifs de l’opération Nivelle. Le 13, depuis les hauteurs de Dravegny, « j’aperçois au loin tout le front de bataille ; une trentaine de saucisses et pas mal d’avions sont dans l’air. A la jumelle je distingue assez nettement les éclatements des obus. »
- Le 16, le 49e est à Beaurieux mais n’est finalement pas engagé (« l’attaque n’a pas répondu à nos espoirs »).
- Après quelques jours autour d’Arcis-le-Ponsart, Arnaud Pomiro est envoyé en première ligne près de Craonnelle, le 22 avril. Il y reste jusqu’au 11 mai, participant notamment à l’attaque du 5 à partir de la tranchée du Balcon qui progresse et capture de nombreux Allemands « ravis d’être prisonniers ».
- Suivent quelques jours de repos et de permission, où Pomiro prend connaissance des mutineries qui touchent les unités du Tardenois ; puis c’est le retour en première ligne, à Craonnelle, jusqu’au 15 juin. Le 3, les Français repoussent tant bien que mal une violente attaque allemande sur l’ensemble des plateaux au nord du village.
- Vient enfin le jour du départ, le vendredi 15 : « la journée a été accablante et abrutissante par la chaleur et par le bombardement de part et d’autre ; d’ailleurs le dernier jour en secteur produit toujours cette impression. On n’a pas grand-chose à faire et on a hâte de partir. »
- Le régiment est ensuite envoyé dans le nord-est, avant de résister aux Allemands en Picardie en mars puis juin 1918. Arnaud Pomiro revient dans le secteur du Chemin dehttp://www.blogger.com/img/blank.gifs Dames lors de la contre-offensive alliée de septembre autour de Pinon et Chavignon.
- En 1919, il reprend son métier d’instituteur.
Source principale : Les Carnets de guerre d’Arnaud Pomiro (présentés par Fabrice Pappola), éditions Privat, 2006
Voir aussi : http://www.crid1418.org/temoins/2008/08/25/pomiro-arnaud/
- Bardos (Pyrénées-Atlantiques) 1880 – Capbreton (Landes) 1955
- Instituteur, le sergent Arnaud Pomiro est mobilisé au 175e RI en février 1915, avec lequel il part en Orient pour combattre dans la région des Dardanelles. Après des problèmes de santé, il est rapatrié en France (juillet) puis affecté pendant plusieurs mois à des postes à « l’arrière-front » au sein du 49e RI. Il séjourne alors longuement dans l’Aisne.
- Début avril 1917, Pomiro (devenu sous-lieutenant) est transféré de l’Oise vers la région de Château-Thierry puis, progressivement, vers la vallée de l’Aisne, ce qui lui permet d’assister longuement aux préparatifs de l’opération Nivelle. Le 13, depuis les hauteurs de Dravegny, « j’aperçois au loin tout le front de bataille ; une trentaine de saucisses et pas mal d’avions sont dans l’air. A la jumelle je distingue assez nettement les éclatements des obus. »
- Le 16, le 49e est à Beaurieux mais n’est finalement pas engagé (« l’attaque n’a pas répondu à nos espoirs »).
- Après quelques jours autour d’Arcis-le-Ponsart, Arnaud Pomiro est envoyé en première ligne près de Craonnelle, le 22 avril. Il y reste jusqu’au 11 mai, participant notamment à l’attaque du 5 à partir de la tranchée du Balcon qui progresse et capture de nombreux Allemands « ravis d’être prisonniers ».
- Suivent quelques jours de repos et de permission, où Pomiro prend connaissance des mutineries qui touchent les unités du Tardenois ; puis c’est le retour en première ligne, à Craonnelle, jusqu’au 15 juin. Le 3, les Français repoussent tant bien que mal une violente attaque allemande sur l’ensemble des plateaux au nord du village.
- Vient enfin le jour du départ, le vendredi 15 : « la journée a été accablante et abrutissante par la chaleur et par le bombardement de part et d’autre ; d’ailleurs le dernier jour en secteur produit toujours cette impression. On n’a pas grand-chose à faire et on a hâte de partir. »
- Le régiment est ensuite envoyé dans le nord-est, avant de résister aux Allemands en Picardie en mars puis juin 1918. Arnaud Pomiro revient dans le secteur du Chemin dehttp://www.blogger.com/img/blank.gifs Dames lors de la contre-offensive alliée de septembre autour de Pinon et Chavignon.
- En 1919, il reprend son métier d’instituteur.
Source principale : Les Carnets de guerre d’Arnaud Pomiro (présentés par Fabrice Pappola), éditions Privat, 2006
Voir aussi : http://www.crid1418.org/temoins/2008/08/25/pomiro-arnaud/
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