samedi 10 janvier 2009

D comme Drans (Maurice)

- Soldat et écrivain français
- Fresnay-sur-Sarthe 1891 – ?

- Fils de commerçants, il fait des études au Mans. Trois fois blessé au cours de la guerre, il rencontre Georgette Clabault lors d’une permission ; il se fiance avec elle en 1916.

- En 1917, il est au Chemin des Dames au moment de l’offensive Nivelle, dans le secteur de Quincy-Basse puis de Vauxaillon (262e RI).

- Après-guerre, il se sépare de Georgette, mène une vie de bohême et écrit.


- « C’était l’éparpillement macabre du cimetière sans couverture, sans croix, abandonné des hommes, les gisements épars des cadavres innombrables, sans sépultures, le charnier à nu dans le grouillement des vers et dans les pluies d’obus qui continuaient. Plus d’un millier de cadavres se tordaient là déchiquetés, charriés les uns sur les autres … Je traînais de la nuit vers les lignes, mon fardeau de pièces sur le dos ; je défaillais ; dans ma bouche, dans mes narines ce goût, cette odeur ; l’ennemi et le Français sympathisant dans le rictus suprême, dans l’accolade des nudités violées, confondues, mêlées, sur cette plaine de folie hantée, dans ce gouffre traversé de rafales vociférantes. L’Allemand et le Français pourrissant l’un dans l’autre, sans espoir d’être ensevelis jamais par des mains fraternelles ou pieuses. Aller les recueillir, c’est ajouter son cadavre dans cette fosse toujours béante, car insatiable est la guerre … Chaque nuit, nous longeons cette géhenne pétrifiée où s’agitent les spectres, le cœur chaviré, nous bouchant le nez, les lèvres crispées. » (17 mai 1917)

- « Moi je veux être tout seul avec ma Georgette, loin de l’obus, qui ne me tuera pas, loin des nuits d’épouvantement qui s’allongent dans la boue des cadavres, loin des jours infinis de souffrances traversées, des coups d’épée de la mort, loin de la monotonie des ténèbres éternelles, loin de la saleté repoussante, des ordures forcées, de la crevaison de la herse sous la pesée d’un ciel qui n’est plus le ciel. » (18 mai 1917)

(Source : Paroles de Poilus, page 81 et page 132)

Aucun commentaire: