mardi 2 septembre 2008

F comme Froidmont

(MAJ octobre 2011)





- Ferme et creutes situées à quelques hectomètres à l’ouest de Braye-en-Laonnois
- La creute est exploitée du Moyen Âge jusqu’au début du XXe siècle. Elle sert d’abri aux habitants de Braye en cas de menace (en 1814 par exemple).


- Dès 1914, la ferme et la creute jouent un rôle essentiel dans le dispositif des Allemands (qui nomment la carrière « Tauentzien Höhle » du nom d’un général prussien du XVIIIe siècle). Ils construisent notamment un tunnel qui permet de traverser le plateau à l’abri et débouchent sur la vallée de l’Ailette, sous le mont de Confroment, mais aussi de multiples galeries et sorties, des portes antigaz et un réseau électrique.


- A partir du 18 avril 1917, les Français prennent pied sur le plateau de la Croix-sans-Tête, que les Allemands abandonnent pour mieux résister sur la crête : « les Allemands établis dans les creutes de la Ferme Froidmont ont tiré sur nos premières lignes avec de nombreux minens. » (20 avril)
- Le grignotage se poursuit, tranchée par tranchée, boyau par boyau ; le 21, « d’autres reconnaissances s’avancent jusqu’à 200 m au sud de la Ferme de Froidmont et sont pris en écharpe par des feux de mitrailleuses de droite et de gauche et sont obligées de rentrer. »
- La situation se fige ensuite pendant quelques jours, marquée par des duels d’artillerie (tirs de destruction).

- En parallèle, à l’est de Froidmont, les Français progressent jusqu’au tunnel le long du canal de l’Aisne à l’Oise puis s’emparent de Baye-en-Laonnois.


- Le 5 mai, après des reconnaissances dans les heures qui ont précédé, le 67e RI à l’assaut de Froidmont dans le cadre de la relance générale de l’offensive Nivelle.
- « 9 heures du matin. Attaque. Les copains partent en avant comme si c’était à l’exercice, les boches ne tirent pas un coup de mitrailleuse, ils bombardent, mais entre les deux vagues et sur l’arrière. On avance toujours, spectacle inoubliable, nous atteignons Froidmont, les mitrailleuses boches se mettent à cracher, position intenable. On avance sur le chemin des Dames. Beaucoup de prisonniers boches (400) » (Charles-Henri Poizot, dans ses Carnets). C’est la 11e compagnie du 3e bataillon qui « s’est emparée, à 9h15, de la Ferme de Froidmont, en la contournant par l’ouest et par le nord. » Mais le barrage allemand qui se déclenche, associé à la faible avancée au nord de Braye, oblige au repli : la ferme est abandonnée.
- Le 6, on tente à nouveau, en vain, de progresser ; le 7, le 67e est relevé (il perd 489 hommes lors de ces trois journées : 80 tués, 237 blessés, 172 disparus)
(JMO du 67e RI)


- C’est le 106e puis le 156e RI qui lui succèdent. Froidmont se trouve alors exactement sur la ligne de front entre Français et Allemands, au cœur des enjeux dans ce secteur. D’autant qu’on y trouve aussi une source, possession ô combien essentielle aux soldats !
- Le 17 mai, les occupants font mine d’évacuer la ferme ; les Français, méfiants, s’en approchent mais doivent faire face à une violente attaque qui entraîne 2 jours de combats mais change peu la situation initiale.
- Le 19, un « petit poste » (5e et 6e compagnies du 2e bataillon) occupe les ruines de la ferme sous l’orage qui fait dévaler la boue le long des pentes abruptes, parviennent à s’y maintenir. Les soldats du 156e RI sont épuisés, ayant perdu plus de 300 hommes en date du 22 mai et victimes de « troubles intestinaux » et de « pieds macérés » à cause du manque de nourriture, d’eau potable et d’abris.
- Heureusement pour eux, la situation s’améliore légèrement : les combats perdent de leur intensité, la météo s’améliore et des relèves partielles sont organisées jusqu’au retrait complet, le 4 juin.
(JMO 156e RI)



- La tension autour de ce point reste permanente, et les coups de main très fréquents (« Et puis de temps en temps, en haut à gauche, la ferme Froidmont qui s’agite, pousse une colère, fait un accès de fièvre. Les canons déclenchent leur déluge de feu, le ciel son déluge d’eau » - R.G. Nobécourt). C’est par exemple le cas le 22 juin du côté allemand, sur toute l’Epine de Chevregny.
- Il faut attendre le 2 novembre et le repli des Allemands sur l’Ailette pour que le calme revienne un peu autour des ruines de la ferme Froidmont, qui revoit encore passer les deux armées – cette fois-ci plus expéditives dans leurs avancées – en 1918.





- Après la guerre, la ferme de Froidmont n’est pas reconstruite.
- La carrière est aujourd’hui une propriété privée. Ouverte au public jusqu’en 1990, elle a été pillée à plusieurs reprises par des « collectionneurs » peu respectueux et sans scrupules et se trouve aujourd’hui très dégradée.
- Elle a été classée aux Monuments Historiques en novembre 1998, sauvegardée et miseen valeur aujourd’hui par l’association Chemin des Dames (présidée par Gilles Chauwin), ainsi que par Thierry Hardier.
Lettre du Chemin des Dames n°6
- On y trouve en effet un très grand nombre de graffitis et de sculptures faites par les carriers puis les soldats (Allemands, Français mais aussi et surtout Américains)
http://inventaire.picardie.fr/docs/MERIMEEIA02001699.html

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