mardi 20 septembre 2011

K comme Kaiser Tunnel

- Tunnel allemand pris par les Français en 1917

- Comme d’autres régions du front, le Chemin des Dames possède son « Kaiser Tunnel ». Dans de nombreux documents, il est nommé « Kaisertreu tunnel » (littéralement « fidèle à l’Empereur »).
- Il se trouve à l’est du plateau de Vauclerc, à proximité immédiate du moulin de Vauclerc (aujourd’hui du monument Napoléon). Le tunnel naît dans les premières pentes de la forêt de Vauclerc (au point baptisé « Kaisertreu ») et ressort sur le point haut du plateau, à l’ouest du moulin, près de la tranchée qui porte ce nom.

- En avril 1917, les Français buttent sur les défenses des plateaux de Vauclerc et des Casemates, ne parvenant à progresser que très faiblement. Le tunnel joue alors un rôle essentiel dans l’acheminement des réserves allemandes vers les hauteurs, tandis que les assaillants ne parviennent pas à détruire les entrées.
- Le 5 mai, lors de la reprise de l’offensive Nivelle, le 57e RI (en liaison avec le 123e à sa gauche) progresse sur Vauclerc et parvient après de grosses difficultés à atteindre les limites du plateau, s’emparant donc de l’ensemble des entrées du Kaiser Tunnel. A 18 heures, c’est l’entrée sud qui est en possession de la compagnie Weil ; mais il faut attendre la journée du 6 pour que les Français (avec arrivée du 144e RI) maîtrisent la situation, notamment après avoir réduit les casemates voisines.


- Fin mai, le 152e RI arrive sur le plateau de Vauclerc. Parmi eux le docteur Chagnaud ; « Les hommes, couverts de boue et pitoyables, se recroquevillent dans les niches de glaise, l’arme entre les genoux et enveloppés de leur toile de tente ils demeurent immobiles pour n’être pas repérés par les avions ennemis. Je croise le commandant Thiéry qui, à la vue d’un médecin dans sa ligne le jour d’une attaque, marque sa surprise en restant muet. Ses médecins, Descottes et Fortier, occupent l’extrémité du Kaiser Tunnel. C’est un long couloir creusé par l’ennemi et étayé solidement, avec une voie pour wagonnets et des escaliers tellement raides et étroits qu’il est impossible d’y descendre de grands blessés sur brancards. On y patauge dans une boue liquide et pestilentielle mélangée d’excréments et d’urine. » (Docteur Chagnaud, Avec le 15-2. Journal et lettres de guerre)

- Le 1er juin, Arnaud Pomiro (49e RI) s’installe dans la zone et décrit les lieux sensiblement de la même façon : « Je passe par le fameux tunnel qui nous a fait perdre beaucoup d’hommes. C’est une galerie majeure de 300 m de long où les Boches plaçaient leurs réserves. Il y avait un petit Decauville et la lumière électrique. En ce moment c’est une galerie obscure, très humide, très froide où l’on aperçoit toute espèce de choses : munitions de toutes sortes en pagaille, des sacs à terre, des récipients divers, planches jetées sur le sol formant un chemin étroit au milieu de flaques d’eau produites par des sources. Nous y avons installé – bien sommairement d’ailleurs – deux postes téléphoniques, deux relais de coureurs, le poste de secours du 3e bataillon, une section de canons 37, en tout une trentaine de poilus. Il y a en tout six entrées, deux au sud-est, deux au nord-ouest et deux au centre, toutes dirigées du côté des Boches. » (Les carnets de guerre d’Arnaud Pomiro, page 325)



- Intégré dès lors au système défensif français le Kaisertreu Tunnel joue un rôle important le 27 mai 1918, lorsque le 118e RI l’utilise pour freiner, temporairement, l’irrésistible avancée allemande.


- Le Kaiser Tunnel du Chemin des Dames n’a jamais fait l’objet de travaux de conservation depuis la fin de la guerre et constitue donc aujourd’hui un lieu dangereux.

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1 commentaire:

jean-claude a dit…

Bonjour
Pendant la Grande-guerre le village de Méricourt était occupé par les Allemands, le Front étant sur les collines d'Artois-Vimy-Lorette.
L'occupant fit creuser de nombreux ouvrages enterrés sous le territoire de notre commune
Et encore de nos jours des éboulements de galeries engendrent des dommages et font resurgir l'histoire
Félicitations pour votre blog
JC