Connaître et comprendre le lieu, les hommes, les événements et la mémoire du Chemin des Dames
samedi 31 janvier 2009
M comme Martigny-Courpierre
- Village de la rive droite de l’Ailette, aujourd’hui proche du plan d’eau
- 110 habitants
- La commune, qui comprend le village de Martigny et les hameaux de Courpierre et de Chavailles, compte 200 habitants en 1914.
- Elle subit les conséquences de l’occupation allemande pendant toute la guerre.
- Le village est entièrement détruit par les bombardements de 1917 et les combats de 1918. La reconstruction se fait selon les mêmes modalités que dans les autres villages de la zone, notamment en ce qui concerne l’église Saint-Martin. Celle-ci est édifiée, entièrement en béton, entre 1928 et 1933 selon un style art-déco très original.
- Du hameau de Chavailles entièrement détruit on ne rebâtit que la ferme (pas le château).
- La population est plus que divisée par deux (il n’y a que 113 personnes présentes au recensement de 1921, et jamais Martigny-Courpierre ne retrouvera sa population antérieure).
mercredi 28 janvier 2009
M comme Moisy
- Ferme proche de Vauxaillon, sur le plateau qui surplombe le village et sa nécropole
- Le plateau de la ferme de Moisy est allemand entre 1914 et l’automne 1917. La ligne fortifiée Hindenburg y passe (on peut surveiller la vallée de l’Ailette depuis ces hauteurs).
- Le 16 avril 1917, les troupes coloniales du 7e RIC chargées de sa conquête parviennent à l’occuper vers 11 heures mais doivent se replier sous la pression et par manque de soutien en fin de journée. Les combats acharnés se poursuivent dans les jours et les semaines suivants ; les Français parviennent à progresser très légèrement mais sont soumis à d’intenses contre-attaques, les 20 et 21 juin par exemple.
- A partir du mois de juillet, le secteur devient un peu plus calme (surveillé par le 359e RI, celui d’Henri Désagneaux) et n’est pas concerné directement par l’offensive de La Malmaison, en octobre. Les troupes françaises profitent cependant de la poussée générale pour enfoncer le front et le repousser jusqu’à l’Ailette, contrôlant à présent entièrement le plateau de la ferme de Moisy.
- Les Allemands enfoncent les lignes françaises en mai 1918.
- Mais, à partir du 15 septembre, les troupes alliées (6e Bataillon de Chasseurs alpins) reprennent le secteur de la ferme de Moisy et parviennent à y demeurer, malgré les contre-attaques allemandes jusqu’à la fin du mois.
- Entièrement détruite par les combats, la ferme est reconstruite dans les années 1920, notamment grâce à l’aide du CARD.
- Depuis trois générations la ferme de Moisy est dirigée par la famille Doloy ; elle se consacre à la céréaliculture et à l’élevage bovin et porcin.
mardi 27 janvier 2009
M comme Monthenault
- Village de la rive droite de l’Ailette, entre la rivière et le plateau qui la surplombe
- 110 habitants
- Monthenault est aux mains des Allemands pendant tout le conflit. Le village subit de très intenses bombardements français lors des semaines qui précèdent l’offensive sur le Chemin des Dames.
- Le front se rapproche encore à l’automne 1917, l’Ailette séparant à présent les deux camps.
- Monthenault est entièrement détruit en 1918 et reçoit la Croix de guerre en 1920. Sa population chute considérablement (89 habitants au recensement de 1921 contre 134 à celui de 1911).
- La reconstruction s’échelonne jusqu’au début des années 30. L’église Saint-Martin (dont l’architecte est A. Müller) est rebâtie en pierres de taille et en béton, avec des vitraux essentiellement bleus.
http://www.monthenault.com/
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lundi 26 janvier 2009
B comme Brancourt-en-Laonnois
- Village proche d’Anizy-le-Château, sur la rive droite du canal de l’Oise à l’Aisne
- 650 habitants
- Près de 400 personnes voient l’armée allemande occuper leur village au début du mois de septembre 1914.
- Celle-ci transforme alors la zone en ligne de défense redoutable : c’est la ligne Hindenburg, qui passe notamment sur les hauteurs dans les bois à l’Ouest de Brancourt (direction Coucy-le-Château). Plusieurs bunkers encore visibles en témoignent.
- Le village est en effet très proche de la ligne de front, surtout après l’opération Albérich, encore plus quand les Allemands se replient sur l’Ailette à la fin de 1917.
Vue aérienne
- Brancourt-en-Laonnois est libéré en octobre 1918 par le 122e RI.
- Au recensement de 1921, la population a chuté à moins de 230 habitants.
- 650 habitants
- Près de 400 personnes voient l’armée allemande occuper leur village au début du mois de septembre 1914.
- Celle-ci transforme alors la zone en ligne de défense redoutable : c’est la ligne Hindenburg, qui passe notamment sur les hauteurs dans les bois à l’Ouest de Brancourt (direction Coucy-le-Château). Plusieurs bunkers encore visibles en témoignent.
- Le village est en effet très proche de la ligne de front, surtout après l’opération Albérich, encore plus quand les Allemands se replient sur l’Ailette à la fin de 1917.
Vue aérienne
- Brancourt-en-Laonnois est libéré en octobre 1918 par le 122e RI.
- Au recensement de 1921, la population a chuté à moins de 230 habitants.
dimanche 25 janvier 2009
F comme Freinet (Célestin)
- Pédagogue français
- Gars (Alpes-Maritimes) 1896 – Vence 1966
- Célestin Freinet est à l’Ecole normale d’instituteurs à Nice lorsqu’il est mobilisé, en 1915. Il étudie à Saint-Cyr et en sort aspirant. Il combat notamment en Champagne en 1916.
- Le 140e auquel il appartient est au Chemin des Dames, dans le secteur d’Hurtebise, début juin 1917.
- Le 23 octobre 1917, Célestin Freinet est blessé au poumon droit par une balle dans le ravin des Gobineaux, lors de l’assaut marquant les débuts de la bataille de La Malmaison. Il reçoit la Croix de guerre et la Médaille militaire, mais doit rester hospitalisé pendant 4 ans (il garde cependant des séquelles respiratoires jusqu’à sa mort).
- En 1920, Freinet devient instituteur et commence son expérimentation de nouvelles méthodes de pédagogie (qui portera son nom), en partie à cause de son handicap physique qui l’empêche de parler longtemps : il cherche à faire de sa classe un atelier, laissant plus d’autonomie et d’initiatives aux élèves …
- En 1920 paraît Touché. Souvenirs d’un blessé de guerre (réédité en 1996), récit de Célestin Freinet rédigé à partir des notes de ses carnets de campagne.
- « Ma belle canne en serpent que j’avais coupée à Vrigny, je l’ai perdue. Je la cherche désespérément, pressentant l’immense malheur... Oh ! J’en suis sûr, si je l’avais retrouvée, je serais encore comme vous, et je chanterais et je rirais... je ne serais pas un pauvre mutilé.
Je marchais droit devant ma ligne de tirailleurs, regardant, sur la côte en face, monter le 2e bataillon, précédé du feu roulant.
Un coup de fouet indicible en travers des reins: «Pauvre vieux... c’est ta faute... Il ne fallait pas rester devant... tu n’aurais pas reçu ce coup de baïonnette.» J’ai ri - je croyais qu’un soldat m’avait piqué par inadvertance, et je voulais l’excuser - j’aurais voulu cacher ma douleur... je suis tombé... Qu’elle était bête cette balle!
Par le milieu du dos, le sang gicle... Ma vie part avec... je vois la mort s’avancer au galop... Je n'ai pas voulu m'évanouir et je ne me suis pas évanoui... j'ai voulu me lever: j'ai rassemblé toutes mes forces; je n'ai pas bougé... Ma poitrine est serrée dans un étau.
Couché sur le brancard, j'ai senti qu'il pleuvait. L'aéro de la mission rasait le sol. Mon casque est tombé.
Le médecin de bataillon est tout rouge de sang - un boucher. Dans le trou où j'attends un autre crie... on vient... Oh! Que de blessés!...
Je grogne. Les Allemands (affectés au service sanitaire) qui me portent s'arrêtent. Ils cherchent des épingles anglaises pour me couvrir de deux capotes... Ils me remportent le plus doucement possible.
Des tanks énormes vont à la bataille. Un blessé léger s'en va clopin-clopant vers l'arrière... que je l'envie!...
Me voilà revenu à mon point de départ, à 1500 mètres du nouveau front. Que suis-je allé faire là-bas ? »
Voir notamment une page consacrée à la blessure de Freinet
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- Gars (Alpes-Maritimes) 1896 – Vence 1966
- Célestin Freinet est à l’Ecole normale d’instituteurs à Nice lorsqu’il est mobilisé, en 1915. Il étudie à Saint-Cyr et en sort aspirant. Il combat notamment en Champagne en 1916.
- Le 140e auquel il appartient est au Chemin des Dames, dans le secteur d’Hurtebise, début juin 1917.
- Le 23 octobre 1917, Célestin Freinet est blessé au poumon droit par une balle dans le ravin des Gobineaux, lors de l’assaut marquant les débuts de la bataille de La Malmaison. Il reçoit la Croix de guerre et la Médaille militaire, mais doit rester hospitalisé pendant 4 ans (il garde cependant des séquelles respiratoires jusqu’à sa mort).
- En 1920, Freinet devient instituteur et commence son expérimentation de nouvelles méthodes de pédagogie (qui portera son nom), en partie à cause de son handicap physique qui l’empêche de parler longtemps : il cherche à faire de sa classe un atelier, laissant plus d’autonomie et d’initiatives aux élèves …
- En 1920 paraît Touché. Souvenirs d’un blessé de guerre (réédité en 1996), récit de Célestin Freinet rédigé à partir des notes de ses carnets de campagne.
- « Ma belle canne en serpent que j’avais coupée à Vrigny, je l’ai perdue. Je la cherche désespérément, pressentant l’immense malheur... Oh ! J’en suis sûr, si je l’avais retrouvée, je serais encore comme vous, et je chanterais et je rirais... je ne serais pas un pauvre mutilé.
Je marchais droit devant ma ligne de tirailleurs, regardant, sur la côte en face, monter le 2e bataillon, précédé du feu roulant.
Un coup de fouet indicible en travers des reins: «Pauvre vieux... c’est ta faute... Il ne fallait pas rester devant... tu n’aurais pas reçu ce coup de baïonnette.» J’ai ri - je croyais qu’un soldat m’avait piqué par inadvertance, et je voulais l’excuser - j’aurais voulu cacher ma douleur... je suis tombé... Qu’elle était bête cette balle!
Par le milieu du dos, le sang gicle... Ma vie part avec... je vois la mort s’avancer au galop... Je n'ai pas voulu m'évanouir et je ne me suis pas évanoui... j'ai voulu me lever: j'ai rassemblé toutes mes forces; je n'ai pas bougé... Ma poitrine est serrée dans un étau.
Couché sur le brancard, j'ai senti qu'il pleuvait. L'aéro de la mission rasait le sol. Mon casque est tombé.
Le médecin de bataillon est tout rouge de sang - un boucher. Dans le trou où j'attends un autre crie... on vient... Oh! Que de blessés!...
Je grogne. Les Allemands (affectés au service sanitaire) qui me portent s'arrêtent. Ils cherchent des épingles anglaises pour me couvrir de deux capotes... Ils me remportent le plus doucement possible.
Des tanks énormes vont à la bataille. Un blessé léger s'en va clopin-clopant vers l'arrière... que je l'envie!...
Me voilà revenu à mon point de départ, à 1500 mètres du nouveau front. Que suis-je allé faire là-bas ? »
Voir notamment une page consacrée à la blessure de Freinet
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samedi 24 janvier 2009
G comme Gobineaux
- Ravin et ferme proches de l’Ange gardien, en contrebas de la ferme Vauxrains ; le ravin s’ouvre sur le village d’Allemant.
- Les Gobineaux appartiennent à la zone (autour du moulin de Laffaux) que les Allemands fortifient lors de la mise en place de la ligne Hindenburg. C’est un lieu que les Français ne parviennent pas à récupérer en mars 1917, lorsqu’ils croient en un repli plus vaste de leurs ennemis.
- Après l’arrêt de l’offensive Nivelle, un réseau de tranchées parcourt le secteur ; les Gobineaux font partie des plus reculées, la ligne de front étant située près des fermes Mennejean et de Colombe.
- Les Gobineaux se trouvent au cœur de la bataille de La Malmaison, le 23 octobre 1917, lorsque les Français lancent l’assaut sur les lignes allemandes. Jean Giono participe à l’assaut dans les rangs du 140e RI; Célestin Freinet y est blessé, dès le premier jour. A la fin de la journée, cependant, l’objectif français est atteint …
- De violents combats s’y déroulent à nouveau le 14 septembre 1918, lors de la reconquête alliée.
- La ferme des Gobineaux n’est pas reconstruite après la guerre.
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vendredi 23 janvier 2009
G comme Gibeau (Yves)
- Ecrivain français
- Bouzy (Marne) 1916 – Roucy 1994
- Fils de militaire, Yves Gibeau devient journaliste (notamment à Combat).
- L’auteur de plusieurs livres, dont Allons z’enfants en 1952 (dans lequel il raconte la bêtise et la cruauté du milieu militaire), s’installe à Roucy en 1981.
- Antimilitariste, solitaire, il y rassemble des milliers d’objets issus des champs de bataille du Chemin des Dames.
- Il obtient de Noël Genteur d’être enterré dans le cimetière du Vieux Craonne.
(Source principale : Jean-Ypes Dupain dans 1917 Le Chemin des Dames, publié par le CG02, page 52)
- Bouzy (Marne) 1916 – Roucy 1994
- Fils de militaire, Yves Gibeau devient journaliste (notamment à Combat).
- L’auteur de plusieurs livres, dont Allons z’enfants en 1952 (dans lequel il raconte la bêtise et la cruauté du milieu militaire), s’installe à Roucy en 1981.
- Antimilitariste, solitaire, il y rassemble des milliers d’objets issus des champs de bataille du Chemin des Dames.
- Il obtient de Noël Genteur d’être enterré dans le cimetière du Vieux Craonne.
(Source principale : Jean-Ypes Dupain dans 1917 Le Chemin des Dames, publié par le CG02, page 52)
mardi 20 janvier 2009
A comme Aubigny-en-Laonnois
- Village proche de la D 1044, à flanc de plateau.
- 110 habitants
- Un peu plus de 220 personnes vivent à Aubigny-en-Laonnois avant 1914. Elles ne sont plus que 137 au recensement de 1921.
- Dans l’intervalle, le village est occupé par les Allemands, subit d’importants bombardements au printemps 1917 lors de la préparation de l’offensive Nivelle puis des destructions importantes lors des combats d’octobre 1918.
- Le village, la mairie et l’église Saint-Nicolas doivent être entièrement rebâtis, selon le style typique de l’époque.
dimanche 18 janvier 2009
P comme Pertuisane
- Tranchée allemande puis française située au Nord de Sancy-les-Cheminots (une pertuisane est une lance dont le fer se sépare en trois, un peu comme un trident).
- Elle est très proche de la ferme Mennejean, en bordure du plateau qui surplombe Nanteuil-la-Fosse et la carrière Sainte-Blaise. La tranchée de la Pertuisane se dirige ensuite vers la ferme de Colombe.
- En avril 1917, c’est le 329e RI qui est chargé de sa prise.
- Celle-ci se révèle très difficile : après s’être emparé de Sancy et avoir mis pied sur la « plaine de Colombe » (tranchée de l’armure) le 21 avril, il est bloqué par les Allemands sur la Pertuisane.
- Le 5 mai, c’est la grande attaque dans tout le secteur de Laffaux, à laquelle participe le 329e RI, appuyé par 2 batteries de chars. « A 4h45, le bataillon Garceau débouche de ses tranchées et atteint une partie de la tranchée de la Pertuisane. » Mais « le terrain est criblé d’abris de mitrailleuses très bien dissimulés. Après la surprise de notre premier [ bond ? ] il est impossible de bouger. Je suis sans aucune liaison avec la 13e et la 15e [compagnies] qui ne peuvent certainement pas m’envoyer de coureurs. »
Un peu plus tard, « des éléments des 13e et 15e occupent la tranchée de la Pertuisane qui a été prise à la grenade et où de nombreux cadavres boches se trouvent dans les abris. »
(JMO du 329e RI)
- A la fin de la journée, la tranchée est définitivement prise, mais les combats acharnés se poursuivent pour la suivante, celle de la Rade …
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- Elle est très proche de la ferme Mennejean, en bordure du plateau qui surplombe Nanteuil-la-Fosse et la carrière Sainte-Blaise. La tranchée de la Pertuisane se dirige ensuite vers la ferme de Colombe.
- En avril 1917, c’est le 329e RI qui est chargé de sa prise.
- Celle-ci se révèle très difficile : après s’être emparé de Sancy et avoir mis pied sur la « plaine de Colombe » (tranchée de l’armure) le 21 avril, il est bloqué par les Allemands sur la Pertuisane.
- Le 5 mai, c’est la grande attaque dans tout le secteur de Laffaux, à laquelle participe le 329e RI, appuyé par 2 batteries de chars. « A 4h45, le bataillon Garceau débouche de ses tranchées et atteint une partie de la tranchée de la Pertuisane. » Mais « le terrain est criblé d’abris de mitrailleuses très bien dissimulés. Après la surprise de notre premier [ bond ? ] il est impossible de bouger. Je suis sans aucune liaison avec la 13e et la 15e [compagnies] qui ne peuvent certainement pas m’envoyer de coureurs. »
Un peu plus tard, « des éléments des 13e et 15e occupent la tranchée de la Pertuisane qui a été prise à la grenade et où de nombreux cadavres boches se trouvent dans les abris. »
(JMO du 329e RI)
- A la fin de la journée, la tranchée est définitivement prise, mais les combats acharnés se poursuivent pour la suivante, celle de la Rade …
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samedi 17 janvier 2009
C comme Colombe
- Plateau (la « plaine de Colombe » est une avancée du plateau du Chemin des Dames vers Vailly) et ferme situés entre Aizy-Jouy et Sancy-les-Cheminots, au Sud de La Malmaison
- Contrôlé par les Allemands depuis septembre 1914, le plateau de Colombe devient zone de combats dans les premiers jours de l’offensive Nivelle. Un bataillon du 329e RI s’empare de la ferme de Colombe le 21 avril 1917, dans la matinée, après la prise de Sancy, sans trop de difficultés (« Le régiment continue l’exécution de la mission prévue par la note du colonel du 20 avril 1917 2 heures » et s’installe sur le plateau dans la soirée). Source : JMO du 329e RI
- Jusqu’à la bataille de La Malmaison, la « plaine de Colombe » est sur la ligne de front. Elle est un lieu de combats très durs pour s’emparer des hauteurs de Laffaux et de l’Ange gardien.
- C’est le point de départ des soldats français en octobre, qui repoussent la ligne de front sur l’Ailette, plus au Nord.
- La ferme est reconstruite et toujours en activité aujourd’hui.
vendredi 16 janvier 2009
C comme Cavaliers de Courcy
- Levées de terre de part et d’autre du canal de l’Aisne à la Marne, au Nord de Reims, près des villages de La Neuvillette et de Béthény.
- Depuis 1914, les premières lignes français et allemande (tranchée de Berlin) traversent à la perpendiculaire le canal au beau milieu des Cavaliers de Courcy. C’est donc une zone d’escarmouches permanentes.
- Ils marquent l’extrémité orientale de l’offensive Nivelle, le 16 avril 1917, avant le front passif de Reims (et le front actif dès le 17 des Monts de Champagne).
- Dès les premières heures de l’attaque, le 410e RI prend possession des Cavaliers, mais les Français ne progressent pas davantage. Ils sont remplacés par le 409e début mai.
- A la fin du mois de mai, le secteur des Cavaliers de Courcy devient plus tranquille.
« La consigne tacite et respectée dans les deux camps, était de rester calme, dans une sorte de trêve officieuse. C’est ainsi que nous pûmes construire des réseaux de protection, en travaillant hors des tranchées, à côté des Allemands qui s’occupaient de leur côté. L’un d’eux s’étant approché, tendant des cigarettes à nos travailleurs, il fallut le menacer pour qu’il s’éloignât, sans avoir l’air de prendre la menace au sérieux. » (25 juin 1917)
H. Vaubourg, O crux Ave, p. 172 (cité par Y. Prouillet sur le site du CRID)
- Les Cavaliers de Courcy restent disputés jusqu’en 1918 ; ils sont totalement dévastés quand la guerre se termine ...
Cf. le blog du 36e RI pour les combats de 1914 dans cette zone
lundi 12 janvier 2009
D comme Dubrulle (Paul)
(MAJ février 2011)
- « Nous nous étions habitués à vivre repliés sur nous-mêmes, à faire notre devoir, le cœur navré, pour des gens qui n’en étaient pas tous dignes, et voici que tout à coup nos préjugés, comme un voile, tombaient. Nous avions, en cet instant la sensation très vive de la France entière tournée amoureusement vers nous et suivant d’un regard attendri nos souffrances et nos misères. Nous étions confondus et ravis. » (1916, cité par Maurice Barrès)
- Prêtre français
- Isbergues (Pas-de-Calais) 1882 – Craonne 1917
- Prêtre jésuite, Paul Dubrulle est mobilisé au sein du 8e R.I. Il est d’abord présent entre septembre et décembre 1914 autour de la ferme du Choléra et dans le bois de Beaumarais. Entre mai 1915 et février 1916, son régiment revient au Chemin des Dames, toujours dans le même secteur.
- Entre les batailles de Verdun et de la Somme (avril-juillet 1916), Dubrulle – devenu sous-lieutenant – est sur le plateau de Paissy et dans le ravin de Troyon.
- Enfin, dès mars 1917, le 8e R.I vient préparer l’offensive Nivelle entre Aisne et Marne. Le 16 avril, il attaque en direction de Chevreux, à l’est de Craonne. La progression est impossible face aux mitrailleuses du saillant du Tyrol et des bastions de Chevreux. Paul Dubrulle est tué dès les premières heures de la bataille.
- Ses souvenirs sont publiés dans Mon Régiment dans la fournaise de Verdun et dans la bataille de la Somme, qui porte essentiellement sur l’année 1916.
Fiche MPF
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- « Nous nous étions habitués à vivre repliés sur nous-mêmes, à faire notre devoir, le cœur navré, pour des gens qui n’en étaient pas tous dignes, et voici que tout à coup nos préjugés, comme un voile, tombaient. Nous avions, en cet instant la sensation très vive de la France entière tournée amoureusement vers nous et suivant d’un regard attendri nos souffrances et nos misères. Nous étions confondus et ravis. » (1916, cité par Maurice Barrès)
- Prêtre français
- Isbergues (Pas-de-Calais) 1882 – Craonne 1917
- Prêtre jésuite, Paul Dubrulle est mobilisé au sein du 8e R.I. Il est d’abord présent entre septembre et décembre 1914 autour de la ferme du Choléra et dans le bois de Beaumarais. Entre mai 1915 et février 1916, son régiment revient au Chemin des Dames, toujours dans le même secteur.
- Entre les batailles de Verdun et de la Somme (avril-juillet 1916), Dubrulle – devenu sous-lieutenant – est sur le plateau de Paissy et dans le ravin de Troyon.
- Enfin, dès mars 1917, le 8e R.I vient préparer l’offensive Nivelle entre Aisne et Marne. Le 16 avril, il attaque en direction de Chevreux, à l’est de Craonne. La progression est impossible face aux mitrailleuses du saillant du Tyrol et des bastions de Chevreux. Paul Dubrulle est tué dès les premières heures de la bataille.
- Ses souvenirs sont publiés dans Mon Régiment dans la fournaise de Verdun et dans la bataille de la Somme, qui porte essentiellement sur l’année 1916.
Fiche MPF
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dimanche 11 janvier 2009
H comme Hiver
Pas une nouvelle définition.
Juste quelques clichés d'un beau samedi de janvier au Chemin des Dames, par -5 ou -10°.
Un superbe lieu, encore plus mis en valeur par cette fine couche blanche ...
Même si l'on imagine la souffrance que cela pouvait être il y a près d'un siècle, pour eux, qu'on est bien, là-haut ...
Le plateau à Cerny
Panorama de la Royère, avec la chapelle Saint-Berthe et Monampteuil
Vendresse
Le plateau vers Malval
Veslud
L'Aisne près d'Oeuilly
Le canal latéral à Cys-la-Commune
Braye-en-Laonnois
Cerny-en-Laonnois
Tranchées du plateau de Californie
Craonnelle
Hurtebise
Ange gardien
Abbaye de Vauclair
Soupir
Juste quelques clichés d'un beau samedi de janvier au Chemin des Dames, par -5 ou -10°.
Un superbe lieu, encore plus mis en valeur par cette fine couche blanche ...
Même si l'on imagine la souffrance que cela pouvait être il y a près d'un siècle, pour eux, qu'on est bien, là-haut ...
Le plateau à Cerny
Panorama de la Royère, avec la chapelle Saint-Berthe et Monampteuil
Vendresse
Le plateau vers Malval
Veslud
L'Aisne près d'Oeuilly
Le canal latéral à Cys-la-Commune
Braye-en-Laonnois
Cerny-en-Laonnois
Tranchées du plateau de Californie
Craonnelle
Hurtebise
Ange gardien
Abbaye de Vauclair
Soupir
samedi 10 janvier 2009
D comme Drans (Maurice)
- Soldat et écrivain français
- Fresnay-sur-Sarthe 1891 – ?
- Fils de commerçants, il fait des études au Mans. Trois fois blessé au cours de la guerre, il rencontre Georgette Clabault lors d’une permission ; il se fiance avec elle en 1916.
- En 1917, il est au Chemin des Dames au moment de l’offensive Nivelle, dans le secteur de Quincy-Basse puis de Vauxaillon (262e RI).
- Après-guerre, il se sépare de Georgette, mène une vie de bohême et écrit.
- « C’était l’éparpillement macabre du cimetière sans couverture, sans croix, abandonné des hommes, les gisements épars des cadavres innombrables, sans sépultures, le charnier à nu dans le grouillement des vers et dans les pluies d’obus qui continuaient. Plus d’un millier de cadavres se tordaient là déchiquetés, charriés les uns sur les autres … Je traînais de la nuit vers les lignes, mon fardeau de pièces sur le dos ; je défaillais ; dans ma bouche, dans mes narines ce goût, cette odeur ; l’ennemi et le Français sympathisant dans le rictus suprême, dans l’accolade des nudités violées, confondues, mêlées, sur cette plaine de folie hantée, dans ce gouffre traversé de rafales vociférantes. L’Allemand et le Français pourrissant l’un dans l’autre, sans espoir d’être ensevelis jamais par des mains fraternelles ou pieuses. Aller les recueillir, c’est ajouter son cadavre dans cette fosse toujours béante, car insatiable est la guerre … Chaque nuit, nous longeons cette géhenne pétrifiée où s’agitent les spectres, le cœur chaviré, nous bouchant le nez, les lèvres crispées. » (17 mai 1917)
- « Moi je veux être tout seul avec ma Georgette, loin de l’obus, qui ne me tuera pas, loin des nuits d’épouvantement qui s’allongent dans la boue des cadavres, loin des jours infinis de souffrances traversées, des coups d’épée de la mort, loin de la monotonie des ténèbres éternelles, loin de la saleté repoussante, des ordures forcées, de la crevaison de la herse sous la pesée d’un ciel qui n’est plus le ciel. » (18 mai 1917)
(Source : Paroles de Poilus, page 81 et page 132)
- Fresnay-sur-Sarthe 1891 – ?
- Fils de commerçants, il fait des études au Mans. Trois fois blessé au cours de la guerre, il rencontre Georgette Clabault lors d’une permission ; il se fiance avec elle en 1916.
- En 1917, il est au Chemin des Dames au moment de l’offensive Nivelle, dans le secteur de Quincy-Basse puis de Vauxaillon (262e RI).
- Après-guerre, il se sépare de Georgette, mène une vie de bohême et écrit.
- « C’était l’éparpillement macabre du cimetière sans couverture, sans croix, abandonné des hommes, les gisements épars des cadavres innombrables, sans sépultures, le charnier à nu dans le grouillement des vers et dans les pluies d’obus qui continuaient. Plus d’un millier de cadavres se tordaient là déchiquetés, charriés les uns sur les autres … Je traînais de la nuit vers les lignes, mon fardeau de pièces sur le dos ; je défaillais ; dans ma bouche, dans mes narines ce goût, cette odeur ; l’ennemi et le Français sympathisant dans le rictus suprême, dans l’accolade des nudités violées, confondues, mêlées, sur cette plaine de folie hantée, dans ce gouffre traversé de rafales vociférantes. L’Allemand et le Français pourrissant l’un dans l’autre, sans espoir d’être ensevelis jamais par des mains fraternelles ou pieuses. Aller les recueillir, c’est ajouter son cadavre dans cette fosse toujours béante, car insatiable est la guerre … Chaque nuit, nous longeons cette géhenne pétrifiée où s’agitent les spectres, le cœur chaviré, nous bouchant le nez, les lèvres crispées. » (17 mai 1917)
- « Moi je veux être tout seul avec ma Georgette, loin de l’obus, qui ne me tuera pas, loin des nuits d’épouvantement qui s’allongent dans la boue des cadavres, loin des jours infinis de souffrances traversées, des coups d’épée de la mort, loin de la monotonie des ténèbres éternelles, loin de la saleté repoussante, des ordures forcées, de la crevaison de la herse sous la pesée d’un ciel qui n’est plus le ciel. » (18 mai 1917)
(Source : Paroles de Poilus, page 81 et page 132)
vendredi 9 janvier 2009
A comme Aizelles
- Village proche de Corbeny et de la D 1044
- 100 habitants aujourd’hui
- Situé proche d’une route importante, Aizelles subit de fréquentes destructions (par les Russes en 1814 par exemple).
- Le village compte environ 200 habitants quand commence le premier conflit mondial.
- Les Allemands occupent la zone pendant toute la guerre et l’utilisent comme base arrière pour leurs défenses.
- Les Français la bombardent intensément lors de la préparation de l’offensive Nivelle puis dans les semaines qui suivent, quand le front se rapproche de Corbeny.
- Lorsque le 320e RI libère le village le 14 octobre 1918, Aizelles est entièrement détruit par les combats. On met donc en place la société coopérative de reconstruction d'Aizelles, Aubigny, Sainte-Croix, Chermizy et Bouconville (dont l'architecte était A. Bonnet de Paris, et les entrepreneurs désignés Gaston Bernard de Bièvres et Jacques Hesbert).
- La population chute fortement : elle n’est que de 102 habitants en 1921.
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- 100 habitants aujourd’hui
- Situé proche d’une route importante, Aizelles subit de fréquentes destructions (par les Russes en 1814 par exemple).
- Le village compte environ 200 habitants quand commence le premier conflit mondial.
- Les Allemands occupent la zone pendant toute la guerre et l’utilisent comme base arrière pour leurs défenses.
- Les Français la bombardent intensément lors de la préparation de l’offensive Nivelle puis dans les semaines qui suivent, quand le front se rapproche de Corbeny.
- Lorsque le 320e RI libère le village le 14 octobre 1918, Aizelles est entièrement détruit par les combats. On met donc en place la société coopérative de reconstruction d'Aizelles, Aubigny, Sainte-Croix, Chermizy et Bouconville (dont l'architecte était A. Bonnet de Paris, et les entrepreneurs désignés Gaston Bernard de Bièvres et Jacques Hesbert).
- La population chute fortement : elle n’est que de 102 habitants en 1921.
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jeudi 8 janvier 2009
L comme Lefèvre (Pierre Gaston)
- Soldat français fusillé
- Morfontaine (Meurthe-et-Moselle) 1897 – Soissons 1917
- Le 14 août 1914, quelques jours après que son père et son frère ont été fusillés par les Allemands, Pierre Gaston Lefèvre s’engage dans l’infanterie ; il est à peine âgé de 17 ans, a dû franchir les lignes ennemies et tricher sur son âge pour rejoindre l’armée française.
- Blessé en 1915, il est soigné à Lyon.
- Devenu caporal, P. Lefèvre est dans le secteur du Chemin des Dames fin mai 1917 : son régiment (le 109e) transite de campements en campements, depuis Fismes jusqu’aux abords de Soissons, avec comme objectif Margival.
- Le 31 mai 1917, Lefèvre est impliqué dans la mutinerie de Mercin. Il est considéré par ses juges comme un « petit meneur », car il possède une somme de 3 000 francs dont il ne révèle pas la provenance et passe beaucoup de nuits dehors, revenant « dans un grand état d’exaltation » [on sait aujourd’hui d’après son courrier qu’il était un joueur compulsif].
- Le 16 juin, à 4h30, Pierre Gaston Lefèvre est exécuté au Champ de tir, à Soissons. On lui fait signer une lettre dont le texte appelle au patriotisme et à l’obéissance.
- Il est aujourd’hui inhumé au cimetière militaire d’Ambleny.
(Source principale : Denis Rolland, dans 1917 Le Chemin des Dames, publié par le CG02, page 25)
- Morfontaine (Meurthe-et-Moselle) 1897 – Soissons 1917
- Le 14 août 1914, quelques jours après que son père et son frère ont été fusillés par les Allemands, Pierre Gaston Lefèvre s’engage dans l’infanterie ; il est à peine âgé de 17 ans, a dû franchir les lignes ennemies et tricher sur son âge pour rejoindre l’armée française.
- Blessé en 1915, il est soigné à Lyon.
- Devenu caporal, P. Lefèvre est dans le secteur du Chemin des Dames fin mai 1917 : son régiment (le 109e) transite de campements en campements, depuis Fismes jusqu’aux abords de Soissons, avec comme objectif Margival.
- Le 31 mai 1917, Lefèvre est impliqué dans la mutinerie de Mercin. Il est considéré par ses juges comme un « petit meneur », car il possède une somme de 3 000 francs dont il ne révèle pas la provenance et passe beaucoup de nuits dehors, revenant « dans un grand état d’exaltation » [on sait aujourd’hui d’après son courrier qu’il était un joueur compulsif].
- Le 16 juin, à 4h30, Pierre Gaston Lefèvre est exécuté au Champ de tir, à Soissons. On lui fait signer une lettre dont le texte appelle au patriotisme et à l’obéissance.
- Il est aujourd’hui inhumé au cimetière militaire d’Ambleny.
(Source principale : Denis Rolland, dans 1917 Le Chemin des Dames, publié par le CG02, page 25)
mercredi 7 janvier 2009
T comme Teilhard de Chardin (Pierre)
- Homme d’Eglise, philosophe et paléontologue français
- Orcines (Puy-de-Dôme) 1881 – New York 1955
- Prêtre en 1911, il travaille au Muséum d’Histoire naturelle de Paris.
- Entre 1914 et 1919, il est brancardier et aumônier au 8e régiment de zouaves ; sa conduite exemplaire lui vaut plusieurs citations. D’avril à juin 1917, il combat autour de Paissy et d’Hurtebise ; son premier texte publié est Nostalgie du front, en novembre de la même année.
- Après la guerre, il poursuit sa carrière scientifique internationale, tandis que ses relations avec l’Eglise se tendent.
- « Je suis monté, au crépuscule, sur la colline d'où l'on découvre le secteur que nous venons de quitter, et où nous remonterons sans doute bientôt. Devant moi, au-delà des prairies voilées de brume naissante, où les coudes de l'Aisne font des taches laiteuses, la crête dénudée du Chemin des Dames se détache, nette comme une lame, sur le couchant doré, moucheté de Drachen. De loin en loin, une torpille fait jaillir un tourbillon de fumée silencieuse. [...]
L’eau qui blanchit dans la vallée, ce n’est plus l’Aisne : c’est le Nil, dont le miroir lointain m’obsédait jadis comme un appel des Tropiques. Je me crois maintenant assis au crépuscule, vers El-Guiouchi, sur le Mokkatam, et je regarde vers le sud… […]
Ce soir, plus que jamais, dans ce cadre merveilleusement calme et excitant où, à l'abri des violentes émotions et de la tension excessive des tranchées, je sens se raviver, dans leur milieu natif, les impressions déposées en moi par trois années de guerre, le front m'ensorcelle. Et j'interroge ardemment la ligne sacrée des levées de terre et des éclatements - la ligne des ballons qui se couchent à regret, l'un après l'autre, comme des astres biscornus et éteints —, la ligne des fusées qui commencent à monter. Quelles sont donc, enfin, les propriétés de cette ligne fascinante et mortelle ? Par quelle secrète vertu tient-elle à mon être le plus vivant, pour l'attirer ainsi à elle,invinciblement ?[...]
L'expérience inoubliable du front, à mon avis, c'est celle d'une immense liberté. »
(In Aux armées avec les tirailleurs, 1917)
- Orcines (Puy-de-Dôme) 1881 – New York 1955
- Prêtre en 1911, il travaille au Muséum d’Histoire naturelle de Paris.
- Entre 1914 et 1919, il est brancardier et aumônier au 8e régiment de zouaves ; sa conduite exemplaire lui vaut plusieurs citations. D’avril à juin 1917, il combat autour de Paissy et d’Hurtebise ; son premier texte publié est Nostalgie du front, en novembre de la même année.
- Après la guerre, il poursuit sa carrière scientifique internationale, tandis que ses relations avec l’Eglise se tendent.
- « Je suis monté, au crépuscule, sur la colline d'où l'on découvre le secteur que nous venons de quitter, et où nous remonterons sans doute bientôt. Devant moi, au-delà des prairies voilées de brume naissante, où les coudes de l'Aisne font des taches laiteuses, la crête dénudée du Chemin des Dames se détache, nette comme une lame, sur le couchant doré, moucheté de Drachen. De loin en loin, une torpille fait jaillir un tourbillon de fumée silencieuse. [...]
L’eau qui blanchit dans la vallée, ce n’est plus l’Aisne : c’est le Nil, dont le miroir lointain m’obsédait jadis comme un appel des Tropiques. Je me crois maintenant assis au crépuscule, vers El-Guiouchi, sur le Mokkatam, et je regarde vers le sud… […]
Ce soir, plus que jamais, dans ce cadre merveilleusement calme et excitant où, à l'abri des violentes émotions et de la tension excessive des tranchées, je sens se raviver, dans leur milieu natif, les impressions déposées en moi par trois années de guerre, le front m'ensorcelle. Et j'interroge ardemment la ligne sacrée des levées de terre et des éclatements - la ligne des ballons qui se couchent à regret, l'un après l'autre, comme des astres biscornus et éteints —, la ligne des fusées qui commencent à monter. Quelles sont donc, enfin, les propriétés de cette ligne fascinante et mortelle ? Par quelle secrète vertu tient-elle à mon être le plus vivant, pour l'attirer ainsi à elle,invinciblement ?[...]
L'expérience inoubliable du front, à mon avis, c'est celle d'une immense liberté. »
(In Aux armées avec les tirailleurs, 1917)
mardi 6 janvier 2009
L comme Laon
Laon depuis le fort de La Malmaison, si loin si proche ...
- Ville et préfecture du département de l’Aisne
- 27 000 habitants aujourd’hui
- En 1914, Laon est une ville dynamique de par son rôle administratif, judiciaire et sa situation de carrefour de transports. Sa population s’élève à plus de 16 000 personnes.
- Pendant toute la guerre, Laon est aux mains des Allemands. C’est donc la vie d’une ville occupée qu’elle connaît: panneaux de signalisation en allemand, fêtes allemandes, réquisitions, travail forcé, répression et prise d’otages, etc.
- La guerre est très présente : passages de convois de prisonniers, de blessés, hôpitaux (la cathédrale abrite 600 chevaux jusqu’en mars 1917, avant de devenir un lazaret), stocks d’armes et de munitions (qui explosent parfois), bombardements aériens français.
- Les privations sont difficiles et généralisées, et l’on espère avant tout l’évacuation : il y en a 7 au total pendant le conflit.
- En 1917, Laon est l’objectif espéré par beaucoup d’officiers (mais aussi de soldats) du premier ou du deuxième jour de l’offensive Nivelle (« L’aurore du lendemain doit voir le débouché de la cavalerie dans la plaine de Laon et l’occupation par l’infanterie de la ligne Laon-Laniscourt-Anizy-le-Château » - directive du général Mangin avant le 16 avril, citée par Yves Buffetaut) …
- La guerre se rapproche début novembre 1917, avec le repli allemand sur l’Ailette consécutif à leur défaite lors de la bataille de La Malmaison. Plusieurs faubourgs et le quartier général allemand sont alors évacués. Un peu moins de 5 000 Laonnois restent dans la ville et subissent pendant l’hiver une intensification des bombardements français.
- Le 13 octobre 1918, quelques heures après que l’armée française a franchi l’Ailette du côté de Monampteuil, les Allemands évacuent Laon. Les soldats du 25e bataillon de Chasseurs à pied y pénètrent et, dans l’après-midi, le général Mangin y défile sous les acclamations. Quelques jours plus tard, le maire Georges Ermant, amené comme otage au début du mois, est libéré à Vervins.
- Après guerre, la population laonnoise revient et la ville profite de l’exode rural qui touche toute la zone (19 000 habitants au recensement de 1921). Les destructions sont assez peu importantes : la cathédrale Notre-Dame, par exemple, est relativement épargnée.
- Les hôpitaux militaires allemands fonctionnent jusqu’en 1920 pour les blessés intransportables et pour les prisonniers de guerre.
- On trouve à Laon deux nécropoles allemandes, celle du plateau Saint-Vincent ayant été supprimée en 1920 (située près des hôpitaux, dans la ville haute, elle est jugée trop ostentatoire).
- La première, dite de Laon « Bousson », est créée en 1917 : elle comprend 2 653 corps, dont certains transférés par les Français après 1918 provenant de divers petits cimetières environnants.
- La deuxième, Laon « Champ-de-manœuvre » (3 487 corps), est aménagée par les autorités françaises après 1920 près d’un ancien terrain militaire et reçoit les tombes allemandes de la ville haute et d’autres lieux.
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lundi 5 janvier 2009
A comme Arnold (Paul)
- Soldat français
- Lille 1896 – Craonne 1917
- Etudiant, Paul Arnold vit avec sa famille à Grenade (Haute-Garonne) quand la guerre se déclenche.
- Il est incorporé en 1915 et devient aspirant un an plus tard au 8e RI.
- Paul Arnold meurt, tué par l’explosion d’une grenade, dans l’attaque du bastion de Chevreux, près de Craonne, le 16 avril 1917.
- « Il y a des enfants qui partent avec pour tout manteau la pluie sur leurs épaules, avec la pluie dans leurs pensées … et qui, tout seuls, vont s’endormir au bord des routes, pour toujours … »
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- Lille 1896 – Craonne 1917
- Etudiant, Paul Arnold vit avec sa famille à Grenade (Haute-Garonne) quand la guerre se déclenche.
- Il est incorporé en 1915 et devient aspirant un an plus tard au 8e RI.
- Paul Arnold meurt, tué par l’explosion d’une grenade, dans l’attaque du bastion de Chevreux, près de Craonne, le 16 avril 1917.
- « Il y a des enfants qui partent avec pour tout manteau la pluie sur leurs épaules, avec la pluie dans leurs pensées … et qui, tout seuls, vont s’endormir au bord des routes, pour toujours … »
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dimanche 4 janvier 2009
A comme Albérich (opération)
- Opération allemande (16-19 mars 1917) qui consiste en le repli sur la ligne fortifiée Hindenburg (ou Siegfried) dans le but de diminuer la taille du front à défendre (Alberich est un nain malicieux, sorcier légendaire de la mythologie germanique).
- A la mi-février 1917, les habitants de la zone comprise entre le front et la ligne de repli sont évacués ; une seule valise par personne est autorisée. Les hommes valides et les femmes sans enfant partent en train vers Hirson, dans le nord de l’Aisne, afin d'y travailler pour les Allemands. Enfin, avant de se replier, ceux-ci entreprennent le pillage puis la destruction systématique de la région : maisons, puits, arbres fruitiers (ce qui choque beaucoup les poilus, pour la plupart paysans). Même le château de Coucy est dynamité. Rien ne doit pouvoir être utilisé par les Français.
Merci à JF Viel pour ce très précieux document ...
- A la mi-février 1917, les habitants de la zone comprise entre le front et la ligne de repli sont évacués ; une seule valise par personne est autorisée. Les hommes valides et les femmes sans enfant partent en train vers Hirson, dans le nord de l’Aisne, afin d'y travailler pour les Allemands. Enfin, avant de se replier, ceux-ci entreprennent le pillage puis la destruction systématique de la région : maisons, puits, arbres fruitiers (ce qui choque beaucoup les poilus, pour la plupart paysans). Même le château de Coucy est dynamité. Rien ne doit pouvoir être utilisé par les Français.
Merci à JF Viel pour ce très précieux document ...
K comme Kanaks
En 1915, le gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, Jules Repiquet, décide que le décret sur le recrutement des Tirailleurs sénégalais s’applique aussi aux Kanaks, les populations autochtones confinées depuis 60 ans dans des réserves et soumises au régime de l’indigénat. Les recrutements sont souvent violents, et une grande révolte éclate en 1917, réprimée férocement.
Ainsi se constitue le bataillon des Tirailleurs du Pacifique (comprenant 1 078 Kanaks), devenu Bataillon mixte du Pacifique après adjonction de soldats polynésiens. Ils ne forment pas une unité à part mais servent comme troupes supplétives : grenadiers, brancardiers, etc. Après quelques semaines de formation dans le sud de la France (Boulouris dans le Var), le BMP accompagne la 72e DI en Champagne
Ils sont à Cerny-en-Laonnois pendant l’été 1917 (6e Régiment d’Infanterie Coloniale), puis prennent part aux combats de la contre-offensive alliée de 1918, sur l’Ailette par exemple (418e RI). 382 Kanaks sont morts ou portés disparus (plus de 35% des engagés, soit le taux le plus fort des troupes indigènes françaises).
Leurs témoignages montrent une nette « volonté de se battre » (notamment par respect de la parole donnée, beaucoup de combattants appartenant à des clans proches des Français), une très grande foi chrétienne, un rapport très proche à la nature, mais aussi une incompréhension des formes que prend cette guerre.
Après guerre, ils sont ramenés en Nouvelle-Calédonie et l’indigénat « les fait retomber dans l’oubli ». Aucune revendication nationaliste ne s’ensuit, mais tous les anciens tirailleurs refusent la nationalité française lorsqu’elle leur est proposée, en 1925.
Source: Sylvette Boubin-Boyer, « Des Tirailleurs kanaks au Chemin des Dames », dans N. Offenstadt (dir.), op. cit., pages 244 à 248
Ainsi se constitue le bataillon des Tirailleurs du Pacifique (comprenant 1 078 Kanaks), devenu Bataillon mixte du Pacifique après adjonction de soldats polynésiens. Ils ne forment pas une unité à part mais servent comme troupes supplétives : grenadiers, brancardiers, etc. Après quelques semaines de formation dans le sud de la France (Boulouris dans le Var), le BMP accompagne la 72e DI en Champagne
Ils sont à Cerny-en-Laonnois pendant l’été 1917 (6e Régiment d’Infanterie Coloniale), puis prennent part aux combats de la contre-offensive alliée de 1918, sur l’Ailette par exemple (418e RI). 382 Kanaks sont morts ou portés disparus (plus de 35% des engagés, soit le taux le plus fort des troupes indigènes françaises).
Leurs témoignages montrent une nette « volonté de se battre » (notamment par respect de la parole donnée, beaucoup de combattants appartenant à des clans proches des Français), une très grande foi chrétienne, un rapport très proche à la nature, mais aussi une incompréhension des formes que prend cette guerre.
Après guerre, ils sont ramenés en Nouvelle-Calédonie et l’indigénat « les fait retomber dans l’oubli ». Aucune revendication nationaliste ne s’ensuit, mais tous les anciens tirailleurs refusent la nationalité française lorsqu’elle leur est proposée, en 1925.
Source: Sylvette Boubin-Boyer, « Des Tirailleurs kanaks au Chemin des Dames », dans N. Offenstadt (dir.), op. cit., pages 244 à 248
samedi 3 janvier 2009
C comme Cros (Jean-Louis)
- Soldat français
- Saint-Pons (Hérault) 1878 – Craonnelle 1917
- Avant guerre, Jean-Louis Cros est receveur des Postes à Rieucros, dans l’Ariège.
- Le 16 avril 1917, il participe à l’offensive sur la tranchée du Balcon (au-dessus de Craonnelle) en tant que sous-lieutenant au 201e RI (celui de l’aumônier Liénart). Il reçoit un éclat d’obus.
- Père de 3 filles, le sous-lieutenant Jean-Louis Cros meurt dans un trou d’obus avec à la main la dernière lettre qu’il vient d’écrire à sa famille.
- « Chère femme et chers parents et chers tous
Je suis bien blessé. Espérons que ce ne sera rien. Elève bien les enfants chère Lucie. Léopold t’aidera si je ne m’en sortais pas. J’ai une cuisse broyée et suis seul dans un trou d’obus. Je pense qu’on viendra bientôt me sortir. Ma dernière pensée va vers vous. »
(source : Paroles de Poilus, page 166)
- NB : dans la 2e édition de Paroles de Poilus et dans le numéro spécial 1917 – Le Chemin des Dames du CG02, Jean-Louis Cros est prénommé Jules.
- Saint-Pons (Hérault) 1878 – Craonnelle 1917
- Avant guerre, Jean-Louis Cros est receveur des Postes à Rieucros, dans l’Ariège.
- Le 16 avril 1917, il participe à l’offensive sur la tranchée du Balcon (au-dessus de Craonnelle) en tant que sous-lieutenant au 201e RI (celui de l’aumônier Liénart). Il reçoit un éclat d’obus.
- Père de 3 filles, le sous-lieutenant Jean-Louis Cros meurt dans un trou d’obus avec à la main la dernière lettre qu’il vient d’écrire à sa famille.
- « Chère femme et chers parents et chers tous
Je suis bien blessé. Espérons que ce ne sera rien. Elève bien les enfants chère Lucie. Léopold t’aidera si je ne m’en sortais pas. J’ai une cuisse broyée et suis seul dans un trou d’obus. Je pense qu’on viendra bientôt me sortir. Ma dernière pensée va vers vous. »
(source : Paroles de Poilus, page 166)
- NB : dans la 2e édition de Paroles de Poilus et dans le numéro spécial 1917 – Le Chemin des Dames du CG02, Jean-Louis Cros est prénommé Jules.
vendredi 2 janvier 2009
C comme Craonnelle
- Village situé à quelques hectomètres de Craonne
- 120 habitants aujourd’hui
- Avant la guerre, Craonnelle compte près de 220 habitants ; sa population est en baisse depuis un siècle.
- Envahie par les Allemands, Craonnelle est reconquis difficilement par les Français. Le front se stabilise à sa proximité.
- Encore presqu’intact en 1915, le village est entièrement détruit lors des combats liés à l’offensive Nivelle. En effet, Craonnelle est au cœur de l’offensive du 16 avril 1917 vers le plateau de Vauclerc, qui passe notamment par la prise de la tranchée du Balcon, au nord (201e, 273e et 33e RI). Les combats se poursuivent pendant des semaines dans les environs du village, jusqu’à la prise du plateau à la fin de l’été.
- A partir de Craonnelle, le génie français a construit pendant la guerre le tunnel Bugeaud, qui traverse de part en part le plateau du Chemin des Dames.
- Seuls 57 habitants vivent à Craonnelle lors du recensement de 1921 ; ils sont 116 cinq ans plus tard et 136 en 1931, mais jamais la population antérieure n’est rattrapée.
- Le village est reconstruit selon les principes en vigueur dans la région, avec des bâtiments à l’architecture typique de ces années d’après-guerre.
- A l’entrée du village se trouve la nécropole militaire : 3 910 français (dont 1 884 en ossuaire), 24 anglais (7 seulement identifiés) et 2 belges. A l'origine ce cimetière a été aménagé pendant la guerre à proximité d'un poste de secours; on y a ensuite entrepris des travaux de rassemblement en 1920. Ainsi, cette nécropole regroupe aujourd’hui les morts des combats du plateau des Casemates et du plateau de Californie, ceux des postes de secours de Craonnelle, des Flandres à Oulches, de Vassogne, de Jumigny, de Craonne, du Moulin de Vauclair, etc.
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