vendredi 20 août 2010

D comme Débris



- Le 16 avril 1917 à 6h, le 208e Régiment d’infanterie français attaque vers les bastions de Chevreux et la tranchée de Lutzow ; « avant la fin de la journée, il n’en restera plus que des débris » (R.G. Nobécourt, page 148).


- Depuis le début de la guerre, le 208e RI a déjà beaucoup souffert : il a perdu 50% de ses effectifs dans la Somme et a dû être – une première fois – reconstitué ; ses pertes ont à nouveau été terribles en février 1917 lors d’une violente attaque vers Maisons de Champagne.

- Après quelques jours à Dormans, le régiment arrive sur l’Aisne à la fin mars (« le village de Concevreux est bombardé par obus de gros calibres »). Le 9 avril, il se porte dans le bois de Beaumarais pour y organiser l’offensive.
- L’artillerie française prépare elle aussi l’attaque, mais les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances : dès le 11 avril, d’abord, la réaction allemande est virulente (qui tente même un coup de main sur les positions françaises). De plus, le 15, « l’officier de renseignements ainsi que les officiers observateurs du Régiment signalent que des mitrailleuses allemandes placées dans des abris bétonnés existent toujours dans le Bois en Mandoline face au secteur du 208e ; les abris de ces mitrailleuses n’ont pas été démolis par notre artillerie. »
- Le même jour, le chef du 5e bataillon, le commandant Le Dantec, disparaît alors qu’il est en reconnaissance avec les calques de l’attaque (son corps est retrouvé le 16).

- Le 16, dès la première tranchée, « les mitrailleuses allemandes se dévoilent et nous causent de grosses pertes » ; des soldats parviennent à la franchir cependant, mais « se trouvent isolés et dès lors aucune liaison ne peut être établie avec eux. » « Les éléments du 208e n’ayant pu gagner la tranchée allemande restent terrés dans les trous d’obus. Les mitrailleuses allemandes ne cessent de tirer sur tout homme qui lève la tête. Quelques blessés reviennent en rampant. Certains d’entre eux prétendent avoir été blessés à l’entrée du village de Corbeny ; aucun autre renseignement ne peut être recueilli. »
- Aucune progression n’est possible, le régiment doit même recevoir le soutien des 6e et 27e bataillons de chasseurs pour assurer la défense de sa première ligne sur laquelle il s’est replié ; ceux-ci échouent aussi dans leur attaque le lendemain. « Le champ de bataille est transformé en un véritable cimetière » (Historique du régiment). Le 18, le 208e RI est relevé et se rend près de Ventelay.


- Le 19, « réorganisation sommaire du régiment ». Le bilan est terrible ; chez les officiers, on compte 1 mort, 9 blessés et 34 disparus ; chez les hommes de troupe, 18 tués, 335 blessés et 801 disparus (« dont 250 présumés tués ») : 1 198 au total.
- André Zeller, qui assiste le régiment en tant qu’artilleur, écrit dans ses mémoires : « Corbeny a vu la mort du 208e RI ».



- Après une longue période de repos, de reconstitution et d’instruction, le 208e RI est à nouveau engagé à partir d’août dans les Flandres. Il revient brièvement dans le bois de Beaumarais à la fin du mois de mars 1918.





Source principale : JMO du 208e RI (les citations en sont issues, sauf indication)
Yves Fohlen dans la Lettre du Chemin des Dames n° 18

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