- Les échanges
et « fraternisations » ponctuels et brefs sont fréquents entre
belligérants, que ce soit à l’occasion d’événements particuliers, pour tenir
compte de facteurs extérieurs tels le climat ou après des combats
particulièrement sanglants. L’échange évoqué ici intervient dans un contexte
beaucoup plus banal (la source est le JMO de la 137e Brigade – SHD).
- Depuis la
fin de 1914, le 287e RI occupe la région de Chassemy, surveillant
notamment l’Aisne au sud de Vailly, qui est occupé depuis quelques semaines par
les Allemands (probablement du 8e Régiment – 5e Division).
- Après les
combats de l’automne, le secteur est devenu « calme », mais il
convient de préciser que pendant ces journées et ces nuits du début de 1915, les
accrochages sont fréquents, les morts et blessés nombreux dans les deux camps,
chacun essayant de contrôler les points stratégiques le long de l’Aisne et du
canal qui la jouxte. Celui qui nous intéresse ici est le « pont des
cultivateurs » (il existe toujours : point coté 51 à l’ouest de
Vailly sur les cartes 1/25 000 actuelles), en bordure sud duquel se trouve la
ballastière utilisée pour le CBR.
- 1er
février 1915 : « Dans la nuit
une patrouille du 287e trouve du côté est de la ballastière un
poteau portant l’inscription suivante : “Changez des journaux avec nous
par ici.” Le général [Ditte]
décide de leur donner satisfaction en principe à condition de choisir les
journaux qui leur seront envoyés et d’empêcher toute communication avec les
patrouilleurs allemands. »
- Par
conséquent, le 3, « vers la
ballastière de Vailly, un paquet de journaux est déposé pour être enlevé par
les Allemands. »
- Le 25, « une patrouille rapporte des journaux
allemands qui avaient été accrochés au poteau de la ballastière à la place des
journaux français enlevés. »
- La zone
devient encore plus disputée après cette date, rendant les échanges autres que
violents très difficiles. Le 287e parvient à reprendre le contrôle
de la ballastière et les affrontements se reportent sur le pont des
cultivateurs. En avril, ce sont les Allemands qui prennent le dessus ; le
19, une patrouille chargée de détruire des réseaux de barbelés français doit se
replier mais n’oublie pas de laisser sur un piquet un exemplaire du Journal des Ardennes. Progressivement,
la ballastière devient possession allemande, qu’ils aménagent défensivement (leur
tranchée de première ligne, portant ce même nom, sera par la suite établie
quelques hectomètres en avant). Les échanges de journaux ne sont plus évoqués
officiellement.
- A noter que
non loin de là, dans la boucle de la Vesle, les Français – toujours le 287e
RI – aperçoivent le 21 avril « un
mannequin revêtu de vêtements de femme déposé le long de la Vesle à 400m
environ du poste [de garde]. Des
journaux allemands et 1 exemplaire du Journal des Ardennes donnant une liste des prisonniers français
sont trouvés au pied du mannequin. »
Pour information: JMO 287e RI (SHD), qui n'évoque pas ces échanges.
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