- Le 16
septembre 1914, la 38e Brigade d’infanterie (41e et 70e
RI, de la 19e DI) est transférée des abords de Reims vers Beaurieux
pour faire face aux tentatives offensives allemandes. Mise à disposition du 18e
CA, elle reçoit immédiatement ses ordres.
- « A la tombée de la nuit, le bruit court
que la brigade va faire une attaque de nuit sur Craonne que les Boches ont
repris ce soir à 17 heures. On ne sait rien de sûr ; mais il doit
certainement y avoir quelque chose de vrai dans ce bruit ; les musiques
des deux régiments reçoivent l’ordre de donner un petit concert. On réunit sept
à huit musiciens ; ce sont tous ceux qui ont encore leurs instruments en
bon état. Tous les autres ont perdu les leurs ou les ont détériorés. On joue
comme on peut les refrains connus : “Auprès de ma blonde ! Sambre-et-Meuse !”
Un cercle de têtes entoure notre petit orchestre ; quelques clairons
accourent et accompagnent la musique de notes claires. La joie revient dans
tous les cœurs, malgré le danger de l’attaque qui se prépare ; on surprend
plus d’un soldat qui vérifie si sa baïonnette tient solidement au bout de son
fusil. La nuit est tombée maintenant ; la plaine s’éclaire de mille feux. Je
vais toucher nos vivres au convoi de ravitaillement dont les fourgons
s’alignent dans la rue de Beaurieux. Tout le monde est en joie, on chante, on
siffle, on s’amuse. Soudain deux obus s’abattent en plein dans le milieu du
village, suivis de deux autres aussitôt après. Les Allemands ont sans doute
entendu notre concert ; en tout cas, ils voient certainement la lueur des
feux des deux régiments. On entend le cri : “Eteignez les feux !” En
quelques secondes, l’ordre a passé de bouche en bouche ; une minute après,
c’est l’obscurité la plus profonde. Le bombardement s’arrête là. »
Source :
Docteur Georges Veaux, « En suivant nos soldats de l’Ouest », article
de Ouest-Eclair, 17/02/1917
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