Le contexte
- En mars
1917, alors que se prépare l’offensive Nivelle, l’état-major allemand demande à
ses troupes sur tout le front de mieux connaître les intentions ennemies. Il se
forge l’idée que l’attaque aura lieu sur le front de l’Aisne et de la Marne. « L’attitude adoptée par l’ennemi, du
jour où il a eu vent de nos projets, a été celle d’une défensive très active.
Aéronautique très mordante et très pénétrante, cherchant avec audace à se
rendre compte. Artillerie très active […]. Infanterie très vigilante, lançant ses ‟strosstruppˮ en coups de main
presque quotidiennement sur tous les points du front. »
- Un de ces
coups de main, le 4 avril, « mérite
une attention particulière ».
L’opération militaire
- C’est sur le
secteur tenu par le 3e régiment de Zouaves (lieutenant-colonel
Philippe) et par le 267e RI que porte cette attaque, autour de la
Neuville, à proximité du canal de l’Aisne à la Marne. Face à eux, un régiment
allemand (le 37e de réserve), le groupe des pionniers et un Sturm
Bataillon.
- Après une
forte préparation d’artillerie pendant trois heures, les fantassins attaquent
en masse à 18h30 et parviennent à percer le front français, progressant
rapidement jusqu’au canal et pénétrant dans les ruines de la Neuville. Les
bastions du Tonkin et de l’Annam sont contournés et ne peuvent empêcher la
progression, parvenant cependant à empêcher la capture de tous les occupants ;
ceux d’Isly et des Serbes connaissent le même sort, tandis qu’un groupe d’hommes
autour du sous-lieutenant Derache parvient à défendre le bastion de
Sidi-Brahim.
- La soirée
permet un léger rétablissement de la situation : vers 21 heures les
compagnies de réserve contre-attaquent, « mais
à cause de la boue on ne peut plus se servir du fusil, et les grenades se font
rares. »
- Dans les
jours suivants, le terrain est progressivement repris …
Le bilan immédiat et à moyen terme
- Au 267e
RI, le bilan est très lourd : 6 morts (dont un officier), 19 blessés
(idem), 316 disparus, la plupart prisonniers (dont 6 officiers) pour la seule
journée du 4 avril.
- Au 3e
Zouaves, c’est encore pire, avec plus de 400 prisonniers, mais aussi une
désorganisation complète des lignes.
- A moyen
terme aussi, les conséquences sont très graves. « Pendant
l’attaque, un capitaine du 3e Zouaves, serré de près, avait confié à
son sergent-major sa sacoche contenant, entre autres documents, le plan
d’engagement de son bataillon. Or, le sous-officier avait disparu ; et le
plan d’engagement en question résumait, malgré les ordres donnés, toute la
manœuvre des 7e et 32e C.A. » (général de
Bazelaire, commandant du 7e CA, dans un compte-rendu adressé au
général Mazel – Ve Armée). « Il
était malheureusement trop tard pour modifier le plan d’action d’ensemble de
l’Armée. D’ailleurs on pouvait encore douter que le document fut tombé aux
mains de l’ennemi, ou tout au moins parvenu au Commandement.
Ce n’est que quelques jours après la
bataille qu’un communiqué de l’Agence Wolff en a donné la certitude. »
- « Sans rien exagérer, on peut affirmer
que cet incident regrettable ne nous a pas facilité la besogne. On peut lui
attribuer, en partie, la résistance acharnée que nous avons rencontrée au sud
de l’Aisne, le recul des batteries allemandes dans les derniers jours de la
préparation d’artillerie, l’échelonnement en profondeur des troupes de
contre-attaques, que l’adversaire, au courant de notre manœuvre et de sa rapide
audace, tenait tout préparées. »
Sources
JMO Ve
armée (page 62)
JMO 7e CA
JMO 3e zouaves
JMO 267e
RI
(Service Historique
de la Défense)
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