vendredi 19 décembre 2008

C comme Cerny-en-Laonnois



- Village aujourd’hui situé sur le Chemin des Dames lui-même
- 60 habitants

- En 1914, Cerny compte près de 200 habitants et une cinquantaine de bâtiments. Le village est situé un peu en contrebas du Chemin des Dames, sur le versant nord, tandis qu’une sucrerie occupe le haut du plateau. C’est un village très ancien (lieu de naissance supposé de Saint-Rémi), situé près d’un carrefour stratégique, qui a déjà connu des combats en 1814.


- Cerny est très proche de la ligne de front, côté allemand de septembre 1914 à mai 1917, puis exactement sur la ligne de front. La sucrerie proche du village sert de poste de surveillance aux Allemands, avant sa destruction complète.

- Dès le 16 avril 1917, les troupes françaises (153e DI) parviennent dans le secteur de cette sucrerie; la résistance allemande y est féroce. Les combats s’y poursuivent, pendant de longues semaines.


- Cerny-en-Laonnois n’existe plus après la guerre. Seuls 3 habitants sont comptabilisés au recensement de 1921 ; le chiffre remonte autour de la soixantaine après la reconstruction.
- Pour celle-ci, Cerny est adopté par le Puy-de-Dôme en 1920. 53% de sa superficie est classée en Zone Rouge ; une décision préfectorale de 1924 décide de reconstruire le village, plus petit, à quelques hectomètres de l’emplacement original. Seul le cimetière, peu détruit, est maintenu à son emplacement premier.




- Cerny-en-Laonnois est dès après la guerre un lieu de mémoire central pour le Chemin des Dames ; en 1930, par exemple, le président Herriot visite le cimetière militaire.


- Une chapelle œcuménique pour toute la zone, prévue dès les années 30, est inaugurée en 1951, plus limitée que sur les plans précédents.
Face à la chapelle, une lanterne des morts (années 60) maintient le souvenir de la génération tombée au Chemin des Dames, elle aussi bien plus modeste que celles de Lorette ou Douaumont …
« De ce qui précède, il faut assurément conclure à une mémorialisation lente, étriquée et limité, constamment réduite, symptôme des tensions inhérentes aux discours sur l’événement “Chemin des Dames”. » (N. Offenstadt)

- Très proche de la chapelle, on trouve aussi, côte-à-côte, deux nécropoles, une française et une allemande. La première, aménagée de 1919 à 1925 puis rénovée en 1972, comprend 5 150 corps (54 Russes aussi), dont 2 386 en ossuaire. La deuxième compte 7 526 morts, dont près de 4 000 en ossuaire, venus d’une centaine de petits cimetières allemands du Chemin des Dames ; il est aussi rénové en 1972 (installation de croix en pierre).

- Enfin, la Colonne des Britanniques rend hommage aux premiers combattants du Chemin des Dames, en septembre 1914, qui partirent à l’assaut de la sucrerie, et dont la plupart sont enterrés à Vendresse, en contrebas.

- « Cet ensemble, situé à un carrefour routier, semble aujourd’hui un peu étrange par son manque évident d’aménagement et d’organisation, par l’absence de liens entre les monuments qui s’y trouvent […] et de lien, aussi, avec la plaque, peu visible, rappelant plus loin la sucrerie de Cerny, lieu si éprouvant pour les combattants. La mémoire semble ici figée dans un temps difficilement identifiable où le présent du visiteur ne domine pas. » (N. Offenstadt)




- Aujourd’hui, rien n’est fait pour mettre en valeur le site originel de Cerny-en-Laonnois. Les restes sont perdus, en contrebas, dans la végétation, et un petit chemin non indiqué et difficile d’emprunt les dessert. 90 ans après la fin de la guerre, les blocages liés à la « non victoire » du Chemin des Dames sont-ils encore trop forts ? L’exemple de Craonne montre ce que l’on peut faire tout en respectant la mémoire des lieux et des hommes.
_

1 commentaire:

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.