(MAJ décembre 2013)
- Village
situé sur la rive droite de l’Aisne, sur les premières pentes menant au plateau
du Chemin des Dames
- 750
habitants
- Beaurieux
compte 620 habitants en
1914 ; c’est un village dynamique, avec une gare
mais aussi un médecin, un pharmacien, un percepteur, un vétérinaire, etc.
- Les combats
arrivent à Beaurieux le 2 septembre 1914, précédés par le passage de civils
venus du nord et de militaires en retraite. Un
« petit
engagement » sur le plateau de Jumigny causent des blessés à l'armée
française, qui les fait soigner dans l'école de garçons de Beaurieux ;
parmi eux, un sous-lieutenant arrageois du 1
er escadron de train, Louis-Alexandre
Hacard, qui meurt le soir même.
- Les Allemands
arrivent le lendemain. « Comme dans bien d'autres villages, ces
premiers ennemis avaient été pris pour des Anglais. » (M. de Sars)
- Le maire est
pris comme otage afin que le défilé dans les rues se déroule correctement,
tandis que l'occupant procède à des réquisitions d'avoine et d'essence.
- Après la
contre-offensive de la Marne, les chasseurs d'Afrique sont les premiers soldats
français à entre dans Beaurieux, qui va dès la stabilisation du front devenir
une base importante pour tout le secteur du Chemin des Dames (d'autant plus
qu'il est situé sur la contre-pente donc relativement peu bombardé : des
civils de Pontavert ou Craonnelle viennent même s'y réfugier).
- « Le village est très coquet et loin d’avoir
souffert comme Craonnelle. Des incendies provoqués par des bombes ont détruit
pas mal de maisons. Des obus ont fait des trous assez grands dans des murs,
mais dans l’ensemble le village est conservé ; d’ailleurs pas mal de civils
sont encore là, qui depuis le début continuent leurs travaux. » (Arnaud
Pomiro, le 31 mai 1917)
- « La relève s’est faite sans être bombardée.
Nous cantonnons dans Beaurieux, dans des maisons évacuées, bâtiments, caves. Le
bourg de Beaurieux, situé en haut et sur le penchant nord-est de la vallée de
l’Aisne, n’est pas démoli, mais il a subi des dégâts importants par les
bombardements à longue portée. Il n’y a plus que le tiers des civils par
comparaison d’avant-guerre. Un obus a cassé la flèche du clocher de l’église.
Beau clocher, entièrement en pierres de taille, pas de charpente, tout est en
pierres. Depuis les lignes la nuit, nous entendons sonner les cloches. »
(Paul Clerfeuille cité par R. Cazals, le 15 mars 1918)
- La vie dans
Beaurieux s'organise, au milieu des forces françaises (puis britanniques au
printemps 1918). La 36e DI y séjourne longuement, des soldats au repos faisant
fréquemment office d'instituteur de remplacement. La maison du colonel de Tugny devient hôpital
- En
1915-1916, les pentes à l'abri sont cultivées, la plaine partiellement.
- C’est un lieu
bien connu des soldats, à qui qui un attribue un rôle-clé dans le plan
d'offensive en avril 1917. « Nous
traversons l’Aisne. Un morceau de plaine, puis la dure montée de Beaurieux. Le
6e bataillon [du 327e RI], qui y cantonne, nous regarde
passer. Les pipes font sur le seuil des cantonnements des points rouges dans
les groupes bleus. Quelques interjections de « pays » qui se
reconnaissent au passage et animent la fin de la traversée du village en
pente. » (Jacques Vendroux, La
génération du feu, cité par J.F. Jagielski dans « 1918 – De guerre
lasse » publié par le CG02, p. 47)
- On y
installe un camp à destination des 327 prisonniers allemands faits après la
prise de la Caverne du Dragon, le 25 juin 1917.
- Le 27 mai
1918, l'essentiel de la population a le temps de fuir vers Fismes avant
l'arrivée des Allemands grâce à une évacuation bien menée par le maire (Neveux)
et l'instituteur (Geiswiller). Environ 75 habitants restent prisonniers et –
originalité – c'est une femme, veuve d'un officier français, Mme Gaiffe, que
les Allemands choisissent pour faire office de maire.
- La
population est évacuée en août, avant que les bombardements français de fin
septembre provoquent cette fois de gros dégâts au bourg. Le 10 octobre, ce sont
les Italiens qui libèrent définitivement Beaurieux.
- Les évacués
et autres réfugiés reviennent à partir de février 1919. Il n'y a plus ni portes
ni fenêtres, utilisées pour le feu par les Allemands. Tous les 10 jours un
convoi de ravitaillement est organisé par la préfecture, avec l'aide de
l'instituteur déjà cité et du cultivateur Léon Cadet. Finalemen,t un boulanger
s'installe à Maizy, puis la poste est rétablie le 24 avril. Le premier conseil
municipal d'après-guerre de Beaurieux a lieu le 29 juillet.
- Commune la
moins détruite de la vallée, Beaurieux sert de centre à la reconstruction du
secteur. Le village lui-même est aidé par Winnipeg (Canada) puisque l’Aisne est
le lieu de naissance du père
Marquette.
- La
population de Beaurieux retrouve rapidement son niveau antérieur (667 habitants
en 1921), mais l’exode rural la touche jusqu’à la deuxième guerre.
- Un cimetière
français établi pendant le conflit est transféré dans la nécropole de
Pontavert.
Source
principale (en dehors des témoignages de combattants) : Maxime de Sars, Histoire de Beaurieux, 1936
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