- Le 16 avril
1917, le 3e régiment de Zouaves (37e DI) attaque sur le
canal de l’Aisne à la Marne, au nord-est de la Neuville, en direction de la
vallée de la Suippe. Comme souvent, les défenses allemandes ne sont pas assez
affaiblies et toute avancée est impossible, tandis que les pertes s’accumulent
rapidement dans les « groupes
clairsemés » (Historique).
- Le 23, le commandant
Mondielli, qui prend la direction du 3e Zouaves face à l’indisponibilité
du lieutenant-colonel Philippe (tombé gravement malade), écrit :
- « La cause fondamentale de l’insuccès
de l’offensive française du 16 avril doit être recherchée dans la confiance
excessive que le commandement français avait en ses propres forces, confiance
poussée jusqu’à la présomption, et dans un mépris injustifié pour les moyens
matériels et moraux de l’adversaire dont la force réelle a été estimée trop
au-dessous de sa valeur.
Toute la manœuvre a été montée sans tenir
compte de l’ennemi et de ses réactions possibles. Il semble bien qu’on se soit
attendu à son départ au Jour J, comme il avait fait dans la région de Noyon.
Or, il est resté et s’est défendu, et cette résistance à laquelle nous n’étions
pas préparés a surpris et déconcerté le commandement. La troupe a été
sacrifiée, en pure perte. » […]
- « C’était une utopie de penser que la
même troupe, désillusionnée et affaiblie par les pertes consécutives à la
première expérience, serait capable de reprendre l’attaque sans une nouvelle et
parfaite préparation. Il semble que le Commandement, en renouvelant à jet
continu ses ordres de reprendre l’attaque, ait tenu peu compte du facteur moral
et de ce fait que nos troupes, qui sont intelligentes et pleines de bon sens,
ont une notion très exacte des réalités et des possibilités de la bataille.
Les hommes, les unités ne sont pas des pions
sur un échiquier. Les zouaves ayant échoué, la Brigade Ruses ne pouvait faire
mieux, mais que penser de la collaboration en liaison, un instant envisagée,
entre deux troupes aussi différentes que les Zouaves et les Russes, ayant des
méthodes de combat si particulières et dont les chefs ne pouvaient ni
s’entendre ni se comprendre et partant aucunement s’entr’aider. C’était
renouveler la confusion de la Tour de Babel.
Une notion dont il importe de bien se
pénétrer, c’est celle de la fragilité de la troupe d’infanterie en face des
éléments de destruction de la guerre moderne : canons, mitrailleuses,
torpilles. En quelques minutes, un tiers de l’effectif est par terre et
cependant les plans d’engagement continuent à prévoir pour chacun des missions
importantes à plusieurs kilomètres du point de départ.
Les nuits de bivouac, les mouvements de
navette, la boue gluante augmentent la fatigue dans des proportions
insoupçonnées de celui qui n’a pas lutté lui-même contre ces éléments de
dissociation.
Celui qui a souffert avec le fantassin peut
seul dire avec quelle rapidité peut baisser l’esprit ou la faculté d’offensive
d’une troupe à laquelle on a laissé, sous les intempéries, un répit de 24 ou 48
heures, qui ne peut en aucun cas être considéré comme un repos.
Aussi, quand pour les raisons que nous avons
exposées, l’élan d’une troupe a été brisé et l’assaut manqué, il faut
courageusement envisager l’échec, se recueillir et recommencer une nouvelle
préparation matérielle et morale. »
Rapport
complet à retrouver dans le JMO du 3e
Zouaves (source : SHD) :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire