dimanche 25 décembre 2016

N comme Noël



- La soirée et la nuit du 24 au 25 décembre sont des moments particuliers dans la vie du front, que chacun note et remarque à sa façon. En général, à cette date, la situation militaire est « calme », loin des grandes offensives, et des célébrations plus ou moins importantes peuvent avoir lieu, tout en maintenant une grande vigilance.
- Dans la zone du Chemin des Dames, aucun témoignage ne narre des événements « spectaculaires », comme ils ont pu avoir lieu dans d’autres secteurs. Beaucoup de soldats, surtout les plus croyants, se plaignent de l’ambiance de ce jour si spécial : « 25 décembre [1915]. Hermonville – Noël triste pas de messe de minuit – quelques groupes réveillonnent mais cela sonne faux. » (André Tropamer, soldat du 127e RI – Source : Lettre du Chemin des Dames n° 25)

- Presque partout cependant, la date est marquée, même symboliquement ou brièvement, notamment par des chants ou des extras dans les repas. Les documents officiels sont cependant brefs et laconiques sur ces faits, qui ne vont pas forcément pas de pair avec la rigueur militaire des premières lignes. Evidemment, les manifestations sont souvent plus importantes chez les Allemands que du côté français, où la laïcité récente occupe une place importante …

- Pour le premier Noël de guerre, le 5e RI est en première ligne près de La Neuville, sur le canal de l’Aisne à la Marne. « Nous avions remarqué les Allemands construisant, dans la journée, un autel dans leur tranchée. Nous signalons le fait au commandant, mais nous recevons comme réponse l’ordre de les laisser tranquilles … sans doute ses convictions religieuses l’empêchent-elles de faire tuer des ennemis ce jour-là, c’est dommage, car la cible est excellente. Dans la nuit, cet autel est éclairé. Nous entendons l’ennemi chanter cantiques et psaumes avec accompagnement d’accordéons et d’instruments de cuivre. A nouveau, nous demandons un tir efficace, pas de réponse. Bientôt, nous voyons se dérouler une procession. Les Allemands sortis de leurs trous se promènent dans la plaine avec des lampions et portent des boissons chaudes à leurs sentinelles. Malgré l’ordre, je fais tirer immédiatement ; la procession s’évanouit. Les chants reprennent. D’abord, ce sont des chœurs très doux bien exécutés avec ensemble puis l’ivresse aidant, les Allemands braillent bientôt, sans aucun souci de la mesure ou du rythme. » A minuit, un soldat français du régiment voisin, le 119e, se dresse à son tour pour entonner « Minuit chrétien » puis « La Marseillaise », applaudi par les Allemands.
(Source : André Letac, Souvenirs de guerre 1914-1918, éditions Charles Corlet, 2010)

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dimanche 4 décembre 2016

E comme Explosion accidentelle



- Les explosions accidentelles de grenades ou de munitions sont fréquentes pendant la guerre, que ce soit au moment où un soldat les porte ou dans un dépôt.

- C’est ce dernier cas qui se produit à Bazoches, le 5 février 1917.
- Le village situé sur la Vesle à quelques kilomètres à l’ouest de Fismes sert de base logistique pour la préparation de l’offensive Nivelle.
- « Le 5, une explosion s’est produite au parc à munitions où nous déchargeons des grenades, une caisse entière a éclaté, il y a eu huit morts dont un affreusement mutilé. Ca lui a coupé une jambe au dessous du genou et ça lui a enlevé toute la cuisse de l’autre côté, il ne restait que l’os. Moi je l’ai vu, c’était affreux. Il y a eu trois chevaux de tués et plusieurs de blessés. » (Pierre Couraly, Ce que nous avons eu de souffrances. Carnet de la guerre 1914-1918)
- Parmi les morts, quatre appartiennent à la section de munitions d’artillerie du 55e RAC, détachés de leur unité alors en Flandre : Clovis Chabaud, HippolyteCoste, Pierre Gaucher et Ernest Talagrand. Ils sont tous aujourd’hui dans la nécropole de Vauxbuin.

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