mercredi 23 avril 2014

M comme Mort vraiment belle



- En janvier 1915, le 34e régiment d’infanterie, unité du sud-ouest, occupe le secteur autour de la ferme de la Creute. Au sein de la 5e compagnie, on trouve deux camarades, le sergent Jean-Baptiste Narp et le sergent fourrier Pauillac. Celui-ci écrit à la fin du mois à la fiancé du premier, décédé :  « Mademoiselle, comme vous le saviez nous étions à Hurtebise. Le matin du 25, bombardement intense de nos tranchées. […] Les Allemands arrivent, mais ils tombent fauchés par notre feu. Le capitaine m’envoie porter l’ordre au sergent Narp de se porter en avant avec sa demi-section. Je le fais au moment ! “C’est bien, me dit-il ! En avant”Puis il me serre la main, me dit adieu … “et surtout s’il m’arrive quelque chose, n’oublie pas ta promesse.”Je le voyais en tête, fier et crâne, puis il s’arrête au milieu d’un talus. Les Allemands sont là : “ Feu” cria t-il, et la salve de décimer les rangs ennemis. Mais cette fusillade a attiré l’attention sur lui. Tout d’un coup il lève les bras pour crier à nouveau mais il tombe à la renverse ! Pas un cri pas un râle ! Il est mort. La balle lui a traversé le cœur. Ainsi c’était fini. […] A la nuit tombante, je pars pour m’assurer de sa mort. Le doute ne pouvait exister. Il était là, froid. La main gauche sur son cœur d’où s’échappait un flot de sang. Je pris alors sur lui, cette dernière lettre de vous et lui laissait votre petite photo. Voilà, Mademoiselle, le récit de sa mort vraiment belle. »

- Jean-Baptiste Narp, 21 ans, obtient la Croix de Guerre, avec en outre citation à l’ordre de la Division : « A brillamment conduit ses hommes à la contre attaque. A été tué. »



Fiche MPF du sergent Narp

Sources principales : Joël Rocafort, Avant oubli. Soldats et civils de la Côté basque durant la Grande Guerre
 

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