- « La véritable importance
stratégique du Chemin des Dames beaucoup mieux qu'auprès des “exécutants”
chargés de s'en emparer ou de le défendre, on la percevait pleinement sur
l'immense plan en relief qu'avait fait établir par son service géographique le
chef de la sixième armée. »
- En 1917, le général Maistre installe en
effet son quartier général à Belleu (au sud-est de Soissons), dans la villa
Beauregard, résidence d’été d’Albert Piat, qui dirige une fonderie à Villeneuve
Saint-Germain.
- « Ce plan occupait à lui seul un
petit salon de cette belle villa de Belleu […], tandis que tout autour,
dissimulées sous les arbres du parc, des baraques en bois, que le camouflage
avait soigneusement peintes en vert et jaune, et recouvertes de branchages, ce
qui leur donnait l'aspect d'un joujou de Noël, des baraques Adrian abritaient
l'Etat-Major. Elle était confortable la villa de Belleu, elle n'était pas d'un
goût très pur, et se singularisait notamment par tout un luxe d'appareils
d'éclairage du plus fâcheux style munichois. Seul le petit salon, qui servait
de bureau à l'officier d'ordonnance du général, avait été débarrassé en partie
pour faire place au plan en relief du Chemin des Dames. Devant ce plan, dans ce
petit salon, je revois, réunis le 24 octobre 1917, les correspondants de guerre
français, anglais et américains, à qui, tout rayonnant de la victorieuse
opération de la veille, le chef d'Etat-Major explique comment elle fut conçue
et exécutée. […] La victoire de la Malmaison avait dégagé le
Chemin des Dames, elle en rendait, d'un bout à l'autre, la position intenable
pour l'ennemi ; c'est ce que le plan en relief rendait sensible aux
regards même des profanes, aux esprits les moins avertis. »
- Quelques
mois plus tard, la moustache du général Duchêne a remplacé celle de Maistre à
la tête de la VIe Armée, mais les lieux n’ont pas changé au moment
où les Allemands lancent leur attaque foudroyante, le 27 mai 1918.
« Belleu fut atteint, que l’état-major
de l’armée avait dû quitter en toute hâte sous les obus : un officier fut
tué devant sa baraque, l’innocente petite baraque, comme un jouet de Noël, où
le premier bureau rangeait ses paperasses, le premier bureau, aux occupations
paisibles entre toutes : personnel, avancement, décorations … […] Et je me suis souvent demandé ce qu’était
devenu le beau plan en relief, sur lequel avait été étudiée si minutieusement,
et si bien préparée la victoire d’octobre, – si l’on avait eu le temps de
l’emporter, pris la précaution de la détruire, – ou si, au contraire, les
Allemands l’avaient retrouvé là, dans le petit salon attenant au cabinet du
général et qui servait de bureau à son officier d’ordonnance, si les Allemands,
après nous avoir repris le Chemin des Dames, en avaient pu remporter avec eux,
trop précieux trophée, cette effigie de plâtre ? »
Sources des citations :
Franc-Nohain, De la mer aux Vosges,
1921
Plus
d’informations sur la villa Beauregard sur le site de la mairie deBelleu
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