« Quand nous nous rencontrions, nous
parlions souvent de nos expériences de la Première Guerre mondiale: nous avions
combattu dans la même zone du front, lui du côté français, moi du côté
allemand, et nous entendions, sur des versants opposés, le son des cloches de
la même église. » (Ernst Jünger, Les
prochains Titans)
- Ecrivain français
- Paris 1893 –
Paris 1945
-
Accomplissant depuis 1913 son service militaire, Pierre Drieu La Rochelle est
mobilisé au sein du 5e RI (6e DI) en août. Blessé le 23 à
Charleroi, il rejoint son unité en tant que sergent le 16 octobre, près de la
ferme du Godat, alors que la zone est extrêmement agitée après la stabilisation
du front.
- Il est
blessé au bras le 29, près d’Hermonville, au cours d’une journée à nouveau
particulièrement meurtrière (244 tués, blessés et disparus pour le régiment).
- « Ce corps était déroutant : il
était mi-parti comme une figure d’anatomie. D’un côté, c’était un corps d’homme
épanoui et presque athlétique, avec un cou largement enraciné, une épaule
droite pleine, un sein ample, une hanche stricte, un genou bien encastré ;
de l’autre, c’était une carcasse foudroyée, tourmentée, tordue, desséchée,
chétive. C’était le côté de la guerre, du massacre, du supplice, de la mort.
Cette blessure sournoise au bras qui avait enfoncé son ongle de fer dans les
chairs jusqu’au nerf et qui avait là surpris et suspendu le courant de la vie,
et qui par un vaste contre-choc avait saccagé toute l’épure architecturale des
muscles, c’était ce que Gilles avait cherché à la guerre, le moins qu’il en
avait pu rapporter, cette empreinte, ce signe de l’inexorable, de l’incurable,
du jamais plus. » (Gilles,
1937)
- Après sa
convalescence, Drieu se porte volontaire pour l’expédition d’Orient (176e
RI), d’où il est évacué en juillet 1915 pour dysenterie. Rétabli, il combat au
146e à Verdun où il est à nouveau blessé (tympan crevé). Il occupe
alors des fonctions à l’arrière grâce aux réseaux de sa famille et commence sa
carrière d’écrivain.
- Il narre son
expérience de la guerre, notamment dans La
comédie de Charleroi et dans Gilles.
Mêlant déception face à la « nouvelle » guerre industrielle et
enthousiasmes liés à des moments d'exaltation, son œuvre montre une profonde
mutation personnelle liée au conflit (« Vraiment la guerre, c'est ce
qu'il y a de plus humain avec l'amour », « Quelle joie de
courir à l'appel mystique de la mort en beauté », écrit-il dans ses
lettres).
A lire : Le
Figaro hors-série, « Ceux de 14 – Les écrivains dans la Grande
Guerre », n° 79H
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