- Début août 1915, le 148e régiment d’infanterie occupe un secteur autour de la ferme du Luxembourg, secteur très agité pendant de longs mois et devenu alors un peu plus calme.
- Le 2, « anniversaire de la déclaration de la guerre, une patrouille composée de un caporal et 4 hommes avaient pour mission d'observer pendant 1 heure au bout d'un champ de betteraves se trouvant à une cinquantaine de mètres de 2 charrettes situées à environ 150 m des tranchées allemandes et 600 m des nôtres.
La patrouille rentra à 23h45 n'ayant rien vu d'anormal.
Le lendemain matin, un drapeau allemand paraît avoir été mis en place entre zéro heure et 2h30 flottaient au-dessus de l'une des charrettes.
Le caporal et les hommes de patrouille de la veille ainsi qu'un certain nombre d'autres soldats de la tranchée I occupée par une demi-section demandèrent à leur chef, le sous-lieutenant Pernet, l'honneur d'aller enlever le drapeau.
Vers 20 heures, les soldats Declercq Alfred et Le Borgne Louis Joseph, qui étaient parmi les volontaires, quittèrent leurs tranchées, puis, utilisant le champ de betteraves, se portèrent dans la direction de l'objectif pour en surveiller les abords. Après 1 heure d'attente, ils entendirent du bruit et tousser vers la 2e charrette. Ils écoutèrent encore pendant 10 minutes puis rentrèrent pour rendre compte.
À 23 heures une patrouille composée du sergent Perret, de 1 caporal et 10 hommes, dont Le Borgne et Declercq, marcha dans la direction des charrettes, ces 2 derniers servant d'éclaireurs avec mission de faire un prisonnier et de rapporter le drapeau.
Arrivée au bout du champ de betteraves, la patrouille stoppa, se déploya pour envelopper la 2e charrette : il n'y avait plus personne.
Sous la protection de la patrouille, Declercq et Le Borgne se portèrent alors à la charrette où flottait le drapeau. Sans toucher au véhicule, Declercq monta sur le dos de Le Borgne, défit les cordes qui maintenaient la hampe et constata qu'un fil de fer y était fixé et se dirigeait vers la terre. Il détendit ce fil en faisant glisser le fanion et prescrivit à son camarade de suivre avec précaution cette attache anormale pour s'assurer s'il n'avait rien au bout.
Ce dernier découvrit alors une grenade « 7 sekunden » qu'il déterra.
Ils placèrent ensuite à la place du drapeau allemand un morceau de toile grise qui avait servi à envelopper un colis postal et sur lequel il y avait l'inscription suivante : “ Vive la France et ses alliés combattant pour le droit, la civilisation et la liberté. La guerre dût-elle durer 10 ans, nous combattrons jusqu'à l'écrasement de tous les Teutons.”
Le fanion placé avec l'aide d'autres camarades de la patrouille, ils fixèrent au sol par des cavaliers 3 grenades : 2 sous l'arrière de la voiture, 1 sous l'avant, et relièrent à l'aide d'un fil de fer mince le crochet d'amorçage des projectiles à l'arrière de la charrette, le fil de fer de celle de l'avant revenant se fixer à la hampe du fanion, rendant ainsi très dangereux le maniement de la voiture.
À la rentrée de la patrouille, le sergent Perret lut, inscrit en allemand sur la partie blanche, l'inscription suivante : “ Il y a un an que la guerre est déclarée et, à l'est comme à l'Ouest, nous avons vaincu. Par la sève de la terre d'Allemagne, nous avons la force et nous allons continuer à vaincre. Tous nos ennemis vont succomber. Vive l'Allemagne ! ” »
(rapport du capitaine Coutaz-Repland, 9e Cie, 3e btn)
- Le 5 août, le sergent Perret et les soldats Declercq et Le Borgne sont récompensés (cités à l’ordre du régiment).
- Le 9, le soldat Maurice Collin obtient la même faveur pour être allé chercher « sous un feu violent » un autre écriteau allemand, 900 mètres au sud du lieu cité précédemment. Sur une perche est clouée une planche avec les mots suivants : « Rendez-vous, vous êtes trompés. Varsovie tombée. Hurrah. »
Source : JMO 148e RI (SHD)
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Connaître et comprendre le lieu, les hommes, les événements et la mémoire du Chemin des Dames
samedi 31 mars 2012
vendredi 23 mars 2012
G comme Généraux français morts au combat
- Dans le secteur géographique autour du Chemin des Dames sont morts au cours de la guerre 7 généraux français.
- Le 20 septembre 1914, le général Jean-Louis Rousseau (137e Brigade), âgé de 62 ans, est tué par un éclat d’obus près de Cormicy.
- Paul Arrivet commande la 109e Brigade d’infanterie. Le 29 octobre 1914, « au cours d’une visite des tranchées et alors qu’il se trouvait dans une tranchée à l’ouest de Crouy occupée par la 3e section de la 24e Cie du 289e, le général commandant la 109e Brigade est tué net d’une balle à la tête à 10h30. Son corps est ramené à l’hôpital de Soissons. » (JMO 109e Brigade)
- 16 septembre 1914 : depuis la veille, les troupes de la 69e brigade commandées par le général Georges Durand subissent de violents bombardements de la part des Allemands qui ont décidé de s’accrocher aux hauteurs surplombant l’Aisne après plusieurs jours de repli. « L’effort de l’adversaire semble se porter sur la Ville aux Bois. Le Poste de Commandement du Général de Brigade est établi à la corne N du bois, à 1 000m S de la ferme du Temple, sur le sentier conduisant vers Champ d’Asile, sentier parallèle au ruisseau le Ployon. A 16h15 le général commandant la 69e Brigade est blessé au genou gauche par un projectile d’artillerie ; il conserve son commandement jusqu’à 20 heures. Le colonel Dunal du 24e d’artillerie prend le commandement de la Brigade. » (JMO 69e Brigade).
- Le général Durand est alors évacué, mais sa blessure s’avère plus grave que prévu. Malgré les soins, il meurt à l’hôpital de La Rochelle le 18 novembre.
- Général de la 52e division d’infanterie, Jules Battesti est lui aussi victime des bombardements intenses qui marquent la stabilisation du front : il est tué dans son PC des faubourgs est de Reims le 25 septembre 1914 « par un obus de 21 qui éclate tout près de lui » alors qu’il supervise une attaque qu’il vient d’ordonner (JMO).
(Biographie)
- Le 5e Groupe de Divisions de Réserve (futur 37e CA) est commandé depuis le 23 janvier 1915 par le général Louis Loyseau de Grandmaison (qui remplace Berthelot). Depuis la mi-janvier (bataille dite de Crouy), l’unité occupe Soissons et ses abords, que les Allemands surplombent et bombardent efficacement.
- Le 18 février, « vers 10 heures, le général de Grandmaison, qui avait l’habitude de visiter chaque jour les tranchées, se rendait par le mail à Saint-Crépin [alors village séparé de Soissons, au nord de la ville] accompagné du commandant Destenay de l’Etat-Major, du commandant Collin et du commandant Chalet du 204e.
Après avoir parcouru une centaine de mètres en terrain découvert, ce groupe d’officiers est violemment pris à partie par une batterie ennemie est obligé de s’abriter derrière un mur.
Le général décide alors de rentrer à Soissons. Le commandant Chalet ouvre la marche. Dès son apparition la batterie ennemie recommence son tir ; il réussit cependant à passer, mais le général qui le suit est salué à son tour par les shrapnells. Il est frappé de plusieurs balles et éclats au moment où il entre dans la rue de l’Evêché.
Blessé mortellement, le général de Grandmaison est transporté en ville, à l’hôtel de Banal où il est décédé le lendemain 19 à 6 heures. » (JMO 37e CA – Source : SHD)
(Biographie)
- Le 17 octobre 1917, le général de division Albert Baratier (134e DI) – célèbre pour sa participation à l’expédition Marchand de 1896-1898 – connaît une mort qui n’est pas directement liée aux combats. Alors qu’il mène avec son chef d’Etat-Major une tournée d’inspection, « à 9h, dans les tranchées des Cavaliers de Courcy, il est pris d’une syncope qui le force à s’arrêter quelques minutes. Au bout d’un quart d’heure, le général allant beaucoup mieux, le chef d’Etat-major le conduit jusqu’au poste de secours. Quelques instant après son arrivée, il est pris d’une nouvelle syncope et meurt subitement. »
- Le lendemain, il est enterré à Gueux lors d’une messe donnée par l’archevêque de Reims, le cardinal Luçon ; de nombreux hauts-officiers sont présents, dont les généraux Micheler, Chrétien et Gouraud (mais aussi le lieutenant-colonel Baratier, frère du défunt).
- Son corps repose aujourd’hui à la nécropole nationale de Cormicy.
(Biographie)
- Le général Pierre des Vallières fait quant à lui l’objet d’un article détaillé par ailleurs.
Sources pour la liste:
http://grande-guerre.org/?p=3311
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/forum-pages-histoire/generaux-fran%E7ais-pgm-sujet_5619_1.htm
avec ajouts et recoupements ...
Si vous avez d'autres noms ou des détails sur les circonstances de leur mort, n'hésitez pas à me les faire parvenir ...
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- Le 20 septembre 1914, le général Jean-Louis Rousseau (137e Brigade), âgé de 62 ans, est tué par un éclat d’obus près de Cormicy.
- Paul Arrivet commande la 109e Brigade d’infanterie. Le 29 octobre 1914, « au cours d’une visite des tranchées et alors qu’il se trouvait dans une tranchée à l’ouest de Crouy occupée par la 3e section de la 24e Cie du 289e, le général commandant la 109e Brigade est tué net d’une balle à la tête à 10h30. Son corps est ramené à l’hôpital de Soissons. » (JMO 109e Brigade)
- 16 septembre 1914 : depuis la veille, les troupes de la 69e brigade commandées par le général Georges Durand subissent de violents bombardements de la part des Allemands qui ont décidé de s’accrocher aux hauteurs surplombant l’Aisne après plusieurs jours de repli. « L’effort de l’adversaire semble se porter sur la Ville aux Bois. Le Poste de Commandement du Général de Brigade est établi à la corne N du bois, à 1 000m S de la ferme du Temple, sur le sentier conduisant vers Champ d’Asile, sentier parallèle au ruisseau le Ployon. A 16h15 le général commandant la 69e Brigade est blessé au genou gauche par un projectile d’artillerie ; il conserve son commandement jusqu’à 20 heures. Le colonel Dunal du 24e d’artillerie prend le commandement de la Brigade. » (JMO 69e Brigade).
- Le général Durand est alors évacué, mais sa blessure s’avère plus grave que prévu. Malgré les soins, il meurt à l’hôpital de La Rochelle le 18 novembre.
- Général de la 52e division d’infanterie, Jules Battesti est lui aussi victime des bombardements intenses qui marquent la stabilisation du front : il est tué dans son PC des faubourgs est de Reims le 25 septembre 1914 « par un obus de 21 qui éclate tout près de lui » alors qu’il supervise une attaque qu’il vient d’ordonner (JMO).
(Biographie)
- Le 5e Groupe de Divisions de Réserve (futur 37e CA) est commandé depuis le 23 janvier 1915 par le général Louis Loyseau de Grandmaison (qui remplace Berthelot). Depuis la mi-janvier (bataille dite de Crouy), l’unité occupe Soissons et ses abords, que les Allemands surplombent et bombardent efficacement.
- Le 18 février, « vers 10 heures, le général de Grandmaison, qui avait l’habitude de visiter chaque jour les tranchées, se rendait par le mail à Saint-Crépin [alors village séparé de Soissons, au nord de la ville] accompagné du commandant Destenay de l’Etat-Major, du commandant Collin et du commandant Chalet du 204e.
Après avoir parcouru une centaine de mètres en terrain découvert, ce groupe d’officiers est violemment pris à partie par une batterie ennemie est obligé de s’abriter derrière un mur.
Le général décide alors de rentrer à Soissons. Le commandant Chalet ouvre la marche. Dès son apparition la batterie ennemie recommence son tir ; il réussit cependant à passer, mais le général qui le suit est salué à son tour par les shrapnells. Il est frappé de plusieurs balles et éclats au moment où il entre dans la rue de l’Evêché.
Blessé mortellement, le général de Grandmaison est transporté en ville, à l’hôtel de Banal où il est décédé le lendemain 19 à 6 heures. » (JMO 37e CA – Source : SHD)
(Biographie)
- Le 17 octobre 1917, le général de division Albert Baratier (134e DI) – célèbre pour sa participation à l’expédition Marchand de 1896-1898 – connaît une mort qui n’est pas directement liée aux combats. Alors qu’il mène avec son chef d’Etat-Major une tournée d’inspection, « à 9h, dans les tranchées des Cavaliers de Courcy, il est pris d’une syncope qui le force à s’arrêter quelques minutes. Au bout d’un quart d’heure, le général allant beaucoup mieux, le chef d’Etat-major le conduit jusqu’au poste de secours. Quelques instant après son arrivée, il est pris d’une nouvelle syncope et meurt subitement. »
- Le lendemain, il est enterré à Gueux lors d’une messe donnée par l’archevêque de Reims, le cardinal Luçon ; de nombreux hauts-officiers sont présents, dont les généraux Micheler, Chrétien et Gouraud (mais aussi le lieutenant-colonel Baratier, frère du défunt).
- Son corps repose aujourd’hui à la nécropole nationale de Cormicy.
(Biographie)
- Le général Pierre des Vallières fait quant à lui l’objet d’un article détaillé par ailleurs.
Sources pour la liste:
http://grande-guerre.org/?p=3311
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/forum-pages-histoire/generaux-fran%E7ais-pgm-sujet_5619_1.htm
avec ajouts et recoupements ...
Si vous avez d'autres noms ou des détails sur les circonstances de leur mort, n'hésitez pas à me les faire parvenir ...
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samedi 17 mars 2012
P comme Piégés dans les lignes allemandes
- Le 13 septembre 1914, le 4e Régiment de Zouaves progresse sur les pentes sud du Chemin des Dames et parvient sur le plateau de Paissy, où les Allemands commencent à lui opposer une farouche résistance qui va conduire à figer le front pour plusieurs années.
- « Un officier du 148e, Mr le Capitaine Roques, se présente à l’Etat-Major du Régiment. Il vient du village de Chermizy. Il est en civil et s’est dissimulé au milieu des lignes allemandes, depuis la retraite de son Régiment dont plusieurs fractions ont trouvé les ponts de l’Aisne coupés. »
(JMO du 4e Zouaves – Source : SHD)
Le repli du 148e RI
- Depuis le début de la guerre, en effet, le capitaine Roques commande la 11e compagnie du 3e bataillon du 148e régiment d’infanterie (4e GDR). Après les combats en Belgique, l’ensemble de cette unité se replie, dans un certain désordre et sous la pression ennemie, jusqu’aux alentours de Coucy-le-Château via la forêt de Saint-Gobain.
- Le 1er septembre, le colonel Cadoux, commandant le régiment, est sans nouvelles de ses supérieurs, supposés stationnés dans les villages voisins (Fresnes et Quincy) ; les messagers envoyés sur place sont informés par les habitants que toutes les troupes françaises restantes sont parties depuis la veille. On décide alors de franchir l’Ailette pour rejoindre Soissons où la division – semble-t-il – est en train de se regrouper. Mais les Allemands de la Garde sont déjà sur la rive sud, occupant les ponts, et sur les hauteurs de Leuilly ; après de très durs combats, tout franchissement se révèle impossible.
- L’état-major du 148e décide alors de se déplacer vers l’est : environ 1 100 hommes parviennent à Anizy-le-Château tard dans la soirée ; « 4 compagnies du 3e bataillon laissées en arrière pour assurer le repliement du Régiment n’ont pu rejoindre Anizy et ont manqué le départ du Régiment pour Pinon. Deux compagnies, les 5e et 6e, sont également séparées du Régiment.
Le colonel avait demandé au maire d’Anizy de diriger sur Pinon tous les éléments du 148e qui parviendraient à Anizy après le départ de cette localité [vers 22 heures, après 2 heures de repos]. »
- Le lendemain, 2 septembre, les restes du régiment mettent cap vers le sud – Chavignon-Filain-Moussy (après 2 heures de repos sur l’Epine de Chevregny) – afin de franchir l’Aisne pour suivre le mouvement général de l’armée française. Mais, à leur arrivée, le pont de Bourg-et-Comin a déjà sauté ; idem un peu plus loin à Pont-Arcy ; il faut aller jusqu’à Chavonne pour parvenir enfin en rive gauche (le pont est immédiatement détruit) et poursuivre le repli.
- « C’est ainsi qu’il parcourut 70 km en 27 h, arrivant au pont de l’Aisne à Chavonnes [sic] et à celui de la Marne à Chartèves bon dernier pour les traverser avant qu’ils ne soient détruits. Dans cette marche, le 148e s’est fait précéder d’officiers montés qui allaient prévenir le Génie préposé à la destruction des ponts, de l’arrivée du régiment afin qu’on en retarde si possible la destruction jusqu’à l’arrivée du régiment. » (rapport du colonel Cadoux)
- Aucune information concernant les troupes laissées sur l’Ailette la veille … « Je ne m’explique pas comment le 3e bataillon a pu s’égarer. A 19 heures à Jumencourt, j’ai parlé moi-même aux Capitaines Delorme, Renon et Dagalier qui n’ont pas encore reparu. » (idem)
Dans les creutes
- Ceux qui sont restés en arrière le 1er septembre connaissent des fortunes diverses, qui ne sont pas toutes connues. Gérard Lachaux (dans Les creutes : Chemin des Dames et Soissonnais) décrit le sort de certains d’après Odyssée d’un R.I. à travers le Soissonnais (général Vignier).
- Certains tentent de se dissimuler dans des creutes près de Soupir ou de Pargnan ; tous ne parviennent pas à tenir jusqu’au retour des Alliés dans le secteur et sont capturés par les Allemands.
- Six hommes du 148e se cachent dans une carrière au nord de Beaulne ; pendant une dizaine de jours, ils se terrent au plus profond des lieux, se s’aventurant vers l’extérieur que lorsque les villageois (le curé de Troyon ou Georgette Bourdin par exemple) viennent leur apporter de la nourriture ou un almanach des PTT pour échafauder un plan d’évasion. Un jour, n’y tenant plus, ils allument un feu pour se réchauffer devant leur abri, manquant de se faire surprendre par des cavaliers qui passent sur la route toute proche. Finalement, le 13, face aux détonations et aux bruits de combat, l’espoir revient ; ils sont finalement découverts par des soldats britanniques, dans un premier temps méfiants face à leur état physique et vestimentaire puis qui les laissent rejoindre leur unité …
Le regroupement
- Après la bataille de la Marne, en effet, le 148e participe à la contre-offensive alliée et arrive près de Berry-au-Bac, combattant face à une adversité plus décidée que dans les jours précédents vers la ferme du Choléra.
- « Vers 15h30, le 148e est rallié par le lieutenant de Beaucoudray [9e Cie du 3e Btn], commandant un détachement de 350 hommes, séparés du régiment depuis Coucy-le-Château. »
- Il raconte alors ces dix derniers jours : « Le 1er septembre, au cours du combat de Coucy, le Capitaine Roques s’est replié avec deux de mes sections pendant que je le protégeais par mon feu avec les deux autres. N’ayant reçu de lui que des indications vagues, je perdis sa trace.
Le 2 septembre, dans la matinée, je rejoignis un détachement commandé par le capitaine Boitel. Le Capitaine Boitel réussit à nous faire passer les lignes allemandes jusqu’à l’Aisne en utilisant les bois. Les ponts de l’Aisne étant coupés, nous passâmes en barque près de Chavonnes.
Le 3 septembre, vers 15 heures, le détachement grossi de nombreux isolés du régiment et d’autres corps s’élevait à 400 hommes. A la tombée de la nuit, nous cherchions à gagner Reims, mais nous rencontrâmes une forte colonne ennemie de toutes armées. Nous dûmes nous défiler dans les bois de Chassemy.
Le 4 septembre, le capitaine Boitel, parti en reconnaissance pour chercher à nous ravitailler, disparut. Je pris alors le commandement du détachement. Je réussis à le faire vivre en utilisant les ressources des villages à proximité. Je le défilai dans les bois, dans les carrières et dans les villages que les Allemands n’occupaient pas. Je formai avec ce détachement d’isolés de toutes armes et de tous corps des unités disciplinées et prêtes au combat.
Toute tentative pour percer vers le sud me sembla impossible car je me heurtais à de grandes voies de communication fortement gardées.
Le 10 septembre, étant à Launoy, j’entendis un combat dans la direction d’Hartennes.
Le lendemain matin 11 septembre je pouvais rentrer dans les lignes françaises. Je dirigeai les isolés vers leurs corps respectifs et le 13 septembre vers 15 heures, je rejoignis le 148e à la Musette (4 km NO de Berry-au-Bac) avec 350 hommes.
Je dois citer le dévouement de l’adjudant Robert qui me seconda constamment avec zèle et énergie, et dirigea avec habileté le passage de l’Aisne en barque.
Les lieutenants Pecqueur et Bena, grâce à leur expérience du commandement et à leurs sages conseils me furent de précieux auxiliaires.
Le sergent Deparis (4e Cie) déguisé en civil fut un agent de ravitaillement et d’information habile et infatigable.
Le soldat Varlet, de la 9e Cie, s’est distingué par son énergie et son dévouement. »
- Le 148e RI participe aux combats de Berry pendant près d’une semaine, accueillant encore quelques isolés perdus le 1er septembre, dont le capitaine Roques qui reprend immédiatement son poste. Le 19 septembre, le régiment au repos est reconstitué à 3 bataillons, comme trois semaines plus tôt.
JMO du 148e RI (jusqu’au 12 septembre)
JMO du 148e RI (après le 12 septembre)
(source: SHD)
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- « Un officier du 148e, Mr le Capitaine Roques, se présente à l’Etat-Major du Régiment. Il vient du village de Chermizy. Il est en civil et s’est dissimulé au milieu des lignes allemandes, depuis la retraite de son Régiment dont plusieurs fractions ont trouvé les ponts de l’Aisne coupés. »
(JMO du 4e Zouaves – Source : SHD)
Le repli du 148e RI
- Depuis le début de la guerre, en effet, le capitaine Roques commande la 11e compagnie du 3e bataillon du 148e régiment d’infanterie (4e GDR). Après les combats en Belgique, l’ensemble de cette unité se replie, dans un certain désordre et sous la pression ennemie, jusqu’aux alentours de Coucy-le-Château via la forêt de Saint-Gobain.
- Le 1er septembre, le colonel Cadoux, commandant le régiment, est sans nouvelles de ses supérieurs, supposés stationnés dans les villages voisins (Fresnes et Quincy) ; les messagers envoyés sur place sont informés par les habitants que toutes les troupes françaises restantes sont parties depuis la veille. On décide alors de franchir l’Ailette pour rejoindre Soissons où la division – semble-t-il – est en train de se regrouper. Mais les Allemands de la Garde sont déjà sur la rive sud, occupant les ponts, et sur les hauteurs de Leuilly ; après de très durs combats, tout franchissement se révèle impossible.
- L’état-major du 148e décide alors de se déplacer vers l’est : environ 1 100 hommes parviennent à Anizy-le-Château tard dans la soirée ; « 4 compagnies du 3e bataillon laissées en arrière pour assurer le repliement du Régiment n’ont pu rejoindre Anizy et ont manqué le départ du Régiment pour Pinon. Deux compagnies, les 5e et 6e, sont également séparées du Régiment.
Le colonel avait demandé au maire d’Anizy de diriger sur Pinon tous les éléments du 148e qui parviendraient à Anizy après le départ de cette localité [vers 22 heures, après 2 heures de repos]. »
- Le lendemain, 2 septembre, les restes du régiment mettent cap vers le sud – Chavignon-Filain-Moussy (après 2 heures de repos sur l’Epine de Chevregny) – afin de franchir l’Aisne pour suivre le mouvement général de l’armée française. Mais, à leur arrivée, le pont de Bourg-et-Comin a déjà sauté ; idem un peu plus loin à Pont-Arcy ; il faut aller jusqu’à Chavonne pour parvenir enfin en rive gauche (le pont est immédiatement détruit) et poursuivre le repli.
- « C’est ainsi qu’il parcourut 70 km en 27 h, arrivant au pont de l’Aisne à Chavonnes [sic] et à celui de la Marne à Chartèves bon dernier pour les traverser avant qu’ils ne soient détruits. Dans cette marche, le 148e s’est fait précéder d’officiers montés qui allaient prévenir le Génie préposé à la destruction des ponts, de l’arrivée du régiment afin qu’on en retarde si possible la destruction jusqu’à l’arrivée du régiment. » (rapport du colonel Cadoux)
- Aucune information concernant les troupes laissées sur l’Ailette la veille … « Je ne m’explique pas comment le 3e bataillon a pu s’égarer. A 19 heures à Jumencourt, j’ai parlé moi-même aux Capitaines Delorme, Renon et Dagalier qui n’ont pas encore reparu. » (idem)
Dans les creutes
- Ceux qui sont restés en arrière le 1er septembre connaissent des fortunes diverses, qui ne sont pas toutes connues. Gérard Lachaux (dans Les creutes : Chemin des Dames et Soissonnais) décrit le sort de certains d’après Odyssée d’un R.I. à travers le Soissonnais (général Vignier).
- Certains tentent de se dissimuler dans des creutes près de Soupir ou de Pargnan ; tous ne parviennent pas à tenir jusqu’au retour des Alliés dans le secteur et sont capturés par les Allemands.
- Six hommes du 148e se cachent dans une carrière au nord de Beaulne ; pendant une dizaine de jours, ils se terrent au plus profond des lieux, se s’aventurant vers l’extérieur que lorsque les villageois (le curé de Troyon ou Georgette Bourdin par exemple) viennent leur apporter de la nourriture ou un almanach des PTT pour échafauder un plan d’évasion. Un jour, n’y tenant plus, ils allument un feu pour se réchauffer devant leur abri, manquant de se faire surprendre par des cavaliers qui passent sur la route toute proche. Finalement, le 13, face aux détonations et aux bruits de combat, l’espoir revient ; ils sont finalement découverts par des soldats britanniques, dans un premier temps méfiants face à leur état physique et vestimentaire puis qui les laissent rejoindre leur unité …
Le regroupement
- Après la bataille de la Marne, en effet, le 148e participe à la contre-offensive alliée et arrive près de Berry-au-Bac, combattant face à une adversité plus décidée que dans les jours précédents vers la ferme du Choléra.
- « Vers 15h30, le 148e est rallié par le lieutenant de Beaucoudray [9e Cie du 3e Btn], commandant un détachement de 350 hommes, séparés du régiment depuis Coucy-le-Château. »
- Il raconte alors ces dix derniers jours : « Le 1er septembre, au cours du combat de Coucy, le Capitaine Roques s’est replié avec deux de mes sections pendant que je le protégeais par mon feu avec les deux autres. N’ayant reçu de lui que des indications vagues, je perdis sa trace.
Le 2 septembre, dans la matinée, je rejoignis un détachement commandé par le capitaine Boitel. Le Capitaine Boitel réussit à nous faire passer les lignes allemandes jusqu’à l’Aisne en utilisant les bois. Les ponts de l’Aisne étant coupés, nous passâmes en barque près de Chavonnes.
Le 3 septembre, vers 15 heures, le détachement grossi de nombreux isolés du régiment et d’autres corps s’élevait à 400 hommes. A la tombée de la nuit, nous cherchions à gagner Reims, mais nous rencontrâmes une forte colonne ennemie de toutes armées. Nous dûmes nous défiler dans les bois de Chassemy.
Le 4 septembre, le capitaine Boitel, parti en reconnaissance pour chercher à nous ravitailler, disparut. Je pris alors le commandement du détachement. Je réussis à le faire vivre en utilisant les ressources des villages à proximité. Je le défilai dans les bois, dans les carrières et dans les villages que les Allemands n’occupaient pas. Je formai avec ce détachement d’isolés de toutes armes et de tous corps des unités disciplinées et prêtes au combat.
Toute tentative pour percer vers le sud me sembla impossible car je me heurtais à de grandes voies de communication fortement gardées.
Le 10 septembre, étant à Launoy, j’entendis un combat dans la direction d’Hartennes.
Le lendemain matin 11 septembre je pouvais rentrer dans les lignes françaises. Je dirigeai les isolés vers leurs corps respectifs et le 13 septembre vers 15 heures, je rejoignis le 148e à la Musette (4 km NO de Berry-au-Bac) avec 350 hommes.
Je dois citer le dévouement de l’adjudant Robert qui me seconda constamment avec zèle et énergie, et dirigea avec habileté le passage de l’Aisne en barque.
Les lieutenants Pecqueur et Bena, grâce à leur expérience du commandement et à leurs sages conseils me furent de précieux auxiliaires.
Le sergent Deparis (4e Cie) déguisé en civil fut un agent de ravitaillement et d’information habile et infatigable.
Le soldat Varlet, de la 9e Cie, s’est distingué par son énergie et son dévouement. »
- Le 148e RI participe aux combats de Berry pendant près d’une semaine, accueillant encore quelques isolés perdus le 1er septembre, dont le capitaine Roques qui reprend immédiatement son poste. Le 19 septembre, le régiment au repos est reconstitué à 3 bataillons, comme trois semaines plus tôt.
JMO du 148e RI (jusqu’au 12 septembre)
JMO du 148e RI (après le 12 septembre)
(source: SHD)
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dimanche 11 mars 2012
R comme Rivoli
(Carte tirée du JMO de la 18e DI - Source: SHD)
- Le « centre Rivoli » est un ouvrage fortifié qui sert de Poste de Commandement (P.C) aux unités présentes en bordure du bois de Beaumarais, au sud-est de Chevreux.
- Le 8 avril 1917, André Zeller y arrive pour mettre en place le bombardement de son unité (1er groupe du 27e RAC – 2e DI). « Ce poste de commandement fonctionnait dans un abri assez vaste, creusé en sous-sol, dans une région légèrement surélevée du bois de Beaumarais. Pour échapper à l’entassement des secrétaires et agents de liaison, ainsi qu’à la lumière un peu fatigante des bougies, je passais une grande partie de mes journées dehors, soit en visite aux bataillons, soit en arpentant les sous-bois voisins. »
- Le 15, il a la surprise de voir arriver à Rivoli « un brave canonnier-trompette, tirant derrière lui sa monture. Symbole des illusions du commandement, il était destiné à caracoler lors de l’avance profonde du lendemain [pour le colonel Dietrich, du groupement d’artillerie]. Pour l’instant, la zone du P.C. Rivoli, passablement battue par les gros obus, se prêtait mal à l’hébergement de cet animal, qui paraissait dépaysé au milieu des tranchées et des entrées de galeries de mines. Je le renvoyai, lui et son cavalier, vers les bivouacs des trains de combat, en me réservant leurs services au cas d’un développement favorable de l’action du lendemain. »
Source : André Zeller, Dialogues avec un lieutenant
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- Le « centre Rivoli » est un ouvrage fortifié qui sert de Poste de Commandement (P.C) aux unités présentes en bordure du bois de Beaumarais, au sud-est de Chevreux.
- Le 8 avril 1917, André Zeller y arrive pour mettre en place le bombardement de son unité (1er groupe du 27e RAC – 2e DI). « Ce poste de commandement fonctionnait dans un abri assez vaste, creusé en sous-sol, dans une région légèrement surélevée du bois de Beaumarais. Pour échapper à l’entassement des secrétaires et agents de liaison, ainsi qu’à la lumière un peu fatigante des bougies, je passais une grande partie de mes journées dehors, soit en visite aux bataillons, soit en arpentant les sous-bois voisins. »
- Le 15, il a la surprise de voir arriver à Rivoli « un brave canonnier-trompette, tirant derrière lui sa monture. Symbole des illusions du commandement, il était destiné à caracoler lors de l’avance profonde du lendemain [pour le colonel Dietrich, du groupement d’artillerie]. Pour l’instant, la zone du P.C. Rivoli, passablement battue par les gros obus, se prêtait mal à l’hébergement de cet animal, qui paraissait dépaysé au milieu des tranchées et des entrées de galeries de mines. Je le renvoyai, lui et son cavalier, vers les bivouacs des trains de combat, en me réservant leurs services au cas d’un développement favorable de l’action du lendemain. »
Source : André Zeller, Dialogues avec un lieutenant
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mercredi 7 mars 2012
B comme Bois de l'Enclume
(Les traces visibles des boyaux et tranchées sur une photo aérienne de 1949 - Source: IGN)
- Bois situé au sud de Corbeny, le long de la D 1044, sur une hauteur (Butte Noirmont sur les cartes IGN actuelles).
- Dans le détail, il existe en fait un bois principal qui porte ce nom, un autre de très faible superficie à l’ouest (bois du Forgeron), enfin un troisième ensemble au nord (Petits bois de l’Enclume ou Bois Licorne selon les documents)
- Après avoir repoussé les troupes françaises qui avaient réussi à occuper Corbeny le 14 septembre 1914, les Allemands fortifient la zone qui se trouve entre le village et le bois de Beaumarais. La hauteur qui longe la Nationale 44 est alors progressivement transformée en bastion défensif redoutable (pendant oriental des Bastions de Chevreux).
- Le bois de l’Enclume devient ainsi le cœur de la deuxième ligne de défense allemande, avec devant lui les tranchées du Marteau et de l’Enclume.
- La puissance de feu du bastion de l’Enclume, peu touchée par la préparation, est l’une des causes de l’échec de l’offensive Nivelle dans le secteur. Néanmoins, à partir de mai 1917, l’Enclume se retrouve en première ligne après les quelques progrès français.
- Le secteur connaît alors une suite de coups de main français qui tentent de s’emparer de ce site, en vain …
- Le 2 novembre, lors de leur mouvement général de repli sur l’Ailette, les Allemands abandonnent le bois tout en se renforçant dans Corbeny. « Il n’existait aucune organisation, et le gel durcissant le sol ne permettait à ce moment ni terrassements ni travaux de réseaux. La vigilance de nos troupes devait se montrer très active. Les entreprises de l’ennemi, fort bien retranché dans ses positions organisées depuis longtemps, étaient presque journalières, et nous trouvaient faiblement protégés contre lui. » (Historique 113e RI, décembre 1917)
- Le 18 décembre, un de ces coups de main allemands est particulièrement éprouvant pour le 113e, qui vient juste d’arriver en ligne :
« A 1 heure une patrouille ennemie se présente devant PP2 (Centre de Résistance de l’Enclume) occupé par le 1er Btn (Btn Genty). Elle est repoussée à coups de grenades.
A 6 heures 2 fortes colonnes comptant chacune 30 à 40 hommes tentent un coup de main sur nos petits postes devant le 1er Btn. Celle venant de l’ouest attaque notre petit poste PP6, commandé par le sergent Serreau de la 2e Cie. Le poste engage la lutte et résiste fermement. 1 caporal et trois hommes sont blessés. L’ennemi sous le tir de nos F.M. et l’action de nos grenadiers se retire sans avoir obtenu de résultat.
Au même et avant que nos postes puissent tenter un mouvement de repli sur notre ligne de résistance, un bombardement d’une violence extrême se déclanche [sic] sur toute la position de l’Enclume. La colonne de l’Est prend à revers en même temps notre PP5 échelonné à la corne Est du petit Bois de l’Enclume. Une lutte très vive s’engage, le sergent Chrétien qui commande le PP tombe blessé et roule en gémissant sur le sol. 3 autres hommes sont également blessés. Un sous-officier allemand tué à bout portant par un de nos hommes s’abat en même temps que plusieurs de ses hommes. Son corps qui ne porte aucun insigne ni aucun indice permettant de l’identifier reste entre nos mains.
L’ennemi en se retirant emporte le sergent Chrétien et au moins 2 autres corps de soldats allemands qu’on avait vu tomber et qu’on ne retrouve pas. Le sol porte des traces de corps sanglants traînés.
[A l’ouest de l’Enclume,] le sous-lieutenant Lochon qui commandait la section qui fournissait les postes, étant dans la parallèle de résistance avec un caporal et 4 hommes crie : “voilà les boches tout le monde à son poste” mais surpris par derrière par la colonne ennemie, il est rapidement mis hors d’état de résister. Cette fraction est considérée comme disparue. »
Le bilan pour le 113e RI est de 2 tués, 14 blessés et 7 disparus.
- Le 30 décembre, une nouvelle action allemande dans le secteur cause la mort de 2 soldats (2 autres sont blessés), cette fois sans grande réussite.
(JMO 113e RI – Source: SHD)
(Le bois de l'enclume aujourd'hui vu depuis l'ancienne première ligne française - Tranchée Anspach)
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- Bois situé au sud de Corbeny, le long de la D 1044, sur une hauteur (Butte Noirmont sur les cartes IGN actuelles).
- Dans le détail, il existe en fait un bois principal qui porte ce nom, un autre de très faible superficie à l’ouest (bois du Forgeron), enfin un troisième ensemble au nord (Petits bois de l’Enclume ou Bois Licorne selon les documents)
- Après avoir repoussé les troupes françaises qui avaient réussi à occuper Corbeny le 14 septembre 1914, les Allemands fortifient la zone qui se trouve entre le village et le bois de Beaumarais. La hauteur qui longe la Nationale 44 est alors progressivement transformée en bastion défensif redoutable (pendant oriental des Bastions de Chevreux).
- Le bois de l’Enclume devient ainsi le cœur de la deuxième ligne de défense allemande, avec devant lui les tranchées du Marteau et de l’Enclume.
- La puissance de feu du bastion de l’Enclume, peu touchée par la préparation, est l’une des causes de l’échec de l’offensive Nivelle dans le secteur. Néanmoins, à partir de mai 1917, l’Enclume se retrouve en première ligne après les quelques progrès français.
- Le secteur connaît alors une suite de coups de main français qui tentent de s’emparer de ce site, en vain …
- Le 2 novembre, lors de leur mouvement général de repli sur l’Ailette, les Allemands abandonnent le bois tout en se renforçant dans Corbeny. « Il n’existait aucune organisation, et le gel durcissant le sol ne permettait à ce moment ni terrassements ni travaux de réseaux. La vigilance de nos troupes devait se montrer très active. Les entreprises de l’ennemi, fort bien retranché dans ses positions organisées depuis longtemps, étaient presque journalières, et nous trouvaient faiblement protégés contre lui. » (Historique 113e RI, décembre 1917)
- Le 18 décembre, un de ces coups de main allemands est particulièrement éprouvant pour le 113e, qui vient juste d’arriver en ligne :
« A 1 heure une patrouille ennemie se présente devant PP2 (Centre de Résistance de l’Enclume) occupé par le 1er Btn (Btn Genty). Elle est repoussée à coups de grenades.
A 6 heures 2 fortes colonnes comptant chacune 30 à 40 hommes tentent un coup de main sur nos petits postes devant le 1er Btn. Celle venant de l’ouest attaque notre petit poste PP6, commandé par le sergent Serreau de la 2e Cie. Le poste engage la lutte et résiste fermement. 1 caporal et trois hommes sont blessés. L’ennemi sous le tir de nos F.M. et l’action de nos grenadiers se retire sans avoir obtenu de résultat.
Au même et avant que nos postes puissent tenter un mouvement de repli sur notre ligne de résistance, un bombardement d’une violence extrême se déclanche [sic] sur toute la position de l’Enclume. La colonne de l’Est prend à revers en même temps notre PP5 échelonné à la corne Est du petit Bois de l’Enclume. Une lutte très vive s’engage, le sergent Chrétien qui commande le PP tombe blessé et roule en gémissant sur le sol. 3 autres hommes sont également blessés. Un sous-officier allemand tué à bout portant par un de nos hommes s’abat en même temps que plusieurs de ses hommes. Son corps qui ne porte aucun insigne ni aucun indice permettant de l’identifier reste entre nos mains.
L’ennemi en se retirant emporte le sergent Chrétien et au moins 2 autres corps de soldats allemands qu’on avait vu tomber et qu’on ne retrouve pas. Le sol porte des traces de corps sanglants traînés.
[A l’ouest de l’Enclume,] le sous-lieutenant Lochon qui commandait la section qui fournissait les postes, étant dans la parallèle de résistance avec un caporal et 4 hommes crie : “voilà les boches tout le monde à son poste” mais surpris par derrière par la colonne ennemie, il est rapidement mis hors d’état de résister. Cette fraction est considérée comme disparue. »
Le bilan pour le 113e RI est de 2 tués, 14 blessés et 7 disparus.
- Le 30 décembre, une nouvelle action allemande dans le secteur cause la mort de 2 soldats (2 autres sont blessés), cette fois sans grande réussite.
(JMO 113e RI – Source: SHD)
(Le bois de l'enclume aujourd'hui vu depuis l'ancienne première ligne française - Tranchée Anspach)
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