- Pédagogue français
- Gars (Alpes-Maritimes) 1896 – Vence 1966
- Célestin Freinet est à l’Ecole normale d’instituteurs à Nice lorsqu’il est mobilisé, en 1915. Il étudie à Saint-Cyr et en sort aspirant. Il combat notamment en Champagne en 1916.
- Le 140e auquel il appartient est au Chemin des Dames, dans le secteur d’Hurtebise, début juin 1917.
- Le 23 octobre 1917, Célestin Freinet est blessé au poumon droit par une balle dans le ravin des Gobineaux, lors de l’assaut marquant les débuts de la bataille de La Malmaison. Il reçoit la Croix de guerre et la Médaille militaire, mais doit rester hospitalisé pendant 4 ans (il garde cependant des séquelles respiratoires jusqu’à sa mort).
- En 1920, Freinet devient instituteur et commence son expérimentation de nouvelles méthodes de pédagogie (qui portera son nom), en partie à cause de son handicap physique qui l’empêche de parler longtemps : il cherche à faire de sa classe un atelier, laissant plus d’autonomie et d’initiatives aux élèves …
- En 1920 paraît Touché. Souvenirs d’un blessé de guerre (réédité en 1996), récit de Célestin Freinet rédigé à partir des notes de ses carnets de campagne.
- « Ma belle canne en serpent que j’avais coupée à Vrigny, je l’ai perdue. Je la cherche désespérément, pressentant l’immense malheur... Oh ! J’en suis sûr, si je l’avais retrouvée, je serais encore comme vous, et je chanterais et je rirais... je ne serais pas un pauvre mutilé.
Je marchais droit devant ma ligne de tirailleurs, regardant, sur la côte en face, monter le 2e bataillon, précédé du feu roulant.
Un coup de fouet indicible en travers des reins: «Pauvre vieux... c’est ta faute... Il ne fallait pas rester devant... tu n’aurais pas reçu ce coup de baïonnette.» J’ai ri - je croyais qu’un soldat m’avait piqué par inadvertance, et je voulais l’excuser - j’aurais voulu cacher ma douleur... je suis tombé... Qu’elle était bête cette balle!
Par le milieu du dos, le sang gicle... Ma vie part avec... je vois la mort s’avancer au galop... Je n'ai pas voulu m'évanouir et je ne me suis pas évanoui... j'ai voulu me lever: j'ai rassemblé toutes mes forces; je n'ai pas bougé... Ma poitrine est serrée dans un étau.
Couché sur le brancard, j'ai senti qu'il pleuvait. L'aéro de la mission rasait le sol. Mon casque est tombé.
Le médecin de bataillon est tout rouge de sang - un boucher. Dans le trou où j'attends un autre crie... on vient... Oh! Que de blessés!...
Je grogne. Les Allemands (affectés au service sanitaire) qui me portent s'arrêtent. Ils cherchent des épingles anglaises pour me couvrir de deux capotes... Ils me remportent le plus doucement possible.
Des tanks énormes vont à la bataille. Un blessé léger s'en va clopin-clopant vers l'arrière... que je l'envie!...
Me voilà revenu à mon point de départ, à 1500 mètres du nouveau front. Que suis-je allé faire là-bas ? »
Voir notamment une page consacrée à la blessure de Freinet
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