mardi 17 juillet 2012

D comme Dauly (Jean) et Duquenoy (Marcel)


- En 1917, le breton Jean Dauly et le calaisien Marcel Duquenoy sont deux soldats (classe 1917) du 350e régiment d’infanterie ; ils rejoignent leur unité alors que celle-ci est au repos et à l’entraînement (19 janvier ? 13 avril ?).
- Tous les deux appartiennent au 4e bataillon, Jean au sein de la 13e compagnie, tandis que Marcel est aspirant à la 14e.


- Dès février 1917, le 350e arrive dans le secteur de Soupir, d’abord pour le tenir puis pour poursuivre le succès prévu de l’offensive Nivelle.

- Il est en revanche en première ligne au moment de la reprise de l’offensive, le 5 mai, sur l’Epine de Chevregny.
- Dès 3 heures, blottis dans la tranchée de la Sape (à proximité des ruines de la ferme Certeaux), qui est protégée par des tôles de la vue des avions allemands, Jean et Marcel attendent l’ordre du départ, qui sonne à 9 heures.
- D’abord, les Français progressent bien, protégés par leur artillerie, dépassent le Chemin des Dames et les premières lignes allemandes. Cependant, dès le milieu de matinée, les mitrailleuses allemandes installées sur les lisières des forêts qui couvrent le versant Nord les freinent considérablement. Réduire ces nids de mitrailleuses devient donc l’objectif du 4e bataillon, fortement contrarié par les contre-attaques adverses qui débutent dans l’après-midi.
- L’effort allemand est encore plus violent le lendemain, 6 mai. Jean Dauly et Marcel Duquenoy sont tués au cours des combats (dans un premier temps, on pense que le deuxième a peut-être été fait prisonnier). Jean vient de fêter ses 20 ans, le 22 avril, en pleine offensive ; Marcel ne les avait pas encore (né le 22 juin).


- Après la guerre, les familles des deux jeunes hommes font élever deux monuments en bordure du Chemin des Dames, à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre mais aussi de l’endroit où ils sont tombés, « dans le bois d’en face ».





Fiche MPF de Jean Dauly

Fiche MPF de Marcel Duquenoy

JMO du 350e RI

 _

jeudi 12 juillet 2012

C comme Creutes marocaines


- Ensemble de creutes situé au nord-ouest du village de Moulins.

- Après la stabilisation du front, en septembre 1914, ces carrières se trouvent à proximité immédiate du front, côté français. Cette situation dure plus de trois ans. Toutes les unités venant combattre autour de Cerny-en-Laonnois et dans le saillant de Deimling y séjournent.


- Le 5 juin, le RICM y monte après avoir pris un dernier moment de repos sur les bords de l’Aisne, via les ruines de Moulins (« la route, défoncée par les obus, était assez pénible et parfois, dans les vallons, l’acre odeur des obus à gaz nous prenait à la gorge. »). « La carrière où nous nous trouvions alors, appelée “creute marocaine”, était éclairé par deux moteurs à essence et se trouvait déjà occupée par un bataillon de réserve dont les hommes s’apprêtaient à dormir sur de confortables châlits. » (René Germain, Il revint immortel de la grande bataille – Carnets de guerre 1914-1919)



- Après le repli allemand du 2 novembre 1917, les creutes marocaines ne sont plus au contact de la première ligne mais gardent leur rôle essentiel pour les troupes de réserve. Elles sont aux mains des Allemands entre le 27 mai et le 12 octobre 1918.

 _

mercredi 4 juillet 2012

S comme Sergents du 120e BCP


- Le 8 juillet 1917, les Allemands mènent une attaque très brutale dans le secteur du Panthéon. Face à eux le 120e Bataillon de Chasseurs à pied (129e DI), qui y est présent depuis le 14 juin ; les Français contrôlent les points hauts du plateau, ce que ne peut accepter l’état-major adverse.

Carte postérieure (23 octobre 1917), à but de repérage - source SHD


- Un bombardement bref débute en pleine nuit, à 3h20. Cinq minutes plus tard, trois colonnes allemandes progressent dans les boyaux français : Epaulette, Arbalète et Panthéon. Elles parviennent à 50 mètres au sud du Chemin des Dames ; les tranchées de la Mèche et Moussard sont atteintes.
- Progressivement la réaction du 120e BCP s’organise autour des groupes présents dans les organisations défensives françaises, certains à la grenade, d’autres tirant par-dessus la tête de leurs camarades situés dans la tranchée devant eux « sur des vagues ennemies qui à ce moment-là apparaissent à découvert sur tout le front du Panthéon et dont la marche en avant se trouve gênée par notre réseau de fil de fer incomplètement détruit. […] Le combat dure environ ¼ d’heure et est mené avec beaucoup d’acharnement de part et d’autre : de fréquents corps à corps ont lieu. »
- Les tranchées Moussard et de la Mèche sont complètement reconquises, ce qui oblige les assaillants à se replier sur leurs positions de départ. Vers 6 heures les combats sont terminés ; le 120e BCP profite des heures suivantes pour renforcer ses défenses et soigner ses blessés, tandis que les Allemands tentent d’autres coups de main, vite avortés à cause de l’artillerie française.


- Au total, l’unité perd 138 hommes, tandis que 90 cadavres allemands sont récupérés dans les lignes récupérées.
- Parmi les 22 tués du 120e BCP en ce 8 juillet 1917, on trouve notamment les quatre sergents Victor Baudon, Gaston Gabourel, André Morand et Félix Jacquinot. Après la guerre, la famille de ce dernier fait élever un monument en son honneur et en celle de ses camarades dans le cimetière militaire de Vailly-sur-Aisne



- Un autre sergent, Delabarre (3e compagnie), connaît une mésaventure qui se termine bien au cours de la journée. « Ce sous-officier, emmené au petit jour à découvert vers la tranchée du Casse-Tête, s’est replié vers la droite, à cause de notre propre tir de barrage, et s’est réfugié avec ses huit hommes dans un abri de mitrailleuses allemandes dans le prolongement du boyau de l’Epaulette. A 13h30, il a vu un obus éclater à quelques mètres de son abri et anéantir un peloton ennemi qui s’avançait en colonne par un vers le Chemin des Dames. Dans la suite, […] le sergent Delabarrre, mal gardé, a réussi à s’échapper en bousculant ses gardiens après la dernière attaque de 21h50 et à rentrer dans nos lignes avec ses 8 hommes. »









Source : JMO du 120e BCP  (SHD)

_