vendredi 10 février 2012

M comme Malgaches

- Pendant le premier conflit mondial, 41 000 Malgaches combattent pour la France ; 2 500 sont tués ou portés disparus.
- C’est le gouverneur général de la colonie, Hubert Garbit, qui organise la mobilisation. Le premier contingent est envoyé en octobre 1915 vers la métropole ; ils stationnent dans un camp proche de Fréjus avant de combattre dans le Nord de la France.


- Finalement, fin 1916, le 12e bataillon de chasseurs malgaches est constitué à partir des 12e et 13e compagnies malgaches du 73e BTS.
- Début avril 1917, ils sont débarqués à Soissons, d’abord travaillant pour le Génie puis mis au service de la 3e DIC – 1er CAC (à partir du 30).
- Le 5 mai, les Malgaches font leur véritable baptême du feu au nord de Vauxaillon lors de la 2e grande phase de l’offensive Nivelle : il s’agit pour eux d’empêcher toute tentative allemande de contournement par le canal de l’Ailette (tranchées du Buffle et de l’Aviatick)


- Certains participent à d’autres tâches aux côtés des combattants.
- Ainsi, début mai 1917, au moulin de Laffaux, Georges Duhamel rencontre des Malgaches dans son « autochir ». « Ca ne va pas votre brancardage. Je vais vous envoyer huit Malgaches. Ce sont d’excellents porteurs », lui dit un supérieur. « C’était, avec plus d’exactitude, un assortiment de nègres où dominait l’élément malgache, une série d’échantillons prélevés sur le 1er Corps colonial qui, à cette heure même, tapait ferme devant Laffaux. Il y avait quelques Soudanais sans âge, ridés, ténébreux, cachant sous la vareuse réglementaire des grigris patinés qui sentaient le cuir, la sueur et les huiles exotiques. Pour les Malgaches, imaginez des hommes de taille médiocre, d’aspect chétif, qui ressemblaient à des fœtus noirs et sérieux. » (Georges Duhamel, Civilisation)



- Le 13, le bataillon malgache rentre à Soissons, puis est rattaché au 37e CA (62e puis 81e DI) : après renforcement, il est en secteur autour de Terny-Sorny puis de Juvigny, accomplissant principalement des travaux d’aménagement puis assurant la défense des premières lignes au nord de l’Ailette, près de Vauxaillon (au sein du 66e RIT), aux côtés de 150 cuirassiers. « Les deux compagnies malgaches sont accolées et tiennent toute la lisière est du bois du Mortier. Relevées tous les douze jours à l’issue desquels elles bénéficient théoriquement de six jours de repos, elles sont en fait constamment employées sans connaître le moindre répit. Les six jours de récupération à l’issue du séjour en ligne sont systématiquement mis au profit du Génie en manque de main d’œuvre pour le maintien en état des infrastructures de communication et de soutien. » (Jacques Razafindranaly, Les soldats de la Grande île : d’une guerre à l’autre, 1895-1918)
- Le 23 août, le bataillon repousse un coup de main mené par une quarantaine d’Allemands (1 mort).
- Le 10 septembre, ce sont deux patrouilles qui sont surprises par un groupe d’Allemands en train de préparer une attaque en coupant les barbelés : un engagement bref mais violent s’ensuit (1 mort, et plusieurs sanctions contre des tirailleurs qui n’ont pas eu un comportement adéquat selon la hiérarchie : un sergent est cassé et redevient 2e classe, cinq tirailleurs sont punis de 15 jours de prison – tous accusés d’avoir laissé seul leur chef de patrouille au moment du combat, celui-ci étant tué).

- Face à l’accroissement de la tension dans ce secteur (des prisonniers allemands révèlent que des troupes nouvelles viennent d’arriver du front oriental), l’état-major décide de retirer les Malgaches – jugés trop peu sûrs. Pourtant, la veille de leur départ, le 20 septembre, ils repoussent à nouveau un puissant coup de main ennemi (3 tués, 12 blessés).
- Début octobre, comme les autres soldats venus des colonies, les Malgaches sont envoyés dans le sud de la France.



- En 1918, le bataillon malgache participe à l’offensive de septembre 1918 et progresse au nord de Soissons vers Terny-Sorny (combats le 2) puis en direction d’Allemant (le 14), lieux déjà bien connu des survivants de 1917.

- Début 1919, il devient le 1er Régiment de Chasseurs malgaches.



Sources principales :
JMO du 12e BTM
et livre de Jacques Razafindranaly, Les soldats de la Grande île : d’une guerre à l’autre, 1895-1918


A consulter aussi :
http://nice-madagascar.blogspot.com/2011/12/156-tirailleurs-coloniaux-malgaches-au.html

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