- Pendant la guerre, certaines troupes venus de l’empire colonial français ne combattent pas directement mais participent à des tâches de manutention pour aider l’armée ou remplissent des tâches difficiles et ingrates (la récupération des corps ou le déminage des zones récupérées par exemple). Ils sont gérés par le SOTC : Service de l’Organisation des Travailleurs Coloniaux.
- C’est le cas notamment de la quasi-totalité des soldats venus d’Indochine (près de 50 000 hommes). Au mois d’avril 1917, le 21e bataillon indochinois est ainsi employé à l’entretien des routes, des pistes d’atterrissage et à l’assainissement du champ de bataille au Chemin des Dames.
- Après 1918, les travailleurs coloniaux participent à la reconstruction des régions dévastées. Leur rôle est donc particulièrement important dans l’Aisne.
- Indochinois, Kabyles et environ 5 000 Chinois (qui ne font pas partie de l’empire français) vivent dans des cantonnements militaires à Bucy-le-Long, Braine, Bazoches, Courcelles ou Vasseny ; ils participent à la remise en valeur des terres agricoles et à la construction de routes et d’infrastructures de transport.
- La main d’œuvre étrangère n’est pas toujours bien vue lorsque le conflit commence à s’éloigner.
http://www.crid1418.org/espace_pedagogique/documents/icono/sortie_guerre.html
« Le district, qui commençait à fonctionner cahin-caha, n’employait guère comme ouvriers que des prisonniers de guerre et des Chinois, et tandis que ceux-ci, bien nourris, chaudement vêtus, flânaient dans le pays, se mettant quatre pour conduire une brouette vide et restant assis des heures sur les tas de décombres qu’ils devaient enlever, les habitants privés de tout, s’aigrissaient dans le désœuvrement.
Les Chinois étaient devenus les maîtres dans la contrée. On en trouvait des camps tout au long de la vallée, à Chassemy, à Couvrelles, et, excepté les commerçants qui vivaient d’eux, tout le monde les regardaient comme un fléau. Silencieux, invisibles, ils se faufilaient partout, pas plus gênés pour pousser une porte que pour grimper un mur, et à tout moment, des habitants rentrant chez eux en trouvaient d’installés à leur table, pas menaçants du tout, l’air avenant, au contraire, et qui écoutaient brailler leur hôte avec des yeux plissés d’astuce et une longue bouche qui se moquait du monde. Les déloger était impossible : ils faisaient semblant de ne pas comprendre et babillaient gentiment en chinois des choses qui étaient probablement des insultes, tandis que le sinistré, cramoisi de colère, s’égosillait en vain.
Que voulait vous que j’y fasse, répondait invariablement le chef du camp aux plaignants qui se présentaient. Il y a un surveillant par équipe de trente-cinq, et il en faudrait plutôt trente-cinq pour en garder un seul, tant ces rossards-là sont nés malins... Etes-vous mécontents de leur travail ? Cela regarde les Régions libérées... Si ce sont des déprédations que vous leur reprochez, il faudra adresser votre réclamation aux Affaires étrangères, car ils ne sont soumis qu’aux lois chinoises. Maintenant, moi, je dépends de la Guerre. A vous de choisir."
(Roland Dorgelès, Le Réveil des morts)
Sources :
http://www.stratisc.org/TC_5.htm
Exposition de la Caverne du Dragon sur l’Aisne après la guerre
http://www.caverne-du-dragon.com/UserFile/File/Espace_Presse/Dossier%20de%20presse%201919.pdf
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