- Militaire français président de la commission qui enquête sur l’échec de l’offensive Nivelle en 1917
- Uzerche (Corrèze) 1841 – Lautaret 1918
- Sorti de Polytechnique en 1859, Joseph Brugère mène une longue et brillante carrière qui le voit participer à la guerre contre la Prusse (1870) et à l’expédition de Tunisie (1881) entre autres, tout en grimpant les échelons de la hiérarchie et en devenant conseiller des présidents de la République. Il est gouverneur militaire de Paris de 1898 à 1904 (généralissime, il est le plus haut officier de l’armée française), puis en retraite en 1906.
- En 1914, il demande à être réintégré au service actif puis reçoit le commandement des divisions territoriales sur le front.
- Le 14 juillet 1917, le ministre de la guerre Paul Painlevé lui confie la présidence de la commission constituée avec les généraux Foch et Gouraud. Les consignes du ministre sont claires : « C’est uniquement une commission d’études dont les membres sont, en toute impartialité, invités à rechercher d’une part les conditions au milieu desquelles s’est développée l’offensive d’avril, et à préciser d ‘autre part le rôle du haut commandement. Elle n’a aucune sanction à proposer comme conclusion de ses travaux. »
- La commission se donne deux objectifs : entendre seulement les principaux responsables de l’offensive, les généraux Nivelle, Micheler, Mangin et Mazel, et d’autre part faire toute la lumière sur la réunion de Compiègne du 6 avril où Nivelle a proposé sa démission, avant d’être conforté par Painlevé.
- La conclusion de la commission sur cette réunion est défavorable au gouvernement (notamment à travers le témoignage de Pétain), les discussions ayant créé confusion et ayant semé le doute au sommet de la hiérarchie militaire.
- Du 22 août au 4 octobre, douze séances permettent d’étudier précisément tous les aspects de l’offensive d’avril. Le rapport final, comparant les pertes aux offensives champenoises de 1915, mettant au profit de Nivelle le retrait allemand sur la ligne Hindenburg et totalisant ce qui a été pris aux Allemands, conclut : « En somme, la bataille de l’Aisne ne peut être assimilée à un échec militaire. » Les généraux ne sont pas vivement critiqués.
- Cependant la commission Brugère n’évoque pas le point essentiel : fallait-il poursuivre l’offensive ? Après remise du rapport, qu’il juge insuffisant, Painlevé demande des précisions. Mais la commission refuse, car cela impliquerait de convoquer les officiers subalternes. De plus, le gouvernement est renversé et la victoire de La Malmaison « gomme » en partie l’échec d’avril. On en reste donc là …
Source :
- Denis Rolland, « Ni responsables ni coupables : la Commission Brugère », in N. Offenstadt (dir.), op. cit., pages 249 à 252
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