dimanche 4 janvier 2009

K comme Kanaks

En 1915, le gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, Jules Repiquet, décide que le décret sur le recrutement des Tirailleurs sénégalais s’applique aussi aux Kanaks, les populations autochtones confinées depuis 60 ans dans des réserves et soumises au régime de l’indigénat. Les recrutements sont souvent violents, et une grande révolte éclate en 1917, réprimée férocement.
Ainsi se constitue le bataillon des Tirailleurs du Pacifique (comprenant 1 078 Kanaks), devenu Bataillon mixte du Pacifique après adjonction de soldats polynésiens. Ils ne forment pas une unité à part mais servent comme troupes supplétives : grenadiers, brancardiers, etc. Après quelques semaines de formation dans le sud de la France (Boulouris dans le Var), le BMP accompagne la 72e DI en Champagne

Ils sont à Cerny-en-Laonnois pendant l’été 1917 (6e Régiment d’Infanterie Coloniale), puis prennent part aux combats de la contre-offensive alliée de 1918, sur l’Ailette par exemple (418e RI). 382 Kanaks sont morts ou portés disparus (plus de 35% des engagés, soit le taux le plus fort des troupes indigènes françaises).

Leurs témoignages montrent une nette « volonté de se battre » (notamment par respect de la parole donnée, beaucoup de combattants appartenant à des clans proches des Français), une très grande foi chrétienne, un rapport très proche à la nature, mais aussi une incompréhension des formes que prend cette guerre.
Après guerre, ils sont ramenés en Nouvelle-Calédonie et l’indigénat « les fait retomber dans l’oubli ». Aucune revendication nationaliste ne s’ensuit, mais tous les anciens tirailleurs refusent la nationalité française lorsqu’elle leur est proposée, en 1925.


Source: Sylvette Boubin-Boyer, « Des Tirailleurs kanaks au Chemin des Dames », dans N. Offenstadt (dir.), op. cit., pages 244 à 248

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