mercredi 31 décembre 2008

V comme Vaudesson


(MAJ  septembre 2013)



- Village proche du calvaire de l’Ange gardien et de la RN2.
- 180 habitants

- Au moment de l’invasion allemande, un peu plus de 300 personnes vivent à Vaudesson, village, vivant de l’agriculture au creux d’un vallon ouvert sur le Nord. Ce n'est cependant que le 12, lors de leur repli, que les premiers uhlans investissent les lieux, pillant tout ce qu'ils trouvent.

- Vaudesson reste aux mains des Allemands jusqu’en octobre 1917 ; c’est une zone où ils concentrent leur artillerie, qui gêne beaucoup les Français lors de leurs offensives successives dans le secteur de Laffaux.
- Trois mille soldats stationnent dans le secteur du village, mettant à contribution la population : corvées, réquisitions, logement des officiers entre autres. Vaudesson dépend de la Kommandantur de Chavignon, subissant la rigueur administrative de l'occupant (couvre-feu, autorisations de déplacement, etc.)
- En février 1917, les autorités évacuent la population restante

- Vaudesson est repris lors de la bataille de La Malmaison, le 24 octobre ; les chars sont alors employés pour aider à l’avancée dans le ravin et les tranchées voisines.
- Capturé par les Allemands le 27 mai 1918 dès 8 heures, le village subit de nouveaux combats lors de la contre-offensive victorieuse française d’octobre.


- « Vaudesson, le PC du colonel Hume, avait été une ville, mais il ne restait plus rien qui ressemble à une construction et il n’y avait plus de cave. ‟C’était la ville la plus anéantie que j’aie jamais vueˮ, dit le capitaine Hyatt. ‟Il ne restait même plus un petit tas de pierres. Dans un an environ, quand l’herbe aura poussé, il sera impossible de dire que cette ville a existé. » (Harry Benwell, History of the Yankee Division, février 1918)
- Totalement en ruines en effet, Vaudesson a perdu l’ensemble de sa population ; celle-ci revient cependant lentement, entamant une reconstruction difficile (120 habitants en 1921, un peu plus de 200 dans les années 1930).




A lire : « Vivre à Vaudesson pendant la Grande Guerre », de Claude-Catherine Adam-Ragache, Lettre du Chemin des Dames n° 25 (dont les renseignements sur l'occupation sont issus)

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mardi 30 décembre 2008

S comme Saint-Mard

- Village de la rive gauche de l’Aisne, face à Soupir
- 120 habitants

- Repris par les Français de justesse en septembre 1914, Saint-Mard se trouve à proximité de la ligne de front, surtout après la prise de la poche de Vailly par les Allemands en 1915.

- Le front s’éloigne dès le 16 avril 1917, avec la progression française. L’aspirant Laby y passe avec le 249e RI, le 19, avant de franchir l’Aisne et d’aller à Chavonne.
- Mais Saint-Mard subit, comme beaucoup de villages de la zone, des dégâts importants au cours du repli allemand et du passage de l’Aisne par les alliés en 1918.

- La population de Saint-Mard passe d’environ 200 habitants en 1914 à 150 après guerre. Plusieurs maisons détruites doivent être reconstruites. L’église Saint-Médard, très endommagée, est classée aux Monuments historiques en 1920 puis restaurée.

dimanche 28 décembre 2008

B comme Bruand (Aristide)

(MAJ Février 2012)




- Soldat français
- Paris 1883 – La Ville-aux-Bois 1917

- Le fils du chansonnier Aristide Bruand (que l'on écrit aussi Bruant), qui porte le même prénom que son père, est militaire de carrière après de brillantes études à Saint-Cyr. Il est lui-même poète et membre de la Société des Gens de Lettres.


- Il combat sur plusieurs fronts (4 fois blessé) et devient capitaine du 2e bataillon du 89e RI qui arrive dans le bois de Beaumarais au début de 1917.

- Le 16 avril à 6 heures, il est à la tête de ses hommes dans la tranchée d’Anspach (nord de la ferme du Temple), avec objectif premier la Nationale 44. Mais, dès le début, la progression est rendue difficile par les mitrailleuses et les obus allemands ; l’arrivée des chars accentuent la réaction adverse. Le 89e enlève les premières lignes allemandes (tranchées de la Plaine, d’Enver Pacha) mais butte complètement sur la deuxième (tranchée et bois de l’Enclume).
- Le capitaine Aristide Bruand est tué au cours des combats (dans un premier temps, le JMO de son régiment l’annonce blessé).

- Le lendemain, 17 avril, « le capitaine Bruand est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur à compter du 1/4/1917. » (JMO 89e RI)

- Il repose aujourd’hui à la nécropole de Pontavert.



Fiche MPF

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D comme D 1044

(MAJ septembre 2011)



- Route nationale devenue départementale
- Elle relie Cambrai à Châlons-en-Champagne (1824) puis à Vitry-le-François (1952).
- 211 kilomètres

- Entre Laon et Reims, la D 1044 parcourt 47 kilomètres.

- De Corbeny jusqu’à Reims, la route est pratiquement parallèle au front de 1914-1917 (qui a varié, mais jamais de façon très nette dans ce secteur). Elle est alors le plus souvent côté français, marquant pour les soldats le début du réseau de tranchées (vers Cormicy par exemple) ou des combats (le Choléra).

- Fin 1914, on crée une chanson au sein du 39e RI qui séjourne dans le secteur de la ferme du Luxembourg et d’Hermonville :
http://www.blogger.com/img/blank.gifhttp://www.blogger.com/img/blank.gif
Aux Braves Poilus du 39ème
La Route 44

(Robert GUILLON)
Chanson originale : Sur les bords de la Riviera
http://www.youtube.com/watch?v=-eMx7Tpjs1I
http://www.musikiwi.com/paroles/gaby-montbreuse-bords,riviera,45494.html

« I
""...
Et qu' plein d'infortune
On bouff ' son cafard au fond de la Tranchée !
La pluie dégringole
On est bien vit' traversé
...

REFRAIN
Sur les bords d'la Route Quarant' quat'
On reçoit des obus dans les patt's
Et si vous montrez votr' citron
Vous risquez d' déguster un marron !
...

II
Mais y a Hermonville
Où l'on vient se retaper
Ca c'est un' bath ville
On y trouve de tout ... mêm' de quoi s'exciter
On se r' fait la fiole
L' port' monnaie s'trouve dégraissé
Quand on est mariole
...

III
Mais faut qu' ça finisse
Ca n' peut pas toujours durer,
Faudra que l'on puisse
Un jour ou l'autre, franchement avancer ...
...
Avec les grands honneurs du Canon
Plus d' tranchées, de boyaux, de mitraill', de gourbis
On aura retrouvé son Pays.
Adieu toujours,http://www.blogger.com/img/blank.gif
Misèr's de Luxembourg ! »



(Source :
http://www.vigneron-champagne.com/index.php/2006/11/11/109-armistice-remembrance-day-cauroy-les-hermonville-1917)



- Le 27 mai 1918, la Nationale est un axe essentiel pour l’attaque allemande qui souhaite atteindre l’Aisne au plus vite et encercler les troupes alliées du bois de Beaumarais et du plateau de Californie.



- Depuis la fin de la guerre, on trouve le long de la D 1044 le monument des chars d’assaut, près de Berry-au-Bac, des nécropoles française, allemande et britannique et des monuments individuels ou en l’honneur de diverses unités.


- Aujourd’hui, la D 1044 reste une route facilement franchissable, malgré la circulation importante ; elle traverse les villages du secteur et ne constitue donc pas une rupture, comme peut l’être sa « consœur » de l’ouest, la RN2. Cependant, un projet prévoit le passage en voie express d’ici à 2020 …

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samedi 27 décembre 2008

B comme Beaurieux

(MAJ   décembre 2013)



- Village situé sur la rive droite de l’Aisne, sur les premières pentes menant au plateau du Chemin des Dames
- 750 habitants

- Beaurieux compte 620 habitants en 1914 ; c’est un village dynamique, avec une gare mais aussi un médecin, un pharmacien, un percepteur, un vétérinaire, etc.

- Les combats arrivent à Beaurieux le 2 septembre 1914, précédés par le passage de civils venus du nord et de militaires en retraite. Un « petit engagement » sur le plateau de Jumigny causent des blessés à l'armée française, qui les fait soigner dans l'école de garçons de Beaurieux ; parmi eux, un sous-lieutenant arrageois du 1er escadron de train, Louis-Alexandre Hacard, qui meurt le soir même.
- Les Allemands arrivent le lendemain. « Comme dans bien d'autres villages, ces premiers ennemis avaient été pris pour des Anglais. » (M. de Sars) 
- Le maire est pris comme otage afin que le défilé dans les rues se déroule correctement, tandis que l'occupant procède à des réquisitions d'avoine et d'essence.

- Après la contre-offensive de la Marne, les chasseurs d'Afrique sont les premiers soldats français à entre dans Beaurieux, qui va dès la stabilisation du front devenir une base importante pour tout le secteur du Chemin des Dames (d'autant plus qu'il est situé sur la contre-pente donc relativement peu bombardé : des civils de Pontavert ou Craonnelle viennent même s'y réfugier).
- « Le village est très coquet et loin d’avoir souffert comme Craonnelle. Des incendies provoqués par des bombes ont détruit pas mal de maisons. Des obus ont fait des trous assez grands dans des murs, mais dans l’ensemble le village est conservé ; d’ailleurs pas mal de civils sont encore là, qui depuis le début continuent leurs travaux. » (Arnaud Pomiro, le 31 mai 1917)
- « La relève s’est faite sans être bombardée. Nous cantonnons dans Beaurieux, dans des maisons évacuées, bâtiments, caves. Le bourg de Beaurieux, situé en haut et sur le penchant nord-est de la vallée de l’Aisne, n’est pas démoli, mais il a subi des dégâts importants par les bombardements à longue portée. Il n’y a plus que le tiers des civils par comparaison d’avant-guerre. Un obus a cassé la flèche du clocher de l’église. Beau clocher, entièrement en pierres de taille, pas de charpente, tout est en pierres. Depuis les lignes la nuit, nous entendons sonner les cloches. » (Paul Clerfeuille cité par R. Cazals, le 15 mars 1918)

- La vie dans Beaurieux s'organise, au milieu des forces françaises (puis britanniques au printemps 1918). La 36e DI y séjourne longuement, des soldats au repos faisant fréquemment office d'instituteur de remplacement. La maison du colonel de Tugny devient hôpital
- En 1915-1916, les pentes à l'abri sont cultivées, la plaine partiellement.

- C’est un lieu bien connu des soldats, à qui qui un attribue un rôle-clé dans le plan d'offensive en avril 1917. « Nous traversons l’Aisne. Un morceau de plaine, puis la dure montée de Beaurieux. Le 6e bataillon [du 327e RI], qui y cantonne, nous regarde passer. Les pipes font sur le seuil des cantonnements des points rouges dans les groupes bleus. Quelques interjections de « pays » qui se reconnaissent au passage et animent la fin de la traversée du village en pente. » (Jacques Vendroux, La génération du feu, cité par J.F. Jagielski dans « 1918 – De guerre lasse » publié par le CG02, p. 47)
- On y installe un camp à destination des 327 prisonniers allemands faits après la prise de la Caverne du Dragon, le 25 juin 1917.


- Le 27 mai 1918, l'essentiel de la population a le temps de fuir vers Fismes avant l'arrivée des Allemands grâce à une évacuation bien menée par le maire (Neveux) et l'instituteur (Geiswiller). Environ 75 habitants restent prisonniers et – originalité – c'est une femme, veuve d'un officier français, Mme Gaiffe, que les Allemands choisissent pour faire office de maire.
- La population est évacuée en août, avant que les bombardements français de fin septembre provoquent cette fois de gros dégâts au bourg. Le 10 octobre, ce sont les Italiens qui libèrent définitivement Beaurieux.


- Les évacués et autres réfugiés reviennent à partir de février 1919. Il n'y a plus ni portes ni fenêtres, utilisées pour le feu par les Allemands. Tous les 10 jours un convoi de ravitaillement est organisé par la préfecture, avec l'aide de l'instituteur déjà cité et du cultivateur Léon Cadet. Finalemen,t un boulanger s'installe à Maizy, puis la poste est rétablie le 24 avril. Le premier conseil municipal d'après-guerre de Beaurieux a lieu le 29 juillet.
- Commune la moins détruite de la vallée, Beaurieux sert de centre à la reconstruction du secteur. Le village lui-même est aidé par Winnipeg (Canada) puisque l’Aisne est le lieu de naissance du père Marquette.

- La population de Beaurieux retrouve rapidement son niveau antérieur (667 habitants en 1921), mais l’exode rural la touche jusqu’à la deuxième guerre.
- Un cimetière français établi pendant le conflit est transféré dans la nécropole de Pontavert.



Source principale (en dehors des témoignages de combattants) : Maxime de Sars, Histoire de Beaurieux, 1936

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vendredi 26 décembre 2008

O comme Oeuilly

(MAJ août 2010)




(le cimetière d'Oeuilly fin août 2008)

(le cimetière d'Oeuilly mi-août 2010)




- Village situé sur la rive droite de l’Aisne, à proximité de la rivière sur la D 925
- 260 habitants

- En 1914, Oeuilly compte environ 230 habitants. Après la bataille de la Marne et les combats sur le Chemin des Dames en septembre-octobre, le village se trouve un peu en retrait du front, à l’abri relatif des bombardements allemands grâce à la pente.

- Oeuilly est donc une base arrière pour les Français, zone de repos ou point de départ des soldats.
- Pendant l’offensive Nivelle, on y installe un poste de secours.

- En 1918, Oeuilly connaît des combats brefs le 27 mai puis le 10 octobre et quelques semaines d’occupation allemande. Une fois le village reconstruit, la population – d’abord en légère baisse – augmente : près de 300 habitants en 1926.


- A la sortie du village, vers Bourg-et-Comin, un cimetière français regroupe 1 159 corps. Il est construit sur les premières pentes qui mènent au plateau du Chemin des Dames, tout en longueur sous les carrières de la Chaouia.
- L’histoire de cette nécropole est mouvementée : aménagée dès avril 1917 près de l’ambulance n°4 du 12e Corps d’armée, elle contient des corps de la VIe Armée de Mangin puis des troupes qui se succèdent dans la zone, surtout pendant la meurtrière bataille des Observatoires, mais aussi quelques sépultures allemandes. En avril 1918, il y a plus de 2 000 tombes dans le cimetière.
- Dans les années qui suivent la guerre, après transfert des Allemands vers Cerny et rapatriement des corps des familles le demandant, le nombre diminue considérablement et le cimetière est réaménagé.

- Après des années de dégradation (croix abîmées, plaques illisibles ou absentes, etc.), et ce malgré les efforts des employés en charge des lieux, le Secrétariat d’Etat aux Anciens combattants décide en 2009 d’une rénovation complète du cimetière (déjà bien avancée en août 2010).




- A noter que le cimetière accueille un des rares monuments régimentaires construits pendant la guerre encore présents dans la région, celui érigé par le 1er bataillon du 163e RI en l’honneur des 58 combattants morts en août 1917 dans le secteur de Cerny-Troyon.




- Le Quinconce des croix, poème de Dieudonné GRANCIER (cimetière d’Oeuilly, 17 février 1918)

Combien sont-ils ? Plus de deux mille
Au cimetière du coteau ;
Toutes leurs croix, en longues files,
Sont alignées au cordeau.
Du même noir, de même taille,
Pas de dernier, pas de premier ;
Mais ces croix-là, chaque bataille
En étend toujours le damier.
De très loin leur troupe s’annonce,
Mettant le regard en éveil
Par son ordonnance en quinconce
Sous le ciel bleu, dans le soleil.
Deux mille noms, deux mille drames
Dans ces tombeaux bien ratissés ;
Au trop fameux « Chemin-des-Dames »
C’est le tribut des trépassés.
Deux mille morts ! Bien petit nombre !
Bien petit nombre en comptant ceux
Descendus déjà dans cette ombre
Depuis tant de mois désastreux !
Deux mille morts à fleur de l’âge,
Dans ces champs seront les moissons ;
Plus de froment, aucun herbage,
N’y reverdiront aux saisons.


Source : Lettre du Chemin des Dames n°13, page 7




A consulter à propos du cimetière : Lettre du Chemin des Dames n°14

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mercredi 24 décembre 2008

M comme Masson (André)

- Peintre français
- Balagny-sur-Thérain (Oise) 1896 – Paris 1987

- Après une enfance en Belgique, il s’installe à Paris en 1912.
- Engagé volontaire dans l’infanterie, André Masson connaît plusieurs champs de bataille.

- Il combat au Chemin des Dames en avril 1917 et y est grièvement blessé, d’une balle à la poitrine.

- Après 1918, il devient peintre (influence cubiste) et rejoint le mouvement surréaliste après 1923. Ses œuvres reflète les horreurs vécues et il garde en lui une haine de la guerre et du bellicisme : « Je n’ai pas réussi à me désintoxiquer. Le film est là : on m’enterrera avec ! »

samedi 20 décembre 2008

C comme CARD

- Comité américain pour les régions dévastées

- Au moment de l’entrée en guerre des Etats-Unis, Anne Morgan (fille du banquier JP Morgan) et Anne Murray Dike créent le CARD grâce aux fonds privés qu’elle collecte. En juin 1917, elles et un groupe de femmes américaines viennent en France et s’installent à Blérancourt, dans des baraquements provisoires au cœur du château (qu’Anne Morgan rachète en 1919). Pendant 7 ans, elles parcourent la Picardie, apportant ravitaillement, premiers soins et aide à la reconstruction dans les villages détruits ; l’œuvre du CARD se centre aussi sur l’éducation, notamment par l’aménagement de bibliothèques, et sur la formation : cours de bricolage, de jardinage aux enfants, etc.

- L’action du CARD est surtout importante dans l’Ouest du département de l’Aisne et de la zone du Chemin des Dames (Soissons, Anizy-le-Château, Monampteuil, etc.)

- Le CARD est dissous le 1er avril 1924. Le château de Blérancourt devient un musée. Anne Morgan et Anne Murray Dike reçoivent la croix d’officier de la légion d’honneur des mains du général Pétain.

C comme Chevregny

- Village de la rive droite de l’Ailette, au pied du mont Bossu et près du bassin de Monampteuil
- 200 habitants

- En 1914, Chevregny a une population d’environ 460 habitants.
- Le village est possession allemande de septembre 1914 à septembre 1918.
- Il subit des bombardements intenses pendant plusieurs mois en 1917, notamment à l’été (bataille des Observatoires, l’Epine de Chevregny en particulier) et à l’automne (bataille de la Malmaison) ; le repli allemand est à nouveau une occasion de souffrances.

- Chevregny est par conséquent totalement détruit (170 maisons). En 1922, 44% de la surface du village est classée en zone rouge. La population chute considérablement : il y a moins de 200 habitants au recensement de 1921, puis près de 300 en 1926.
- Le département de la Loire adopte la commune dans le cadre de la reconstruction, mais celle-ci est lente et difficile. La mairie-école est achevée en 1925, après des retards dans les travaux, avec une aide de la Tunisie. L’église romane Saint-Médard, qui avait la réputation d’être une des plus belles de la région, est anéantie ; la nouvelle est inaugurée en 1931.


- NB : on y trouve aujourd’hui le Musée départemental de l’Ecole publique.

vendredi 19 décembre 2008

C comme Cerny-en-Laonnois



- Village aujourd’hui situé sur le Chemin des Dames lui-même
- 60 habitants

- En 1914, Cerny compte près de 200 habitants et une cinquantaine de bâtiments. Le village est situé un peu en contrebas du Chemin des Dames, sur le versant nord, tandis qu’une sucrerie occupe le haut du plateau. C’est un village très ancien (lieu de naissance supposé de Saint-Rémi), situé près d’un carrefour stratégique, qui a déjà connu des combats en 1814.


- Cerny est très proche de la ligne de front, côté allemand de septembre 1914 à mai 1917, puis exactement sur la ligne de front. La sucrerie proche du village sert de poste de surveillance aux Allemands, avant sa destruction complète.

- Dès le 16 avril 1917, les troupes françaises (153e DI) parviennent dans le secteur de cette sucrerie; la résistance allemande y est féroce. Les combats s’y poursuivent, pendant de longues semaines.


- Cerny-en-Laonnois n’existe plus après la guerre. Seuls 3 habitants sont comptabilisés au recensement de 1921 ; le chiffre remonte autour de la soixantaine après la reconstruction.
- Pour celle-ci, Cerny est adopté par le Puy-de-Dôme en 1920. 53% de sa superficie est classée en Zone Rouge ; une décision préfectorale de 1924 décide de reconstruire le village, plus petit, à quelques hectomètres de l’emplacement original. Seul le cimetière, peu détruit, est maintenu à son emplacement premier.




- Cerny-en-Laonnois est dès après la guerre un lieu de mémoire central pour le Chemin des Dames ; en 1930, par exemple, le président Herriot visite le cimetière militaire.


- Une chapelle œcuménique pour toute la zone, prévue dès les années 30, est inaugurée en 1951, plus limitée que sur les plans précédents.
Face à la chapelle, une lanterne des morts (années 60) maintient le souvenir de la génération tombée au Chemin des Dames, elle aussi bien plus modeste que celles de Lorette ou Douaumont …
« De ce qui précède, il faut assurément conclure à une mémorialisation lente, étriquée et limité, constamment réduite, symptôme des tensions inhérentes aux discours sur l’événement “Chemin des Dames”. » (N. Offenstadt)

- Très proche de la chapelle, on trouve aussi, côte-à-côte, deux nécropoles, une française et une allemande. La première, aménagée de 1919 à 1925 puis rénovée en 1972, comprend 5 150 corps (54 Russes aussi), dont 2 386 en ossuaire. La deuxième compte 7 526 morts, dont près de 4 000 en ossuaire, venus d’une centaine de petits cimetières allemands du Chemin des Dames ; il est aussi rénové en 1972 (installation de croix en pierre).

- Enfin, la Colonne des Britanniques rend hommage aux premiers combattants du Chemin des Dames, en septembre 1914, qui partirent à l’assaut de la sucrerie, et dont la plupart sont enterrés à Vendresse, en contrebas.

- « Cet ensemble, situé à un carrefour routier, semble aujourd’hui un peu étrange par son manque évident d’aménagement et d’organisation, par l’absence de liens entre les monuments qui s’y trouvent […] et de lien, aussi, avec la plaque, peu visible, rappelant plus loin la sucrerie de Cerny, lieu si éprouvant pour les combattants. La mémoire semble ici figée dans un temps difficilement identifiable où le présent du visiteur ne domine pas. » (N. Offenstadt)




- Aujourd’hui, rien n’est fait pour mettre en valeur le site originel de Cerny-en-Laonnois. Les restes sont perdus, en contrebas, dans la végétation, et un petit chemin non indiqué et difficile d’emprunt les dessert. 90 ans après la fin de la guerre, les blocages liés à la « non victoire » du Chemin des Dames sont-ils encore trop forts ? L’exemple de Craonne montre ce que l’on peut faire tout en respectant la mémoire des lieux et des hommes.
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mercredi 17 décembre 2008

C comme Cormicy

(MAJ décembre 2011)



- Village du département de la Marne, proche de Berry-au-Bac et de la D 1044
- 1 200 habitants

- En 1911, Cormicy est déjà un bourg de 1200 âmes. Après la contre-offensive de la Marne, le village est repris par les Français mais reste proche du front, base arrière idéale pour les états-majors et les batteries d’artillerie.

- Fin mars 1917, Cormicy est – encore – un lieu relativement agréable, qui a assez peu souffert de la guerre. « Au pied de la cote [186], le village de Cormicy, près duquel nos hommes continuent leurs travaux, montre ses maisons dont beaucoup sont ou paraissent intactes. […] Les rues de Cormicy sont très animées. Croirait-on que l’ennemi est là, au fond de la plaine ? Mais le secteur est réputé calme. On peut s’y promener fort tranquillement. Combien durera encore la sécurité ? Une coopérative est établie au coin de la rue en face de la gare ou plutôt des vestiges de la gare. Ses clients font la queue. De l’autre côté de la rue un factionnaire se tient près de la guérite. Dans une maison voisine, un piano résonne gaiement. »
- Cependant, progressivement que la tension monte, « le secteur réputé si tranquille commence à se réveiller. Les avions boches viennent souvent rôder au-dessus de nos lignes ; l’animation décroît dans le village à proportion des obus qui y arrivent. »
- Les combats proches de fin avril et de début mai ne font qu’empirer les choses : « Le pays est de plus en plus bouleversé et défiguré. […] C’est lamentable. Le village n’est plus que ruines, cependant les caves sont habitées car elles résistent en général aux projectiles de moyen calibre. »
(toutes les citations sont de Félix Fonsagrive, En batterie !)


- Des combats très brefs mais intenses opposent Allemands et Britanniques à Cormicy le 27 mai 1918, ces derniers ne pouvant s’y maintenir, attaqués à la fois au nord et à l’est. Ce n’est que fin septembre que les lieux redeviennent français – et plus paisibles.

- Très peu d’habitants rentrent après l’armistice ; au recensement de 1921, Cormicy ne compte que 707 habitants (et ce chiffre remonte péniblement au-dessus de 900 habitants avant la deuxième guerre).



- A proximité de Cormicy, au lieu-dit « La Maison bleue », sur la D 1044, face à une usine bien peu esthétique dans un tel lieu, une nécropole française rassemble 14 406 corps de la première guerre (10 de la seconde), dont 6 945 en ossuaire. Créée pendant le conflit, elle reçoit ensuite dans les années 20 et 30 des corps de soldats enterrés dans des cimetières de la vallée de la Vesle.

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D comme Duhamel (Georges)

(MAJ  mai 2012)



- « J’ai bien regardé l’autoclave monstrueux sur son trône. Je vous le dis, en vérité la civilisation n’est pas dans cet objet, pas plus que dans les pinces brillantes dont se servait le chirurgien. La civilisation n’est pas dans toute cette pacotille terrible ; et, si elle n’est pas dans le cœur de l’homme, eh bien ! elle n’est nulle part. »


- Ecrivain français
- Paris 1884 – Valmondois (Val d’Oise) 1966

- Etudiant en médecine et passionné par la vie artistique, Georges Duhamel est réformé pour raisons médicales mais choisit néanmoins de s’engager, devenant commandant d’ambulances chirurgicales pendant le conflit.
- « Il faut que je vous explique ce que c’est qu’une A.C.A. Dans l’argot de la guerre, cela signifie une « autochir », autrement dit, ce qu’on a inventé de plus perfectionné comme ambulance. C’est le comble de la science, comme les canons de 400 sur voie ferrée ; ça suit des armées avec moteurs, machines à vapeur, microscopes, laboratoires, tout un outillage d’hôpital moderne. C’est le premier grand atelier de réparation que l’homme blessé rencontre au sortir de l’atelier de trituration et de destruction qui fonctionne à l’extrême avant. On apporte là les pièces les plus abîmées de la machine militaire. »


- Les 4 et 5 mai 1917, Duhamel est autour de Laffaux (« dans un secteur de combat, une position comme le moulin de Laffaux, c’est une épine au fond d’une plaie : ça entretient l’inflammation ») lors de la reprise de l’offensive Nivelle.
- Il soigne des hommes du 1er corps colonial et des cuirassiers à pied (sans doute des 4e, 9e et 11e régiments) : « Les plus beaux hommes de France avaient touché terre par centaines, et ils attendaient là, comme des statues brisées dont les restes sont encore de belles choses. »


- De son expérience il écrit deux livres, Vie des martyrs et Civilisation, prix Goncourt en 1918 (dont les citations présentes ici sont issues). Revenu à la vie civile, il décide de se consacrer entièrement à sa carrière littéraire.

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mardi 16 décembre 2008

C comme Courcy

- Village du département de la Marne situé à 10 km au NO de Reims à proximité du canal Aisne-Marne, près de l’aérodrome
- 1 400 habitants

- Le village compte environ 1 000 habitants en 1914. C’est un lieu assez dynamique d’un point de vue économique : depuis 1878, une verrerie et sa cité sont implantées de l’autre côté du canal, à proximité de la gare du chemin de fer Laon-Reims.

- Dès le 4 septembre 1914, Courcy est en possession des Allemands, très près de la ligne de front. Le maire, Gacoin, et l’instituteur sont pris comme otages.

- En 1917, le village est à l’extrémité Est de l’offensive, avant la zone « passive » de Reims : il est repris par la 1ère brigade russe dès les premières heures de l’offensive Nivelle, mais les combats sont acharnés pendant plusieurs semaines.
- Le 4 mai, on essaie de prendre le canal et la verrerie, mais c’est un nouvel échec.
- Le front se stabilise jusqu’en mai 1918 sur le canal et la voie ferrée.

- Entièrement détruit, Courcy est reconstruit grâce notamment à son futur maire, Givelet, le directeur de la verrerie avant 1914, qui obtient que le village ne soit pas classé en Zone rouge. La population s’effondre (558 habitants en 1921) avant de remonter à son niveau d’avant-guerre.
- La verrerie est reconstruite, avant de fermer en 1933.

lundi 15 décembre 2008

L comme Lundi

Le 16 avril 1917 est un lundi.

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L comme Ligne de front

- Le 16 avril 1917, à 6 heures du matin, la ligne de front concernée par l’offensive Nivelle s’étend sur environ 60 kilomètres (90 si l’on prend en compte l’offensive des monts de Champagne du 17 avril)


- La ligne de front commence un peu au Nord-Est de Coucy-le-Château, passe près de Quincy-Basse, traverse le canal de l’Aisne à l’Oise puis longe Vauxaillon (qui se trouve côté français) et Laffaux (côté allemand cette fois-ci).
- Elle franchit la Nationale 2 et descend vers l’Aisne par le château de la Quincy et Chivres-Val, en laissant dans le camp français Vregny.

- Les Allemands possèdent une tête de pont de quelques kilomètres carrés sur la rive gauche de l’Aisne, parcourues de tranchées et appuyée sur les villages marquant la transition entre la vallée et les premières pentes (Condé, Celles, Vailly). Le front traverse donc l’Aisne quelques hectomètres à l’est de Missy puis la Vesle près de Chassemy avant de longer les flancs du Bois Morin.

- Après avoir repassé le canal latéral près de Vailly, la ligne suit la rivière, traversée entre Chavonne (allemand) et Soupir (français) au Mont Sapin.
- Le front traverse le canal de l’Aisne à l’Oise près de Moussy, à la ferme du Metz ; il coupe en deux le Mont de Beaulne (le sommet côté allemand), passe par le village du même nom et par Chivy.

- Pour la première fois il monte sur le plateau du Chemin des Dames près de Cerny, longe le vallon de Troyon puis le haut du plateau vers le Poteau d’Ailles et jusqu’à Hurtebise côté Vallée Foulon (mais les Français ne sont jamais positionnés sur le Chemin des Dames lui-même).

- Les plateaux de l’Est d’Hurtebise sont contrôlés par les Allemands, tandis que le front redescend vers Craonnelle (aux Français), Craonne et Chevreux (aux Allemands), passant par l’emplacement actuel du village. Il se courbe vers la ferme du Temple et le Bois-des-Buttes, au Nord-Est de Pontavert, traverse la Miette, la ferme du Choléra puis l’Aisne et la confluence du canal de l’Aisne à la Marne et du canal latéral quelques mètres à l’Est de Berry-au-Bac.

- Le canal de l’Aisne à la Marne marque ensuite la limite entre les zones allemande et française : la côte 108, Loivre, les monts Sapigneul, Spin et de Brimont sont dans la première, Courcy dans la deuxième.

- Ensuite, le front (inactif en 1917) contourne Reims, notamment par l’actuel aéroport, jusqu’au Fort de la Pompelle et à la ferme des Marquises. Rectiligne, il longe le versant Sud des Monts de Champagne, où l’on se bat férocement dès le 17 avril.

dimanche 14 décembre 2008

B comme Barbusse (Henri)

- Ecrivain français
- Asnières 1873 – Moscou 1935

- Issu d’une famille protestante d’origine cévenole, Henri Barbusse se fait vite remarquer dans le milieu littéraire et journalistique parisien et publie ses premiers écrits dès 1895.

- En 1914, il s’engage comme volontaire dans l’infanterie puis comme brancardier ; il est réformé après 22 mois. En janvier 1915, avec le 231e RI, il participe à la bataille de Crouy (qui devient vite « l’affaire de Soissons », tel le désastre est grand pour l’armée française).
- En 1916, à Soissons, il écrit Le Feu, influencé par cet épisode, qui paraît en feuilleton dans la revue L’Œuvre. Publié en 1916, le livre obtient immédiatement le prix Goncourt et un grand succès populaire.
- Il fonde l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants) en 1917 avec ses amis, Paul Vaillant-Couturier, Georges Bruyère et Raymond Lefèbvre.

- Après la guerre, il fonde le mouvement et la revue Clarté, qui défend un monde plus juste et sans guerre, soutenu par de nombreux intellectuels. Il adhère au parti communiste en 1923.


- « Ces hommes qui avaient été tenaillés par la fatigue, fouettés par la pluie, bouleversés par toute une nuit de tonnerre entrevoyaient à quel point la guerre, aussi hideuse au moral qu’au physique, non seulement viole le bon sens, avilit les grandes idées, commande tous les crimes, mais ils se rappelaient combien elle avaient développé en eux et autour d’eux tous les mauvais instincts sans en excepter un seul : la méchanceté jusqu’au sadisme, l’égoïsme jusqu’à la férocité, le besoin de jouir jusqu’à la folie. »
(in Le Feu)

C comme Condé-sur-Suippe

- Village situé à la confluence de l’Aisne et de la Suippe
- 250 habitants

- Sur le territoire de la commune se trouvait l’oppidum gallo-romain de Variscourt, dit du « Vieux Reims ».

- En 1914, le village compte un peu plus de 200 habitants.

- Condé-sur-Suippe se trouve sous contrôle allemand pendant toute la durée de la guerre, à quelques kilomètres du front. Celui-ci se rapproche encore un peu après la poussée sur Berry-au-Bac et le Choléra consécutive à l’offensive Nivelle.
- C’est un des objectifs de la 42e DI le 16 avril 1917 ; certains hommes seraient parvenus aux abords du village, sans pouvoir s’y maintenir.
- Guynemer y remporte deux victoires, les 25 et 26 mai 1917.

- Condé-sur-Suippe souffre du repli allemand et de la contre-offensive française de septembre 1918.

- Cependant, la population augmente : 270 habitants au recensement de 1921.

A comme Aisne (riv.)


Près de Condé, l'Aisne respire aujourd'hui la tranquillité ...



- Rivière, affluent de l’Oise (qu’elle rejoint à la hauteur de Compiègne)
- Environ 350 km
- Elle prend sa source dans l’Argonne, à Sommaisne.
- La rivière est navigable en aval de Condé-sur-Aisne ; en amont, elle est doublée d’un canal latéral.

- L’Aisne donne son nom à la bataille qui s’engage le 16 avril 1917, l’expression « Chemin des Dames » n’étant presque pas employée dans un premier temps (voir l’article « Nommer la bataille »).

- Début avril 1917, après le retrait allemand sur la ligne Hindenburg, les Français contrôlent tout le cours de l’Aisne en aval de Berry-au-Bac, à l’exception de quelques kilomètres dans la zone de Vailly-Condé.
- Tous les ponts ont été détruits en 1914, et le Génie a aménagé des passerelles diverses, en fer, en bois, ou flottant sur des tonneaux ou des péniches.
- « La faible importance stratégique de la rivière, peu large, aux nombreux gués, conduit les belligérants à tenter de tenir les hauteurs qui la dominent, plutôt que les rives. Cette présence de l’ennemi en surplomb est ce qui rend son franchissement risqué, et en fait plus une épreuve qu’un obstacle en 1917, sous le feu des bombardements. »

- « Inversement, pour les blessés et les survivants, franchir l’Aisne dans l’autre sens, c’est sortir de l’enfer. Le passage de la rivière, première étape sur le chemin du repos ou de l’évacuation, est alors le signe tangible qu’on s’éloigne enfin du Chemin des Dames. »

(Les citations sont d’André Loez, « Franchir l’Aisne en 1917 » dans N. Offenstadt (dir.) Le Chemin des Dames, pages 433/434)


L'Aisne près de Maizy

vendredi 12 décembre 2008

C comme Colligis - Crandelain

(MAJ  décembre 2013)




- Villages fusionnés en une seule commune de la rive droite de l’Ailette, près du lac de l’Ailette.
- 150 habitants

- Avant 1914, les villages de Colligis et de Crandelain-et-Malval (distants d’environ un kilomètre) forment deux communes séparées. Ils sont assez prospères, grâce à la vigne – malgré le déclin de celle-ci – et aux carrières. Chaque village compte environ 150 habitants quand la guerre éclate.

- « La riante vallée de l'Ailette était en pleine moisson lorsque le tocsin appela les hommes à quitter leurs paisibles travaux pour courir au secours de la France attaquée. Ils partirent calmes et résolus, les femmes et les vieux achevèrent la moisson, attendant des nouvelles qui se faisaient de plus en plus rares. »
- Les Allemands arrivent après avoir surpris un convoi d’artillerie sur le plateau de Montbérault. La population est alors réfugiée dans les carrières qui servent de protection depuis toujours aux locaux, sauf Mme de Laminière, « digne petite-fille du vicomte de Cerny, le carabinier de l’Empire ».
- A peine rentrés chez eux, les habitants de Crandelain sont évacués vers Barenton-Bugny. Les hommes de Colligis partent aussi, vers Laon (ils rentrent en 1915), tandis que les femmes sont employées dans le lazaret installé dans la mairie. Le quartier général allemand prend possession du château.
- Les conditions de l’occupation sont assez strictes : la population a par exemple interdiction de sortir du village (le maire, Montaudon, est exclu de son poste par la kommandantur car jugé trop indépendant).

- Mars 1917 : la population restante à Colligis est évacuée vers Liesse puis la Belgique. La carrière tutélaire est encore davantage mise en ordre de bataille : « De nombreux prisonniers russes furent employés à consolider les voûtes, à élever de nouveaux piliers aux endroits faibles, à élargir certaines galeries ; l’entrée du souterrain fut aveuglée en deux endroits par des boucliers de ciment posés en chicane, tandis qu’une voie d’accès de vingt mètres, taillée dans le banc de pierre en plan incliné et recouvert d’un escalier de bois, était ouvert au nord vers le ravin de Lierval ; deux groupes électrogènes furent installés pour fournir la lumière. Vingt mille hommes, disaient-ils, étaient massés dans la carrière. » (M. de Sars)

- Les villages subissent des bombardements intenses en vue de l’offensive Nivelle. Le front se rapproche encore d’eux après le repli allemand sur l’Ailette à l’automne, mais il devient peu actif jusqu’en mai 1918. Les deux villages sont libérés le 10 octobre 1918.

- Après la guerre, Crandelain (plus touché que son voisin) est voué à la disparition : plus de 40% de son territoire est classé en Zone rouge en 1922. Mais l’acharnement des habitants permet la reconstruction partielle du village, avec le soutien de la ville d’Haguenau et du Puy-de-Dôme notamment. La très belle église Saint-Martin de Crandelain, en grande partie détruite par les bombardements de 1917, est classée aux Monuments Historiques et elle aussi reconstruite. Seuls 30 personnes sont revenues au recensement de 1921 (50 dix ans plus tard).
- Colligis est rebâti (les travaux s’étalent dans les deux cas jusqu’au début des années 1930) selon un plan qui reprend la disposition des bâtiments avant la guerre (l’église Saint-Nicolas est déplacée); il ne reste de cette époque que la porte d’entrée du cimetière et la fontaine située sur la place du village. La population est de 85 habitants en 1921, 130 en 1931.
- Bien que fusionnés en une seule commune en 1923, Crandelain et Colligis sont donc toujours physiquement séparés.



Sources principales :
- Maxime de Sars et Lucien Broche, La commune de Colligis-Crandelain, 1934
- Inès Guérin – Base Mérimée



- Les carrières de Colligis (au nord du village, dans le Bois retondu) sont classées aux Monuments Historiques. On y trouve des traces rupestres faites à différentes époques : carriers depuis le XVIe siècle, réfugiés des villages en 1814 ou 1870, et surtout soldats allemands entre 1917 et 1918.

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